« M. Forsythe Pratt a été exécuté ce matin. » l'annonce du Conseil fait l'effet d'une bombe parmi la foule de survivants. Les murmures vont en s'amplifiant. On entend un assassins fuser depuis un coin. La rumeur devient rapidement magistrale et fracassante. « Nous avons de bonnes raisons de penser que M. Pratt volait des vivres, des munitions, et qu'il comptait faire entrer des infectés dans le camp. » « ..suppositions ?.. » « ..basent les exécutions sur des suppositions.. » « ..c'est pas croyable, j'arrive pas à -.. » « ..non mais quelle bande de gros fils de p- » L'un des membres du Conseil tape du pied. La milice est aux aguets. « S'il vous plaît, j'aimerais vous demander toute votre attention. » Le silence revient, même s'il vacille, presque sur le point de se fissurer sous le coup que vient de porter l'annonce. « L'exécution de M. Pratt était nécessaire. Nous avons eu vent que ce que nous faisons n'est pas au goût de tout le monde, et bien ceux qui ne sont pas satisfaits de notre manière de faire les choses, je vous en prie, la porte est juste ici. » dit-il en désignant l'imposant battant prêt à pivoter dans ses gonds. Personne ne souffle mot. Le Conseil retourne dans ses pénates.

« je-ils vont nous faire quoi s'ils nous trouvent ? » « j'sais pas, j'sais pas » les deux adolescents étaient recroquevillés l'un contre l'autre, la respiration sifflante et les yeux écarquillés, dans l'attente d'un bruit qui leur permettrait de s'assurer que leurs peurs étaient oui ou non déraisonnables. Mais les conversations commençaient à se faire tonitruantes, et les hurlements d'un jeune gars leur parvenait sans peine. Le cœur battant à l'unisson, les deux gamins étaient redevenus des proies – mais pas des proies à la merci de rôdeurs, non, des proies pour ceux qui jouissaient de leurs vivres et de leurs trouvailles, qui détruisaient les camps parce qu'ils avaient simplement de l'appétit pour ce genre de truc. Face aux gosses, un rôdeur se rapprochait inexorablement, le pas traînant et la mâchoire inférieure cassée. La jeune fille sauta sur ses pieds, hurla. Le gosse se releva également. Un coup de feu se fit entendre. Le rôdeur s'effondra à leurs pieds en un bruit mat. « Tiens, tiens, tiens. On a trouvé deux p'tits déserteurs. » « Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir en faire ? » « Ouais, très bonne question. Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire de vous, p'tites raclures ? »

A l'extérieur des fortifications du camp de Lafayette sévit un groupe sobrement nommé les Horsemen. Un groupe qui prend un avantage considérable sur les survivants indépendants, sur ceux qui ne demandent rien à personne et se contentent de survivre. Si les Horsemen ont toujours ressenti satisfaction à la suite de pillages ou de camps détruits, ils ont commencé brusquement à rafler plus que des vivres ou ustensiles pratiques. Récemment, les enlèvements ont commencé à aller en s'intensifiant ; si les survivants qu'ils enlèvent n'entrent pas dans leur rang, alors ils s'en servent comme esclaves. Les survivants indépendants les ont certainement vus ou entendus, et ils vivent dans la peur d'être le prochain.

L'exécution de Forsythe Pratt a cristallisé les tensions entre Conseil, milice et survivants. S'en sont suivies des semaines où de nombreux soulèvements et protestations virulentes ont eu lieu ; il a fallu qu'un membre de la milice meurt sous les coups pour donner au Conseil l'impulsion d'agir. Des exécutions publiques ont lieu et laissent les survivants désemparés, en colère mais incapables d'agir. La règle no. 11 change également et stipule désormais que la peine de mort sera la punition donnée en cas d'insubordination. La panique est à son comble et, même si tous les survivants essaient de se tenir plus ou moins à carreau, les tensions ne font que s'amplifier et divisent les individus.

Les Horsemen, par le biais de survivants ayant échappé à leurs sévices, commencent doucement à faire parler d'eux au sein du camp. Ce groupe étant déjà bien connu de ceux implantés à l'extérieur des remparts fait glisser la peur de l'étranger dans le campement. Si les modalités d'entrée au sein du camp ne changent pas, si l'attente n'est pas plus longue, c'est le regard des habitants qui se fait plus suspicieux et ce sont les questions sans réponse qui les dérangent. Quant aux indépendants, ils sont bien obligés se vivre avec l'idée qu'une épée est située au-dessus de leur tête ; mais certains s'y refusent et sont prêts à brandir leurs armes