Il avait un mauvais pressentiment. Tout son être lui criait de se méfier de tout et de rien. Depuis que malencontreusement on l’avait poussé dans la fosse : il préparait son départ. Un jour il disparaîtrait avec Sasha, ils partiront loin, échafauderont un plan pour sortir Ash des mains des Horsemen dans l’espoir de vivre une vie meilleure. Ensemble contre le monde et les morts qui revenaient à la vie. Une douce utopie qui ne verra probablement jamais le jour mais qui permettait au bougre de se lever tous les matins sans le courage de se trouver le crâne. C’est durant sa tournée que le cauchemar se passa, il a fallu quelques minutes pour que le calme de Lafayette parte en fumée. Ce fut des coups de feu qui arrêta l’auscultation de Madame Robinson. Demetrius prit soin de la mettre en sécurité avant de regarder par la fenêtre pour voir la boucherie qui se déroulait sous ses yeux. Ces enfoirés visaient les enfants et tout adulte qui s’interposait. La panique s’empare de lui. L’Amish n’avait jamais été le genre d’homme preux et brave qui vole au secours de la veuve et de l’orphelin. S’il avait bon cœur : la lâcheté qui habitait son cœur l’avait tenu en vie jusqu’ici et encore aujourd’hui il était bien trop trouillard pour agir. Pourtant il devait trouver Sasha, il devait la mettre en sécurité alors il profite que le tireur soit de dos pour s’extirper de la maison.

C’est en remarquant la tête blonde d’une jeune femme qui semblait belle et bien en vie sur un corps troué de balle que Demetrius prit son courage à deux mains. Il se cacha et siffla plusieurs fois pour attirer l’attention de l’homme qui rechargeait déjà son arme. « Reste la poupée, j’en ai pas fini avec toi. » Le rire graveleux de l’homme arracha une grimace de dégoût au docteur. Il pouvait entendre le bougre s’approcher : les éperons de ses Santiags annonçaient sa présence. Tel un serpent, il se faufila derrière la maison où il siffla à nouveau pour être certain que l’homme allait continuer sa course et chercher d’où venait le bruit. Cela était une provocation qui l’énervait : « Attends que je trouve mon petit… Je vais te faire passer l'envie de te moquer de moi! » Nouveau rire de sa part. Il semblait confiant, bien trop. Demetrius sait qu’il n’a pas beaucoup de temps, il fait le tour de la maison et court vers la jeune femme. Il attrape sa main ensanglantée et la tire dans une maison voisine pour la pousser à l'intérieur. Une fois à l'abri entre les quatre murs, il pose son doigt sur ses lèvres pour lui intimer de se taire et s'engoufre déjà dans les pièces pour chercher un échappatoire  ; voir un endroit où la cacher. Une femme entre les mains de ces hommes... Pas besoin d'être devin pour savoir le sort qui leur ait réservé.

Il tente de faire quelque chose de bien. De sauver quelqu’un comme il aimerait qu’on sauve si Sasha si elle était en danger. Demetrius la savait intelligente, elle saurait où se cacher et surtout elle saurait ne pas jouer les héros. Elle ne mangeait pas de ce pain-là, une qualité que le docteur appréciait car il savait au moins qu’elle ne prendrait pas de risques inutiles. Tout du moins… Elle l’espérait. Mais elle avait réussi à survivre à l’attaque des Horsemen sur leur camp alors elle pouvait survivre à tout. Emportant la blonde avec lui à l’abri, il cherche dans la maison un moyen de sortir ou bien une arme. Quelque chose pour la défendre et dans le meilleur des cas la caché. Quand la jeune femme l’alpague, il ne s’arrête pas et se contente d’hocher la tête pour répondre. Pourtant, la suite le fait stopper ses faits et gestes. Il se retourne, regarde par la fenêtre et voit les corps ensanglantés. L’homme énervé revient dans son champ de vision alors Demetrius attrape à nouveau la main d’Emma et l’emmène loin des ouvertures. Il la pousse doucement dans la salle de bain :

« Si. Ils le sont. Il n’y a pas de signes de vie, même quelqu’un d’agonisant, qui se vide de son sang à des sursauts. Il bouge ne serait-ce qu’un peu. » Il souffle. « Je suis désolé. »

Il ne l’était pas, mais il ne pouvait pas montrer qu’il n’en avait au fond rien à faire. Demetrius laisse entrouverte : sinon cela parait louche et il n’a pas envie que l’homme se mette à chercher dans le cas où il rentrerait dans la maison. Il regarde autour et trouve une lime à ongles. Ce n’était pas génial mais il pourrait gagner du temps au cas où.

« Si tu veux survivre tu ne fais plus un bruit ok ? Tu parles plus. » Il lui montre le coin : « Mets-toi là ok ? Et si jamais tu me vois partir : ne panique surtout pas. Je l’attirais plus loin et je reviendrai te chercher. » Il lui offre son plus beau sourire : « On va s'en sortir. »