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 same old blues / saul

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MessageSujet: same old blues / saul   same old blues / saul EmptyDim 16 Avr - 22:12

Les préparatifs avaient débutés dès les premiers rayons de soleil. A l’image d’un rituel, chacun se préparait pour l’expédition du jour. Les sacs à dos étaient remplis du nécessaire puis solidement accrochés aux épaules. Une file d’attente s’était formée devant les portes de l’armurerie, là où chacun se voyait attribué une arme blanche ainsi qu’une arme à feu. Chaque prêt avait été soigneusement noté et enregistré. On confiait les armes comme on faisait un prêt bancaire. Une heure était rapidement passée et l’équipe s’activait pour se rassembler devant le portail. Ils étaient en tout huit, composé quatre duo. Randy avait confié la répartition des duos à Saul pour qu’il associe les amateurs avec les plus expérimenté. La mission d’aujourd’hui avait été présenté comme une simple routine, l’occasion pour les nouveaux de se faire un peu la patte sans prendre trop de risque. Lee voulait un rapport sur l’état des quartiers sud de la ville et faire un peu de nettoyage au passage. Avec un peu de chance, les lieux pourraient sûrement être repris et le camp agrandi.

Randy s’attardait sur une nouvelle recrue qui semblait avoir pris un peu trop au pied de la lettre les règles qu’on lui avait donné. Il réajusta son sac qui était en train de l’étouffer et surtout il lui fit ranger son arme à sa ceinture. « Je vois que tu as pris très au sérieux ce que t’as dit Saul. Ne jamais quitter son arme, hein ? Je comprends, moi aussi j’aurais pas envie de contrarier un mec qui a réussi à survivre avec une jambe en bois. Sauf que si tu continues à tenir ton arme comme ça tu vas te tirer dans le pied au moindre sursaut. » Il conclut avec lui par une rude tape sur l’épaule qui se voulait encourageant. Le chef en profita aussi pour rappeler à tous qu’il ne fallait tirer qu’en cas d’extrême nécessité. Dans un endroit confiné comme la ville, un coup de feu se résonnerait des kilomètres à la ronde et ne ferait que les mettre plus en danger.  « Ok les gars, restez accroché à votre radio. On s’en tient à ce qui a été dit, la routine habituelle. Je veux voir tout le monde rentrer pour prendre son gouter. » Il ne voulait retrouver personne à l’infirmerie et il voulait encore moins enterrer quelqu’un avant la tombée de la nuit. Ca semblait si simple. Pourtant un rien pouvait transformer cette journée en cauchemar.

Après un dernier bouclage, l’ordre d’ouvrir la porte est enfin donné. « Les dames d’abord. » Randy hocha la tête en direction de l’extérieur, invitant Saul -son partenaire du jour à ouvrir la marche. Il emboita ses pas sans attendre. Il ne put s’empêcher de jeter des coups d’oeil par-dessus son épaule jusqu’à ne plus voir les duos qui s’étaient éparpillés derrière eux. « Tu m’as jamais dit ce que tu pensais de ça. » Les deux hommes s’étaient avancé sur l’avenue principale du quartier, zigzaguant entre les voitures abandonnées en plein milieu de la route. De temps en temps il jugeait bon d’ouvrir le coffre de lui d’entre-elle, plus par curiosité que pour chercher quelque chose de précis. « Si on remet un peu en ordre les rues… Une simple extension des murs suffirait pour disposer de nouveaux lieux. » Si lui semblait convaincue en regardant tout autour de lui, désignant là et là des bâtiments pouvant facilement être réaménagés, il était moins certain de l’avis de Saul. « T’as juste… Dis oui et tu t’es exécuté aussitôt. Pas que j’aurais préféré que tu dises non, c’est juste que je sais pas le fond de ta pensée. » Et ce n’était pas la première fois que son ami s’exécutait sans le contredire. Peut-être étaient-ils vraiment en symbiose, mais ça menait parfois Randy aux doutes. Il n’était pas son supérieur militaire à qu’il fallait dire amen à tout. L’homme se faisait surement des idées, mais il avait profité du moment pour lancer le sujet. « Putain, je vais devenir la femme de ce couple si je continue. »


Dernière édition par Randy Lee le Lun 17 Avr - 23:20, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: same old blues / saul   same old blues / saul EmptyLun 17 Avr - 23:16

Aux premières heures de la matinée, ils s’étaient réunis tels une armée de spectre. Passant devant les Hommes à l’allure hagarde, Saul attrapa brièvement son sac au sol, pliant avec difficulté la jambe droite pendant que Randy se sentait l’humeur joueuse et astiquait un gamin aux joues plus rouges que le pommeau de son couteau. La réflexion le fit sourire, il se retint d’effrayer plus encore l’enfant qui semblait déjà avoir du mal à s’en tenir à un militaire. Couteau à la ceinture et fusil à l’épaule, comme le restant du groupe, Saul parcourut les rangs approximatifs des nouvelles recrues, accoutrées comme de braves petits soldats. Il énonça les noms et les groupes d’un ton sec, froid, fidèle à une réputation qu’il n’avait pas envie de voir tarir dès le premier jour : « Luke, t’es avec Johnson. Garde le à l’œil et ne nous le traumatisme pas comme les autres sinon j’te fous au trou pendant une semaine. Cassandre, tu vas suivre Fitz. Gab, avec Ellis. » Conclut-il en jetant une main au-dessus de son épaule comme pour se débarrasser de la tâche. Il s’approcha alors de Lee qu’il salua d’un haussement de sourcil en désignant vaguement le troupeau d’un ton las. « Ils sont tout à toi. »

Après les évènements compliqués des dernières semaines, Saul était content de retrouver un peu de silence et d’apaisement à l’extérieur, loin de ces murs qui les tenaient prisonniers du reste du monde. La vie avait repris un cours normal, du moins, c’est ce qu’il lui semblait depuis que les rixes s’étaient apaisées ; mais la tension était toujours palpable, présente, dans ces regards à la dérobée qu’il pouvait sentir, et les sueurs froides dans son cou, à cette pensée fugace et pourtant bien réel, qu’ils avaient fini par se faire quelques ennemis dangereux. Saul observa Randy donner les dernières indications à la troupe, précisant de ne tirer qu’en cas de dernière nécessité et de garder une main sur sa radio en tout temps. Le chef du campement n’avait pas l’air plus inquiet que nécessaire et cette pensée sembla rassurer Vasarely sur le moment. Les apparences étaient sans doute trompeuses, mais lorsque Saul ne savait plus à quel dieu se vouer, il lui restait encore Lee et ses quelques encouragements bien placés. Ce dernier acheva son discours en faisant signe aux miliciens d’ouvrir la large porte, et jetant un sourire au commentaire de son ami, Saul s’engouffra vers l’extérieur le premier, fusil levé.

L’avenue principale était silencieuse. Vide. Ils progressaient à pas feutrés, s’éloignant progressivement des autres duos. A sa gauche, Saul voyait Lee jeter des coups d’œil furtif au-dessus de son épaule. Il fronça les sourcils. « Qu’est ce qui t’arrive ? » Tu m’as jamais dit ce que tu pensais de ça. La question et ce qui suivit sembla étonner Saul qui s’interrompit dans sa marche. Une opinion… Il lui demandait son opinion. Le lieutenant haussa brutalement les épaules, pris au dépourvu. Il lui sembla qu’il avait toujours suivi les ordres de Randy à la lettre, sans jamais vouloir le remettre en question ou adresser son jugement. Pourquoi en aurait-il besoin. De toute la troupe de bras cassés qui naviguaient dans le campement, Randy était le seul qui pourrait les mener à un semblant de stabilité, dans un monde éperdument en mouvement. Saul en était persuadé et il n’avait jamais eu de raisons de remettre en cause cette pensée. « Réajuste tes bas, capitaine, y’a ton collant qui se flétri. » Ricana-t-il en se remettant en route, lorsque Lee recommença à faire de l’humour. Parfois, ce dernier ouvrait parfois le coffre d’une voiture abandonnée, habitude ou précaution, Saul ne serait dire. Réfléchissant à la question de son ami, il jeta un coup d’œil autour d’eux. Il avait connu cette ville comme sa poche et pourtant tout lui semblait si différent. La nature avait regagné ses droits autour de la plupart des bâtisses et les feuilles mortes de plusieurs saisons s’entassaient au sol. « J’sais pas Randy, c’est… » Commença Saul à demi-mot. « C’est juste que… » Il hésita. Un grognement s’échappa de sa gorge. « Logistiquement, je n’y vois pas d’inconvénient. On pourrait établir cette cantine dont on avait déjà parlé ou en profiter pour étendre l’infirmerie, comme ça Morales arrêterait de râler. » Railla t-il. « Mais… » Son regard se leva vers Randy. Ce n’était pas une remise en cause. Pas une insubordination. Il baissa son arme, désignant les alentours d’un vague mouvement de bras. « …beaucoup ont perdu leurs familles ici. » Beaucoup d’entre nous, pensa Saul, dont les propres parents devaient se balader quelque part dans les alentours, bras ballants et bave au menton. Cette pensée lui arracha un frisson. Il s’arrêta en plein milieu de la route, à découvert. « Je suis pas certain qu’un nettoyage profiterait au moral des troupes en ce moment. » Avança-t-il prudemment, sans rentrer dans les détails.
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MessageSujet: Re: same old blues / saul   same old blues / saul EmptyMar 18 Avr - 2:25

Pris d’un réflexe idiot, Randy avait baissé son regard pour y voir des collants qu’il ne portait pourtant pas. Ça n’avait duré qu’une fraction de seconde avant qu’il ne se rende compte sa connerie mais il était certain que ça n’avait pas échappé à Saul. Il aurait bien éclaté de rire si seulement ça ne risquait de ramener du monde indésirable. Il se contenta d’un rire étouffé. Soudainement, les deux amis avaient seize ans à nouveau. Un âge auquel il serait volontairement revenu si la fin du monde ne pesait pas à chaque instant sur leurs épaules. Le silence revient rapidement, rappeler par leurs responsabilités et par cette question lancée quelques instants plus tôt. C’est peut-être la première fois qu’il demande à Saul son ressenti. Pas qu’à l’habitude il s’en moquait. Il se savait sur la même longueur d’onde avec son ami. Mais le temps manquait pour ce genre de chose. Il fallait souvent réfléchir et agir en même temps. Et si une erreur était faite, il était souvent trop tard. Il s’était alors arrêté pour l’écouter, comprendre le fond de penser. Et comme d’habitude, il y avait l’aspect logique, théorique et l’aspect humain, réel. Ils avaient rapidement appris à considérer les deux comme un tout et non à part. Plus de place mais un morale bas n’amenait à rien. Cependant, il avait du mal à concevoir que chaque mort soit relié à quelqu’un du camp, et si encore c’était le cas, tous ne seront pas amenés à les rencontrer. Ça n’empêchait pas à Randy de comprendre, ne serait-ce que pour le passif du mécano.

[Luke pour Lee, tu reçois ?]

Le grésillement de la radio empêcha Lee de répondre quoique ce soit. Le sujet fut aussitôt reporter pour se concentrer sur qui-pouvait-bien appeler. « Fort et clair. Qu’est-ce qui se passe gamin ? » Le doigt appuyé sur sa radio accroché à son épaule, le chef attendait nerveusement une réponse. Sa main sur son arme, il était prêt à détaler au moindre besoin pour les joindre. [John--on il--] Randy maudit la radio qui avait étouffé la suite de la phrase qui laissait présager le pire. Son ton monta. « Quoi Johnson ? Luke je t’ai pas reçu. » Silence radio. Les deux hommes se regardaient dans une attente interminable. [Je cr-- qu’il s’est foulé la cheville. --va rentrer.] Le brun relâcha son arme et leva les yeux au ciel dans un râle de soulagement. Malgré la piètre qualité de transmission, il avait pu comprendre le nécessaire et ça avait suffi à lui faire descendre sa tension. « Bien reçu. Faites gaffe. Terminé. Il relâcha son doigt de la radio. Foutus  gamins… » Il soupira à nouveau alors qu’il raccrochait son arme à sa ceinture. C’était raté pour éviter l’infirmerie. Ils n’en finiront décidément jamais. C’est finalement avec le sourire qu’il se refait la scène et qu’un sourire apparaît sur ses lèvres. « Tu vas quand même l’envoyer au trou pour ça ? »

Randy s’avança de quelques pas, l’œil toujours intéressé par les voitures qu’il contournait. Il imaginait mal tomber sur une atèle dans l’une d'entre elle mais c’était devenu le nouveau graal de cette mission. « Fuck ! » L’injure lui avait échappé, surement un peu trop fort. Il s’était reculé brusquement d’une portière, l’air contrarié plaqué sur le visage d’un homme à qui on avait fait une mauvaise blague. La mauvaise blague, encore vivante tapait mollement contre la vitre. La mâchoire béante, le zombie tentait de mordre dans la vitre ce qui faisait un bruit pour le moins désagréable. Randy s’était bêtement laissé surprendre. « Saul ! » Il l’interpella son ami bien que celui-ci est déjà dû s’approcher pour se foutre de lui. « Aide-moi au lieu de rire. » Il lui fit signe d’ouvrir la portière pendant qu’il sortait son couteau. Il n’avait même pas besoin de lui expliquer le plan. Ils l’avaient déjà tellement de fois. Surement trop de fois même. Les deux soldats en place, Randy n’eut encore moins besoin de faire un compte à rebours. La porte s’ouvrit, le rôdeur s’écrasa par terre et le couteau se planta dans son crâne. Ça leur avait peut-être pris trois secondes. « Il a du se réveiller en entendant la radio. » Et ce n’était surement pas le seul, ce qui sous-entendait qu’ils devaient faire plus attention.

Il avait essuyé sa lame sur la banquette de la voiture avant de la ranger. Quelques pas en arrière, il était resté quelques secondes le regard accroché que le corps dont on ne voyait pas le visage. Ce qui faisait forcément écho à leur première conversation qui avait été interrompu. « Et si on les enterrait ? » Randy avait l’air plus que sérieux en lançant cette soudaine idée. « Enfin non… Je suis con. Incinéré quoi. On est pas obligé de faire ça comme des bouchers. Je sais pas ce que ça fait de voir ses proches avec une face pareil mais… Mais je crois que je me porterais mieux en les sachant mort et enterré. » Il était conscient du travail supplémentaire que ça demandait. Et que que ça serait loin d’être facile pour les résidents de regarder des rangés de cadavre pourrit dans l’espoir d’y voir un proche. Tous n’était pas concerné ceci dit. Puis on ne pourra pas accuser le conseil d’agir sans coeur cette fois. « Non pas mort et enterré du coup, mais c’était pour l’expression. T’as compris. Merde. » Les cendres pouvaient surement être enterré elle mais ils n’étaient pas certain qu’ils aient les moyens et les ressources nécessaires.
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MessageSujet: Re: same old blues / saul   same old blues / saul EmptyMer 19 Avr - 2:50

En le regardant faire le zouave, Saul comprit que son étonnement avait tout à voir avec la rareté des questions de Randy. Lee n’était pas le genre de mec à lui soumettre le moindre décret, pour la moindre broutille, préférant expulser ses doutes dans la prise de décision directe, et Saul lui en était souvent reconnaissant. Il portait déjà sur ses épaules le poids d’une responsabilité imposée, par son ami et pour son ami, d’un titre qu’il aurait sans doute répugné à la moindre occasion s’il n’avait été accepté par respect, par camaraderie et par sens du devoir. Il y avait, dans le fin fond de la carcasse complexe de Vasarely, un profond dégoût du commandement qu’il devait à son sens strict des termes de sa propre liberté. Pourquoi vouloir imposer aux autres ce qu’il avait toujours combattu dans sa vie. Même si aux éclats de ses propres sursauts de conscience, il opposait la rigueur d’un service militaire qu’il l’avait sans doute affirmé, il se nourrissait de ce paradoxe et ce dernier se nourrissait de lui. Saul était capable de danser d’un pied ou l’autre de la balance, et même si la gerbe lui montait souvent à la gorge, il avait vu assez des deux côtés de la clôture ou décréter l’entre-deux une bien plus satisfaisante position.

Le crépitement de la radio interrompit Lee qui allait s’y remettre, l’hilarité passée, et Saul tendit malgré lui ses deux oreilles difficiles. Le retour du talkie semblait aussi obscur à Randy et il ne s’inquiéta donc pas d’en saisir moins de vingt pourcents. Le contenu du message, lui, sembla déjà bien plus inquiétant, ce qui ne tarde pas à mettre son chef de mission sur les nerfs. « On n’est pas parti depuis longtemps, il n’a pas dû leur arriver grand-chose. » Mentit Saul pour tenter de rassurer Lee dont les petits bonds fébriles l’empêchaient d’entendre le reste de la communication. Tous les deux savaient que dans l’état du monde actuel, le moindre incident pouvait dégénérer plus vite qu’escompté. Et qu’ils avaient définitivement besoin d’assurer leurs arrières après le grand fracas des deux dernières semaines. Finalement, depuis l’autre bout de la radio, l’annonce tomba et Saul siffla entre ses dents. Plus énervé que rassuré, sans doute, par l’issu de cette histoire. La question de Lee lui arracha un sourire tandis qu’il railla en reprenant la route : « Qui ça, Johnson ? Même quand j’en ai pas l’intention, il trouve toujours un truc à dire ou à faire pour me faire exploser. Maintenant j’ai même plus besoin de lui dire, il trouve la porte tout seul. » Et en désignant le talkie que Randy venait glisser à sa ceinture. « Et c’est quoi ces radios pourris ? On pensait en emprunter cinq ou six la semaine prochaine pour aller explorer l’ouest, mais vu la qualité du machin, autant communiquer avec des porte-voix. »

Cela faisait plusieurs mois que Saul n’avait pas pris le temps d’observer la partie abandonnée de cette ville qui avait été sienne pendant bien longtemps, s’enfuyant généralement le plus vite possible dans les bois environs en cas d’une éventuelle sortie. Il n’aimait pas ce qu’il voyait. L’avenue était pavée de véhicules laissés à l’abandon, de coffres à demi-éventrés et de cadavres criblés de balle, probablement faits de la petite armée dont Lee avait fait partie, au tout début de l’épidémie. Ce dernier se fit surprendre par le fracas non-délicat d’un baveux sur la vitre, et le cri qui s’échappa de sa bouche ne tarda pas à faire monter l’hilarité dans celle de Vasarely. « C’est ton plus grand fan Randy, tu ne le reconnais pas ? » Obéissant sagement à l’injonction de l’ami, Saul vient se positionner à droite de la portière, et voyant Lee se préparer, la tira d’un coup sec. Un coup de couteau bien placé plus tard, et il se pencha dans le cockpit pour en inspecter la boîte à gant. Celle-ci lui résista. Dans un grognement, Saul tira sa jambe morte à lui et entreprit de se glisser sur le siège conducteur, après avoir consciencieusement viré le baveux de son passage. A l’extérieur, Randy faisait marcher sa cervelle et sa langue, et Saul ricana à la blague, sortant de sa ceinture un petit poignard afin de faire sauter la boite à gant verrouillée. « Ouai, les brûler ça me parait pas mal. » Lança-t-il un peu froidement, un peu machinalement. Depuis le début de l’épidémie, il avait appris à voir les baveux comme des cigarettes, histoire de ne pas faire flamber avec eux les semblants de sanité qu’il lui restait. « Pourquoi pas les aligner dans le centre-ville, avant. Pour les familles, tu vois. Pour qu’il puisse dire au revoir. C’est notre ville, après tout. Nos citoyens. Je suppose. » Il n’avait jamais aimé cet endroit, pas plus que ces habitants. Mais à la pensée de brûler ses parents dans l’anonymat, Saul se sentait pris de remords.

« Bingo. » La boite à gant finit par céder. A l’intérieur, un paquet de cartes éparpillés et le restant de quelques cigarettes. « Pratt aussi. » Ajouta subitement Saul. « On devrait les laisser l’enterrer. » Il savait qu’il avait touché une corde sensible, une corde qu’il regretterait sans doute plus tard. Vasarely releva la tête vers Randy et lui sourit. Lee savait qu’il n’était pas son ennemi. Ni qu’il ne chercherait, jamais, à le contredire ou à agir en insubordonné. Comme preuve de sa fidélité, il y aurait pour toujours cette arme, levée au niveau du crâne du condamné. Et ce coup de feu, fatal, mortel, qui avait scellé son destin.

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MessageSujet: Re: same old blues / saul   same old blues / saul EmptyVen 21 Avr - 1:49

Le chef était resté planté là, entre la portière ouverte, le cadavre gisant par terre et le popotin remuant de Saul. Il écoutait son ami, le regard porté sur un point fixe sans importance. Il s'en veut, un peu, de l'avoir poussé à des réponses quand ce dernier préférait agir plus que réfléchir. Randy avait tendance à oublier qu'il mettait beaucoup de poids sur les épaules d'un homme qui ne tenait que sur une jambe. Il n'avait jamais entendu Vasarely se plaindre et encore moins lui en vouloir. Son sourire, un de ceux qui étaient offert à de rare personne, suffit à taire ses doutes. Il serait toujours à ses côtés, qu'importe à quel point Lee lui en demandait. Aussi égocentrique que ça pouvait paraître, ça faisait du bien de s'en assurer de temps en temps. Il approuve son idée d'un « Ouais. » convaincu, l'idée semblait être la meilleure façon de clore cette histoire. Ils la soumettraient au plus vite au Conseil pour qu'enfin, tous puissent tourner la page. Afin que demain peut-être soit un nouveau jour. « Aller, tirons-nous de là. Johnson nous a refilé du taff avec sa connerie. » Lee lui tendit sa main pour l'aider à sortir sa carcasse de la voiture. Il s'assura  qu'il tienne sur ses deux pieds avant de cogner son épaule du frappe amicale. Il espérait ne jamais avoir à brûler Saul. Sa prothèse dégagerait une odeur de plastique brûlé et Randy avait horreur de cette odeur.

Les fans rôdaient toujours. Par chance, ils étaient toujours en petit nombre ce qui avait permis aux deux hommes de s'en débarrasser sans grand problème. Ce n'était jamais une partie de plaisir. Randy s'efforçait de ne pas prendre l'habitude malgré le nombre faramineux de tête éclatés. Ils avaient vu suffisamment d'homme prendre ça pour un jeu pour en connaître les conséquences. Après quelques péripéties, ils atteignirent une zone plus dégagée, laissant place à plus de répit. Randy s'était pris à observer les lieux avec plus d'attention, imaginant ce que pourrait devenir le quartier une fois nettoyé et sécurisé. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas pris un marteau et une scie pour construire plutôt que pour exploser des crânes. « Saul ! » Lee s'était brusquement arrêté, alerte devant la façade d'une prétendue boutique. Il s'élança aussitôt à l'intérieur, oubliant même toutes les mesures de sécurités qu'il prenait habituellement. Une chose qu'il se permettait que lorsqu'une vie était en danger. Plongé dans la pénombre du bâtiment qui dégageait quelques bruits de pagaille, Randy finit par réapparaître avec son butin. « J'y crois pas, il est tout neuf en plus. » Il brandissait un sac de golf aussi fièrement qu'un gosse qui venait de trouver une console de jeux fonctionnel en plein apocalypse. On pourrait croire qu'avec sa quarantaine passée, le golf était devenu pour lui un sport plus raisonnable que le football ou le baseball. Pourtant il en était rien, cette passion remontait à ses années de pubertés quand, plein d'arrogance, il volait deux clubs à la collection de son père et grimpait sur les toits. Il embarquait Saul, alors plus jeune, moins confiant mais tout aussi téméraire, dans ce rituel de délinquant. Armé d'un stock de balles récupérées ici et là, le but était simple : emmerder toute la ville. Depuis les toits, les balles étaient balancées sans aucune technique. Juste beaucoup de force et une direction aléatoire selon le voisin à faire chier.

Il n'avait qu'à enjamber le petit muret pour sortir du bâtiment via la vitre brisée. Sur le trottoir, il avait plongé son nez dans le sac pour mieux examiner son contenu. « Est-ce que je t'ai dit comment mon père m'avait couru après dans toute la maison quand il a su pour nos conneries ? S'il s'était pas cassé la gueule dans les escaliers, je suis sûr qu'il se serait fait une joie de me fracasser le crâne avec l'un de ses clubs. » Il en balança un à Saul pour qu'il voit de lui-même. C'était aussi un appel. Lee avait ce rictus, celui des gosses bourré de malice, qui ne pouvait décidément pas échapper à son ami. Après tout, avaient-ils pris un jour la peine de se défaire de leur responsabilité pour ne serait-ce que se détendre ? L'occasion semblait trop parfaite pour se défouler, se venger de ce monde qui touchait à sa fin. « Ils devaient vendre des trucs de sport, il doit forcément y avoir des balles dans tout ce foutoir. » C'était sans attendre l'approbation du conseil qu'il se plongea à nouveau dans la boutique à la recherche d'un stock de balles. Il n'eut pas à chercher bien loin, devinant aisément le rayon consacré au golf, bien que dévasté. « Tu sais quoi ? Ca a vraiment pas l'air d'une mauvaise idée. Avec tout le fracas que ça va faire, les machins vont sortir de leur cachette pour se diriger vers le bruit. En plus de les éloigner des murs, ça nous permettrait de vider un peu le quartier. » Dans un grognement un peu rouillé, il s'abaissa pour ramasser une balle de golf qu'il lança en direction de Saul, beuglant sans pré-avis. « Réflexe partenaire ! »
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MessageSujet: Re: same old blues / saul   same old blues / saul EmptySam 29 Avr - 19:33

La main tendue de Lee émergea depuis l’extérieur et Saul l’attrapa pour s’extirper de la carcasse du véhicule, non sans effort de gymnastique. Vasarely s’attendait à ce que Randy riposte, parade, sans doute, autour de l’idée de ces morts allongés sur la place publique. Saul s’y était attendu. Mais une frappe amicale et un commentaire à l’égard de Johnson plus tard, et Lee reprenait son chemin sans plus de discussion. Peut-être voudrait il soumettre les détails au conseil. Peut-être souhaitait il simplement apaiser les tensions des dernières semaines. Peut-être encore se rappelait-il que Vasarely avait encore des parents, quelque part, errant les bras ballants et la bouche pleine de crasse. Ou simplement, peut-être que Lee avait déjà assez donné avec toute cette histoire.

S’efforçant de le suivre de quelques pas, en faisant le moins de bruit possible, Saul rangea rapidement son fusil pour se saisir de son poignard à la ceinture. La rouille commençait à ronger la lame, qui aurait bien eu besoin d’un nettoyage de printemps ; mais le rythme effréné avec lequel ils descendaient généralement les baveux ne lui permettait jamais de terminer la journée avec un instrument lavé et sec. A petits coups vifs, tranchant, le poignard pénètre les têtes, ratisse les cerveaux ; et avec eux le sien, qui commençaient depuis plusieurs mois à imprimer l’automatisme du geste. Saul ne réfléchissait plus. Ou plutôt, si, il avait loisir à penser tout en attrapant les cous, les têtes, entre ses mains moites pour venir les écraser contre la lame de l’arme. Le suivant et on recommence. Entre ses lèvres, Saul sifflote. Ce n’est pas par arrogance, mais par habitude. Quelques notes de blues, qui s’élève en même temps que la poussière, dans les rues qu’ils traversent avec les mains pleines de sang.

Son nom résonna soudain. Aussi brusquement qu’il avait sursauté, le lieutenant se retourna d’un bloc pour voir Randy décamper dans une direction inconnue. Lancée à sa suite, il se trouva bien vite distancée par la forme physique de l’homme tandis que sa jambe droite traînait péniblement au sol. « RANDY ! » Rugit Saul, dont le niveau de panique commençait à atteindre quelques sommets inespérés. Il clopina jusqu’à la vitre, s’attendant au pire, lorsque la tête de Lee surgit des néants de la boutique. Ce dernier balançait ce qui semblait être un cabas de golf au-dessus de sa tête. Saul s’arrêta net et souffla, rassuré. Mais quel con. Quel gros con. Et quel fonctionnaire. « Je sais qu’on n’a plus de sergent-chef à qui répondre depuis longtemps, mais on a des procédures, et pour rappel, elles sont signées de ta main. » Une des premières englobant sans doute la communication au sein de l’équipe ? Saul rangea son poignard en scrutant les clubs de golf que Lee affichait d’un air ravi. Lorsque ce dernier évoqua le souvenir de leurs parties sauvages sur les toits des immeubles, il ne put s’empêcher de sourire. « T’avais déjà la tête dure à l’époque. » Railla Saul en se rappelant le père Lee. Un grand et gros gaillard pas forcément sympathique mais pas bien méchant non plus. L’exact opposé de son paternel, Salomone Varsarely, qui n’avait été un figurant de sa propre vie paisible, silencieuse et humiliante. « J’aimais bien ton père. » Lâcha Saul au passé sans s’en apercevoir. « Il avait vraiment compris sur qui frapper. » Et sans avoir le temps d’accompagner la phrase d’un geste – une tape discrète sur la tête d’un Randy agenouillé, tête dans le sac – Lee repartit aussi vite à l’intérieur du magasin dévasté. « Randy, putain, sors toi de là. » Râla Saul en regardant autour d’eux, histoire de vérifier qu’aucun danger imminent ne mettrait en péril l’accomplissement d’un caprice passager.

Randy lui balança sans prévenir la petite balle dure. Bien que maladroitement, Saul l’attrapa en vol, continuant avec son enthousiaste légendaire : « Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. » Il pensait à Johnson, et sa cheville cassée à dix minutes du départ, à tous ces gosses qu’ils avaient perdu parce qu’ils avaient pris le nettoyage pour un jeu. Pour un loisir, dénué de danger. Vasarely regarda autour de lui. La rue était silencieuse, dégagée. Ils avaient plusieurs possibilités de refuges au cas où l’affaire tourne mal. Ce n’était même pas certain que le bruit alerterait plus de rodeurs. Il regarda Randy et se saisit brutalement d’un des clubs. « Oh et puis merde. » Non sans une certaine disgrâce, Saul monta sur le capot de la voiture la plus proche. Il y déposa son fusil et son sac avant de faire un saut sur le toit. Vu parfaite et dégagé. Avec un air concentré faux, pour faire rire Randy, il posa sa main sur son front en faisant mine d’observer le paysage. Déposant la balle à ses pieds, il fit pivoter son corps, balançant ses bras. Une fois, deux fois pour rien. A la troisième, il swingua le club et heurta la petite balle dure qui alla s’élever à plusieurs mètres dans les airs. Celle-ci heurta un pan de bâtiment, sans casser quoi que ce soit. Coup manqué pour Vasarely. « Fais-moi voir si t’as perdu la main depuis tout ce temps. » Lança t-il à Lee en l’invitant à prendre place à ses côtés.

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MessageSujet: Re: same old blues / saul   same old blues / saul EmptyJeu 4 Mai - 0:51

Il lui arracha le club des mains et le sourire de Randy s’élargit de plus belle. Fier d’avoir gagné mais aussi fier d’être toujours la seule personne qui réussissait à venir à bout de ses grognements incessant. Une qualité qu’il avait appris en même temps que son ami apprenait à marcher avec une jambe en moins. Il avait encaissé la douleur avec lui puis s’était adapté. Une chose qu’il avait toujours considéré normale à l’instant où il tenait plus à Saul qu’à son propre frère. « Je pensais t’avoir perdu pendant un instant. » Lance-t-il faussement apeuré, faisant écho au temps où les deux hommes ne se posaient jamais la question de savoir si leurs conneries étaient stupides ou insensées. Il prit alors un peu de recul pour admirer son swing, attendant avec impatience où il verrait la balle décoller. « Eeeeeeet… Il suivit la balle du regard, ou du moins sa direction, avant d’entendre le bruit décevant de son échec. Nope. » Le conseiller ne peut s’empêcher de rire, plus amusé que réellement moqueur. Il n’attendit pas son invitation pour grimper sur la voiture qui grince sous leur deux poids. « Ce que t’as pas encore compris boy, c'est que même après toutes ces années j’te mettrais toujours une raclée. » Muni d’un autre club précieusement choisi, il commença son petit rituel pour garder la balle stable et pour se trouver une bonne position. Il frappa d’un coup franc et souple puis garda la position de son lancer jusqu’à entendre le fracas d’une vitre brisée. Il transforma sa mine concentrée  en sourire de vainqueur alors qu’il se retournait vers le militaire. Tu vois qu’il dit avec les yeux avant de laisser de nouveau la place à Saul pour qu’il puisse retenter son coup.

[Les gars -- vous avez entendu ?]

La radio faisait encore des siennes sur l’épaule du chef. Malgré le ton inquiet de l’interlocuteur, Lee se promit de faire un rappel sur l’importance des procédures de communication à la radio. Il gaverait plus d’un mais tant qu’ils en étaient pas pleinement capable, il refusait d’abandonner. Après s’en être plaint à demi-mot, il finit par répondre d’un ton innocent. « Affirmatif. Ça semblait loin. Contentez-vous de votre secteur. Bien reçu ? » Il ne put finalement s’empêcher un sourire lorsqu’il regarda en direction de Saul qui s’apprêtait à de nouveau frapper dans une balle. Ils restèrent immobiles dans l’attente d’une réponse. Le temps se fait presque long jusqu’à ce qu’un banal [OK.] grésille brièvement. « C’est pas possible. Je vais les obliger à parler avec les procédures de communication pendant trois jours pour qu’ils comprennent. C’est ce qu’avait fait mon chef de brigade ma première année. Ce salaud ajoutait une journée à chaque fois que l’un de nous l’oubliait. » Lee s’en souvenait comme si c’était hier, racontant ça à la fois avec une certain rancœur et nostalgie. Lui aussi avait été le sous-fifre rebelle et hargneux de quelqu’un, de plusieurs personnes même et ce pendant des années. Il y avait néanmoins une différence entre un jeune soldat engagé  et une jeune milicien paumé. La détermination.

Chacun leur tour ils échangeaient leur place pour vider le petit carton de balle récupéré. Surement trop effrayé par les bruits inexpliqués, tous les duos avaient fini par rentrer au camp. Les deux militaires s’étaient offert un extra. Seuls dans les quartiers environnement, il était plus facile de se défouler. Personne ne les surprendrait dans ce moment de relâche. Ça avait du bon de transgresser les règles par moment, surtout quand ils étaient ceux à les imposer. Un plaisir coupable dont Lee se vantait silencieusement. « J’ai l’épaule en coton et voilà que je joue au golf comme un môme de quinze ans. J’envoie au trou le premier qui me tape l’épaule pour me dire bonjour demain. » Il grimaçait à chaque fois qu’il balançait ses bras en demi-cercle mais la satisfaction d’entendre la balle s’écraser une dizaine de mètre plus loin lui faisait oublier rapidement la douleur. « Ça te dis de parier ? Qui de Morales ou Sykes me tombera la première dessus pour pas l’avoir écouté ? » Randy donnait peu de chance à Judith mais le simple fait de mettre en concurrence les deux femmes l’amuse. Il sait pertinemment qu’il n’y avait que Primrose pour les engueuler comme deux gosses désobéissant. « J’ai appris pour sa mère, d’ailleurs. Triste histoire.  Comment elle va ? Elle m'en veut pour cette histoire de convocation ? » Pas vraiment délicat de ramener ça à lui alors qu'il prenait de ses nouvelles et qu'en ce moment, elle devait peut-être en vouloir à la terre entière pour ce qui était arrivé à sa mère. Pourtant il sait qu'il n'obtiendra cette information que du militaire, alors il tentait le coup, l'air détaché.
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MessageSujet: Re: same old blues / saul   same old blues / saul EmptyMar 9 Mai - 2:55

Sourire narquois au bout des lèvres, Randy l’observait swinguer le club, non sans une certaine fierté et allégresse. Il le connaissait bien. Peut-être même trop, pensa Saul en ratant son tir, qui alla s’écraser quelque part dans le néant. Lee avait toujours été un très bon juge de caractère, la preuve de leur amitié toujours féconde malgré les années et ce caractère de merde qui ne lui passait pas avec l’âge – contrairement à tout ce qu’on avait affirmé, des années plus tôt. Rien n’échappait au chef de mission, et surtout pas Vasarely. Entre Randy et Primrose, Saul se sentait parfois dévoilé, nu, à ne pas pouvoir dissimuler les quelques mystères de son caractère. Une inquiétante réalité, qui finirait sans doute par lui jouer quelques tours, sinon le pousser à la colère, aux éclats, ou une de ces réactions innées, terribles, qu’ils devineraient sans doute avec quelques tours d’avance. Calmerait aussitôt la bête déchainée. Car il ne suffisait que d’une ironie jetée à la gueule de Morales pour que celle-ci ne décrète l’état d’urgence. Et il ne suffisait que d’un club de golf à Randy pour faire ressurgir de vieux souvenirs enfouis. Campé sur ses deux jambes, le plus naturellement du monde, Saul pensa à l’ado facétieux que Randy avait été, et à la carrière rangée et presque impeccable qui avait suivi. L’armée avait fait pour eux quelques merveilles, songea Vasarely en regardant Lee lever le club au-dessus de sa tête. Ils n’avaient jamais aimé l’école, les rangs, les classes. L’uniforme avait été un fantasme pour l’un, une porte de sortie pour l’autre. Rejetant le système et les règles, ils s’y étaient conformés pour des inspirations, des ambitions parfois. Des rêves de porte-avions, d’un grade brillant au torse. Chacun y avait connu sa déception. Une vie de bureaucrate. Une jambe en moins.

La radio de Randy se remit à grésiller les inquiétudes du reste des groupes. Saul haussa les épaules en se préparant à tirer son prochain coup, sous les râles de Lee. « Ce sont des civils, laisse-leur du temps. » Minauda-t-il dans l’instant, plutôt laxiste pour un mec qui n’hésitait à mettre au trou n’importe quel habitant en pleine infraction du règlement. La mention d’un chef de bridage fit sourire Saul qui se rappela ses propres hommes irritables dès qu’on leur mentionnait le protocole. « Mes gars piaillaient des bruits d’oiseaux à la fin des communications. Notre sergent s’appelait Birdy. Quand il a entendu ça par hasard sur le canal général, j’ai pris une mise à pied de trois jours. J’peux te dire qu’il y a des clés à molette qui ont volé. » Il tira le coup suivant. La balle traversa la vitre d’une bagnole. Dans un petit cri victorieux, Saul s’écarta pour laisser Randy manœuvrer son bras en l’air. La grimace de ce dernier lui rappela sa propre pommette, encore rougis par l’impact du poing et des révolutions dernières. « Force pas trop papi. » Railla-t-il pendant que Lee se tenait au muscle, le club toujours en main. Ce n’était probablement pas conseillé de forcer sur le membre, comme lui-même le mentionna d’un sourire malicieux, mais Saul n’était pas le plus à même de s’y opposer. Randy lui avait laissé faire plus d’une extravagance, et avec une jambe en moins. La mention du pari suffit à arracher un sourire à Saul, le menton posé sur ses deux mains en équilibre, tenant le club de golf. « Morales. » Lança t-il sans une once d’hésitation. « Si je dois choisir quelqu’un pour aller te botter le cul, toujours Morales. » Saul n’était pas sans ignorer la très bonne relation qui unissait son ami d’enfance avec son médecin, mais peu enclin à siffler le sous-tendu à Randy, il se tut. Lee aborderait bien le sujet si l’envie lui plaisait, quoi que Saul n’aurait pas aimé le voir entrer dans les détails : une gêne sans doute née de son passif avec Primrose.

Saul allait prendre sa placer pour frapper, lorsqu’il manqua d’échapper le club, et la balle, et un soupir contrarié. Comment elle va ? La simple mention de Sykes suffit à assombrir son visage. Se reprenant immédiatement, sous couvert d’une tête baissée vers la balle à ses pieds, Vasarely renifla. « Ça va. » Dit-il un peu rapidement. Un peu stupidement. Il grogna avant de se corriger, machinalement. « Ça va prendre du temps. Mais ça va aller. Elle est solide. » Il avait confiance en son instinct de survie, et dans les efforts qu’elle mettrait à oublier sa colère, sa culpabilité, et le reste, à retrouver un semblant de normal et d’équilibre, dans son petit monde à la dérive. Sykes et ses doigts tendres. En serrant les siens autour du manche, il pouvait sentir sa prise autour du cou d’Aspen Sykes, et la lame fin du couteau s’enfoncer dans les chairs tendres. Saul frappa brutalement, d’un geste maladroit, la balle suivante qui ne fit que dégringoler le long de la carcasse de la voiture. Dans un juron énervé, il se saisit de la suivante, passant le tour de Randy et se prépara de nouveau à tirer. « Et je ne pense pas qu’elle t’en veuille. Tu lui as bien foutu les jetons, par contre. » Ricana Saul, en extrapolant ses propres ressentis sur la convocation de dernière minute de Lee. « Je t’avais conseillé de la rencontrer parce que c’était une chouette gosse. T’étais peut-être pas obligé de lui faire une démonstration de force. » Le coup suivant parti, bien plus vite que le dernier. Saul suivit la balle des yeux, mais avant même de la voir atterrir, se tourna vers Randy. Un sourire. Il le laissa prendre sa place, avant de s’assoir sur le bord du toit de la voiture, ouvrant son sac pour aller chercher sa bouteille d’eau. « C’est Johnson qui continue à me poser problème en ce moment. » Lança-t-il pour changer de sujet. Il avala une gorgée avant de continuer. « Si tu me retrouves avec une balle dans le crâne, au moins, tu seras qui c’est. » Railla Saul, tout en pensant qu’il devrait peut-être commencer à s’inquiéter de cette situation.


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MessageSujet: Re: same old blues / saul   same old blues / saul EmptyDim 14 Mai - 1:03

Le changement de mimique de Saul à l’évocation du nom de Judith ainsi que du triste sort de sa mère n’échappa pas à Randy. Il imaginait difficilement le militaire peiné par cette mort. Il se doutait néanmoins que l’état de Judith devait l’affecter, même du peu qu’il pouvait en montrer. Le brun avait lâché un léger rire lorsqu’il assura qu’elle était forte. Il approuva d’un hochement de tête et d’un regard qui disait je te le fais pas dire. Il avait rencontré le spécimen. Il s’était attendu à une gamine docile qu’il aurait pu facilement plier à son autorité. A la place, il s’était buté à une enfant indépendante, un peu naïve, un brin arrogante mais avec beaucoup d’optimisme. A l’instant où elle avait refermé la porte, Randy se souvient avoir envié ses pensées idéalistes. Avant de se rappeler que la moitié du camp voulait sa tête sur un pique en haut des remparts. Il fut donc surpris d’apprendre qu’elle avait eu les jetons. Il considéra un moment la chose avant d’hausser les épaules sans grande importance. Tant qu’elle se souvenait de ce qu’il lui avait dit. Choisir son camp, c’était ça survivre.

Lee observa un moment son ami sans prêter attention au tir qu’il venait de faire. Sa remarque ne sonnait pas comme un reproche mais il ne put s’empêcher de justifier sa convocation. « Je voulais savoir si elle était digne de confiance. » Il garda pour lui l’idée que même un grand gaillard comme Saul pouvait bêtement tomber dans le jeu d’une gamine de vingt ans. Surtout avec un si joli minois. Il prit sa place alors qu’il se retirait de la partie, s’accordant les dernières balles qui restait à leur disposition. Il retint son souffle avant de frapper la balle, le regard fixé sur l’horizon. « Pratt était aussi un chouette gosse. Ça m’a empêché de te donner l’ordre de tirer. » Et toi de tirer. Une conclusion silencieuse qui fut remplacé par le bruit du club qui fendit l’air subitement. Il espérait ne pas avoir à donner le même ordre contre Judith. Il n’y croyait pas vraiment. Malheureusement, Pratt avait prouvé que le danger était là où on s’y attendait le moins. Il n’entendit jamais sa balle atterrir. Dans un soupir râleur, il recommença son rituel de golfeur amateur.  « J’ai jamais été doué avec les gosses, c’est pas nouveau. Agathe m’appellerait déjà tonton si c’était le cas. Au lieu de ça, elle préfère Morrison. Ses yeux ciblent l’immeuble droit devant lui, ses bras s’élèvent une nouvelle fois au-dessus de sa tête. Tout le monde préfère Morrison. » Et d’un coup presque rageur il envoya sa dernière balle à des mètres plus loin. Il entend à nouveau Morales lui dire à quel point c’était malsain d’être jaloux de son chien. Ca suffit à le faire rire de lui-même. Il ne fit même pas attention à la vitre explosée au loin, comme lassée de son petit jeu aux airs nostalgique.

Dans un bond qu’il regretta rapidement, il descendit de la toiture avant de récupérer ses affaires. Son regard fit un bref tours des environs alors que Saul venait à parler du cas de Johnson. Il finit d’accrocher son sac à ses épaules pour tendre la main afin qu’il partage sa bouteille. « La seule personne qui explosera ta belle gueule c’est moi. En tout cas c’est ce qui arrivera si tu continues à te laisser aller ainsi. » Il lui lança un regard un coin en s’offrant des grandes gorgées pas si discrètes. Il se serait bien versé le reste de la bouteille sur le haut du crâne mais ça vallait pas mieux que de brûler des billets de cent il y a de ça pas si longtemps. D’un hochement de tête, il lui fit signe de reprendre la route, attendant qu’il descende de son perchoir pour ouvrir le pas. « C’est quoi cette foutue histoire avec Johnson d’ailleurs ? Je veux dire… Il a pas décidé de te faire chier du jour au lendemain sans raison. Et toi pareil, bien qu'en y pensant ça serait pas si improbable. » Il était facile de prendre quelqu’un en grippe, de se décharger sur lui, d’en faire son souffre-douleur pour avoir moins à endurer cet enfer. Mais que celui qui n'a jamais péché jette la première pierre. Randy serait bien hypocrite de le juger là-dessus. De le juger tout court. Saul était certes, plus à même de ce genre de comportement mais il était loin d’être le seul. Lee aussi savait rentabiliser la prison pour le simple plaisir d’exposer son autorité. A chacun ses démons. Il ralentit le pas, non pas de peur qu’il ne suive pas mais pour pouvoir parler de face avec lui. Ils devaient se mettre au clair avec cette histoire avant qu’elle dégénère. « Parce si ça continue, je vais devoir m’en mêler et y mettre fin. Et tu sais qu’il y a plus qu’une façon de mettre fin aux choses maintenant. »


Dernière édition par Randy Lee le Dim 21 Mai - 10:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: same old blues / saul   same old blues / saul EmptyDim 21 Mai - 0:46

A la mention de Pratt, Saul releva finalement la tête. Lee n’avait pas abordé le sujet ni prononcé le nom devant lui depuis l’exécution fatale qui avait propulsé le citoyen Fortsythe d’inconnu à martyr. Les rixes qui avaient suivi marquaient encore leurs corps : de cette pommette légèrement enflée et encore rougie pour Vasarely jusqu’à l’épaule douloureuse et sans doute plus enflammée qu’il ne le laissait penser pour Randy. Saul s’observa un moment, en compagnie de son ami et supérieur, et il se sentit bien heureux, bien content, d’être encore en vie après toute cette histoire. D’observer Lee frapper balles sur balles sans se soucier de celles qui auraient pu lui percer le crâne. Mettant le club sous son menton, il soupira d’un râle lourd. « Pratt était un connard. » Maugréa Saul. « Il volait, il mentait et il était devenu un problème. On t’a donné un avis, tu as pris une décision. » Il avait fallu plusieurs péripéties avant que son nom soit cité, plusieurs autres avant que la sentence ne soit prononcée. Pratt avait abusé du système et pendant longtemps, à leurs dépens, et à ceux qui avaient souffert de son manque de discipline. A ceux qui en souffriraient en suivant ses pas. Judith n’avait rien d’un Pratt dans l’âme, et c’était malgré tout ce qui inquiétait Saul. Lee n’avait pas tort. Elle allait devoir choisir, et sans doute cette décision qui tracerait son avenir au sein du campement. Égoïstement, il espérait que sa décision serait la bonne.

Lee envoyait rageusement valser les balles contre les carreaux des bagnoles et des maisons plus loin, et Saul ne put retenir un rire en l’entendant grommeler. La mention du chien, particulièrement, lui arracha un sourire narquois. « Agate aime tout le monde, c’est pas un problème. Mais faut dire que quand tu montres les dents, y’a plus d’un gosse qui se carapate dans les jupes de sa mère. » Vasarely leva un sourcil. Lui-même tâchait au quotidien de ne pas enflammer le chef de camp, pour de bien justes raisons qu’il avait déjà eu l’occasion d’observer. Randy n’était pas un familier de la colère, autant dire que les débordements atteignaient quelques proportions délicates lorsqu’il se prenait à jurer et balancer des poings à qui voudraient bien les recevoir. Saul n’osa d’ailleurs pas le contredire lorsque Lee évoqua son laisser-aller. L’ancien lieutenant lui tendit la bouteille qu’il réclamait en silence, semblait ignorer sur le moment les mises en garde de Randy au sujet de Johnson. L’autre avait ralenti pour pouvoir lui faire face, alors qu’ils avançaient à nouveau dans les rues désertes. Saul s’arrêta un instant, semblant réfléchir. « C’est comme ça depuis le début. » Indiqua t-il d’un grognement. « L’apocalypse a fait naître des petits chefs, comme tu le sais bien. » La référence au couronnement de Randy traînait sans doute quelque part, dans un coin de l’affirmation, mais Vasarely ne le pensait pas directement et regretta immédiatement ses mots. Lee était l’un d’entre eux, ces hommes jadis inconnus élevés au rang de sauveurs, héros. Mais là où Johnson n’y voyait qu’autorité et pouvoir, Lee avait choisi ce chemin par sens des responsabilités. Replaçant son fusil sur l’épaule, Saul détourna brutalement le regard, observant le lointain d’un air déterminé. « T’en fais pas. » Lança t-il d’un ton ferme. « Je vais m’en occuper. » Par la seule manière, oui, sans doute, qu’il était encore possible de régler ses problèmes de nos jours. Mais à choisir entre sa vie ou celle de Johnson, Saul ne douterait pas deux fois si son doigt venait à se retrouver, une fois de plus, sur la gâchette.

Il se remit en route, Lee sur les talons. En croisant des débris au sol, il les envoyait parfois balader d’un coup de botte. A la ceinture de Lee, la radio était silencieuse. Les environs, calmes. « Je pourrais commencer à organiser les groupes demain. » Lança Saul en brisant le silence. « Commencer à ratisser les environs. Vider les baraques. Ça devrait prendre quelques semaines et mobiliser pas mal d’Hommes, mais… » Nouveau caillou, nouveau coup de botte. « …ce n’est pas impossible. On ramènera les corps un peu à l’extérieur, pour les familles. Ensuite on pourra tout faire flamber. » Il releva la tête vers Randy. « Ça te va, chef ? » Questionna-t-il d’une œillade blagueuse. Saul ne cherchait pas à l’inquiéter plus que nécessaire. Pour Judith. Pour Johnson. Pour ce projet d’extensions de murs qui avaient l’air de le motiver furieusement. Pourtant aujourd’hui il se sentait particulièrement messager des mauvaises nouvelles. « Au fait… » Commença Saul. « J’ai parlé à Ashford hier. A propos de la sécurité, des rapports de la Milice avec les civils, entre autres. Il m’a parlé d’un camp stationné pas trop loin d’ici, qui commençait à poser problème. » Saul se reprit. « Qui pourrait poser problème. » Il n’osa pas demander si Randy en avait entendu parler, ou si les ‘on dit’ faisaient partis du moindre de ses préoccupations à l’heure actuelle, aussi Vasarely n’insista pas.



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MessageSujet: Re: same old blues / saul   same old blues / saul EmptyVen 26 Mai - 7:58

Les yeux plantés sur le dos de Saul, Randy n’avait pas suivi le mouvement alors que ce dernier ouvrait la marche. Le rattraper ne serait pas une tâche difficile, ce n’est pas ça qui l’obsède. Le temps d’un instant, le doute règne chez le chef. Il détestait ça. Il détestait penser au conseil défait, destitué ou pire encore brisé par le seul manque de confiance entre eux, en Randy. Il n’était pas infaillible. Mais ce qui obsède réellement le militaire, c’est le retour de flamme qui menaçait à tout moment d’emporter l’un d’eux, si ce n’est tous. C’est bien ça le souci. Je m’inquiète. Le brun jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, prétendant surveiller leurs arrières pour mieux marmonner cette pensée qui ne peut rester enfermée dans son esprit. Nullement pressé, il se remit en route, emboîtant les pas de Saul sans piper mots. La routine s’avérait être tout aussi harassante que les situations sous tensions quand ce genre d’idée envahissait l’esprit. Dans le calme plat de leur excursion, ou plutôt leur balade, il s’était même surpris à souhaiter l’apparition d’un rôdeur ou deux pour faire abstraction de tout ça. C’est finalement le caillou qui finit entre ses chaussures qui lui fit relever la tête. Il intercepte le regard railleur de Vasarely mais il oublie d’y répondre. « N’oublie pas de soumettre le tout aux autres avant. » Qu’il corrige avant d’hocher la tête en guise de brève approbation.

Forcé de s’arrêter au milieu de la route à cause de plusieurs voitures embouties les unes contre les autres dont on devinait aisément le carambolage en chaîne dû à des arrêts brutaux, Randy leva le nez pour un rapide état des lieux. Ce n’est pas tant le moyen de passé qui le dérange mais la façon dont ils devraient dégager toutes ces carcasses de ferraille. La mention du camp voisin fit hausser un sourcil au conseil, ou plutôt les insinuations de son collègue qui s’était repris. « J’en ai entendu parler, ouais. Si ça t'inquiète toi aussi c'est qu’il est temps de prendre ça au sérieux. » Pas qu’il n’en s’en souciait pas avant mais il avait une liste de priorité dont le classement difficile mais nécessaire guidait ses décisions. Mais puisque le cas commençait à dépasser le stade de rumeurs, il allait s’élever au rang des premiers problèmes à régler. « Je voudrais pas que des partisans de Pratt ou n'importe quel réfractaire s'amusent à leur rendre visite. » Et leur livre des informations crucials. Car le danger venait bien de là. Non pas de ces inconnus, mais de ceux qu’ils connaissaient bien, trop bien. Lee se lança le premier dans le labyrinthe, se glissant entre deux capots bousillés. Il haussa la voix alors qu’ils commençaient à se distancer, l’air soudainement contrarié par cette histoire. « Tu sais, il est bien là notre problème. C’est pas l’apocalypse, les morts qui reviennent à la vie, les truands, les profiteurs ou les petits chefs qui prennent le pouvoir. » A cette mention, son regard percuta celui de Saul avant qu’une seconde plus tard, il souffle bruyamment par le nez dans ce qui se veut un rire désabusé. Il baissa d’un ton, grogna un coup lorsque son sac s’accrocha à un rétroviseur tordu.

« Notre problème c’est qu’on se casse le cul à protéger et défendre des gens qui demain, pourraient causer notre mort à tous. » Malgré ses propos, Randy n’avait rien d’énervé ou d'exaspéré à cette conclusion pourtant défaitiste. C'était une simple vérité. C’était son rôle, leur rôle à tous. En y regardant de plus près, c’était même déjà le cas avant que le monde ne s’arrête. Être militaire, c’était se sacrifier pour défendre. Saul en avait payé le prix de sa jambe. Randy en avait payé le prix d’une vie de famille inexistante. « Alors si on est amené à gérer cette histoire de camp extérieur, je veux que l'on gère ça avec discrétion. Sans affoler personne, quitte à mentir sur le vrai danger. Je ne veux pas donner des idées à certain. » D’expérience, ils étaient bien placés pour savoir qu’une poignée d’homme et un plan sans faille pouvait venir à bout de beaucoup de chose. Lee finit par s’extraire et alors qu’il savait Saul juste derrière ses pas, il se retourna vers lui avant qu'il ne puisse se dégager à son tour, bloquant ainsi le passage. Il s'en rapprocha comme pour que les mots restent confidentiels.
« Fais c'que t’as à faire avec Johnson, mais fais-le bien parce que j’aurais besoin de toi à cent pourcent sur ce coup-là. » Si ces premiers mots sonnèrent comme un avertissement, le militaire fit comprendre par un poing amicale dans l'épaule qu’il avait confiance en son ami et surtout, qu’il avait besoin de lui. Ils avaient tout d’eux un problème. Si Randy avait à tout prix besoin de Saul, Saul n’était pas obligé de s’y prendre seul non plus. Pourtant il n’en dit rien. Il adressa un simple regard complice.
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MessageSujet: Re: same old blues / saul   same old blues / saul EmptyDim 4 Juin - 17:38

Randy avait le chic pour les scénarios catastrophes, et un instinct presque prophétique lorsqu’il s’agissait de repérer les ennuis avant même qu’ils ne se produisent. Une capacité que Saul ne lui enviait pas spécialement, et qui s’avérait souvent plus ennuyante qu’utile, bien qu’il ne fût pas mécontent d’entendre finalement parler de solutions concernant Johnson, sa grande gueule, et l’attention qu’il mettait à vouloir faire de Vasarely un homme mort. Dans les règles ou pas. « Aye captain. » Marmonna Saul en fichant un nouveau coup de bottes dans un caillou. Mais plus qu’un homme d’inquiet, Randy était un homme de règles et de hiérarchie. La mise en place du conseil en avait été l’ultime preuve, et alors qu’il aurait pu s’élever Roi-Soleil, le jadis petit bureaucrate en avait décidé autrement. Déléguer pour mieux régner. Ou sans doute avait-il bien compris que l’union ferait la force, et que de confier les responsabilités d’un dieu à cinq militaires plutôt qu’un aurait raison de leur efficacité toute mortelle.

Ils continuaient de naviguer plus lentement à travers les différentes carcasses de voitures abandonnées là, pêle-mêle au beau milieu de la route. Les preuves, s’il en fallait d’autre, de la montée subite de la maladie dans cette partie de la ville. Saul n’en avait jamais vu l’ampleur, pas vraiment. Il avait été appelé très vite par Lee, emmenant Agate après avoir perdu ses parents et sa sœur, et lors des nombreuses expéditions qui l’avaient vu sortir de l’enceinte du campement, il avait traité l’information pour ce qu’elle était et non pour ce qu’elle représentait. Maintenant seulement, il comprenait le nombre d’âmes innocentes forcées à l’exil et sans doute la mort, pour une quarantaine organisée dans la panique. Une panique qu’ils avaient eux-mêmes créée.

Randy levait un sourcil en l’entendant évoquer les rumeurs d’un camp voisin, et Saul ne fut pas surpris de comprendre que le chef savait déjà. « Ouai. » Dit-il en réponse à l’inquiétude qui entourait ces révélations. « Honnêtement, l’entendre de la bouche d’Ashford m’a convaincu du danger. Il n’est généralement pas le plus alarmiste de la bande. »  Railla Vasarely en faisant référence aux quelques miliciens excités et parfois juste peureux, qui ne pouvaient s’empêcher de leur rapporter les frasques les plus innocentes et stupides pour le simple plaisir de semer la terreur, ou simplement par angoisse injustifiée. Saul comme Randy, développer des astuces pour distinguer l’important de l’inutile n’avait pas été une mince affaire. Ça ne les empêchait pas d’avoir déjà dressé une liste de noms, née de la diffamation ou de leur propre instinct. Un instinct souvent juste, comme les dernières semaines l’avaient prouvé. « On a déjà nos têtes. On sait qui surveiller. » Les rixes de cette semaine ne resteraient pas impuni, Saul en était persuadé, et si ce n’était pour avoir porté atteinte à la bonne marche du camp, il restait encore que provoquer une bagarre, posséder des armes et s’en servir était tout bonnement puni par les règles de Lafayette. Conduire les éléments perturbateurs au trou ne serait donc pas si compliqué que ça. Et alors que Lee dressait une liste large de rejetons pitoyables que l’apocalypse avait su générer, Saul éclata d’un rire froid. « Ça et ceux qui se découvrent soudainement des couilles ou un talent pour les armes à feux. » Dit-il en refermant ses doigts sur la gâchette. « Y’a des gamins qui manient mieux le fusil que toi et moi après vingt ans de carrière. Foutu jeux vidéo… »

Comme un rappel au sérieux et à la réalité, un pas plus précaire fit légèrement décaler la prothèse du milieu de sa cuisse, heurtant un nerf qui lui arracha un hoquètement silencieux. Saul porta sa main en lieu de la douleur, relevant la tête en sifflant alors que Randy lui assénait l’une de ses sympathiques frappes sur l’épaule tout en osant presque la menace. Vasarely ne s’en formalisa pas. La seule chose qui aurait raison de sa patience serait la douleur. « T’inquiètes j’te dis, ce connard est sur ma liste. » Lança-t-il brusquement en continuant son avancée boiteuse. « Mais mentir, Randy, je sais pas… Les nouvelles vont vites au camp, tu le sais. » Ça commérait plus là-dedans que dans un repas de famille. A croire que privé de leur précieux social media, le monde s’était finalement remis à se parler – et presque – à se comprendre. « Pourquoi pas la jouer honnête pour le coup ? Listen up, you fuckers, on s’est trouvé une bande de connards qui n’hésiteraient pas à vous trancher la gorge et violer vos femmes et vos gosses s’ils arrivaient à franchir ces portes. Raisons de plus pour calmer votre joie et retourner gentiment à vos petites activités au lieu de chercher à casser du militaire. » Saul renifla; pensant à l’hématome rougie qui marquait encore sa pommette et à l’épaule de Randy qui n’avait rien de très glorieux non plus. « On n’a peut-être pas une réputation d’enfants de cœur, mais on a rien de monstrueux ou barbare à se reprocher. Et puis pour rappel, notre capital sympathie n’est pas franchement au beau fixe en ce moment. » S’il avait commencé la journée en refreinant ses commentaires désobligeants, Saul n’en était à présent plus là. Contrairement à lui, il était tellement difficile de faire sortir Randy de ses gongs que l’ancien lieutenant ne se faisait pas trop de bile quant à la réception de ses critiques. Lee serait lui rappeler sa place au moment où il finirait par franchir la ligne.

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» (int. 2 ft. Saul, Randy, Ram et Judith) it's all over but the dreaming.
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» (saul) in the beginning there was nothing, which exploded.
» (saul) ▬ so much has come before those battles lost and won
» (saul) die if I must, let my bones turn to dust
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