Sujet: no rest for the wicked (elise) Mar 28 Mar - 21:58
no rest for the wicked
My one heart hurt another So only one life can't be enough, Can you give me just another For that one who got away. Lonely I, I'm so alone now, There'll be no rest for the wicked, There's no song for the choir, There's no hope for the weary If you let them win without a fight, If one heart can mend another Only then can we begin So won't you hold on a little longer, Don't let them get away. Lonely I, I'm so alone now. There'll be no rest for the wicked, There's no song for the choir, There's no hope for the weary If you let them win without a fight, I let my good one down, I let my true love die, I had his heart but I broke it every time. Lonely I, I'm so alone now. ~ no rest for the wicked, lykke li.
Elise n'était pas chez elle. Le père de cette dernière l'avait gentiment renvoyé chier d'ailleurs – pas aussi férocement que d'habitude ceci dit, sans doute trop occupé à gérer sa petite-fille rendue malheureuse par l'absence momentanée de sa génitrice. Les mains enfoncées dans les poches, Harry déambulait dans le camp, à quelques heures seulement du couvre-feu. Malgré lui, il cherchait son amie du regard. Malgré lui, malgré tout ce qu'elle avait pu lui cracher à la gueule depuis qu'elle était réapparue à la surface, et dans sa vie. Retrouver Elise avait été l'événement qui avait éclairé sa vie, à un moment où – il se souvenait – tout semblait s'effondrer autour de lui, où l'épidémie prenait le dessus sur l'humanité et où le manque était palpable et intense. S'il avait été heureux, il avait également constaté qu'Elise tardait à s'adapter au camp ou aux individus aux alentours. Elle avait une fille, avait aimé son agresseur, son violeur. Elle se perdait dans des explications hasardeuses et était sans doute passée par mille et un supplices ; des horreurs qu'Harry peinait à envisager mais il en allait de son devoir d'ami que de se poster aux côtés d'Elise. Amie – le mot même lui arrachait un étrange frisson car il fut un temps où ils n'étaient pas seulement amis, ce temps-là où ils étaient toujours un peu plus chaque jour, à l'époque où l'adolescence amplifiait leurs grands soucis et leurs sentiments étrangement défectueux. La disparition d'Elise l'avait marqué à vie et le harcèlement du père Sykes l'aurait poussé au suicide, mais il a tenu – sans savoir pourquoi, ni comment, il a tenu bon et s'est accroché à l'heroïne comme à une bouée de sauvetage. Un bouée qui, doucement, sombrait dans des eaux troubles. Un bouée qui n'en était pas vraiment une. Elise n'était plus là, c'était la réalité à laquelle il avait été obligé de se marier, c'était le monde dans lequel il avait à l'époque vécu. Il se souvenait passablement de toutes les émotions qui l'avaient traversé, de ces envies brutales de se jeter par la fenêtre – il avait tenu bon et il ne se souvenait plus pour quelles raisons. Tandis que ses pieds foulaient le sol, le milicien essayait de se poser afin de se creuser la tête, cherchant une réponse à cette question qui lui était finalement bien existentielle : pourquoi ?
Des mois durant, Harry avait rêvé du retour d'Elise parmi les vivants. Il l'avait imaginée morte, sa disparition ne présageant rien de bon et puis, aussi... et puis, il avait vu beaucoup de films où la fille était violée, assassinée, le corps par la suite jeté dans un fossé, pourrissant lentement ou dégusté par des coyotes à un certain point. L'espoir ne l'avait pas fait tenir – car il n'y avait aucun espoir. Il savait que le père d'Elise s'était accroché aux minces filaments d'espérance au fil des années et, même s'il avait fait de la vie d'Harry un véritable enfer en le jugeant principal responsable de la disparition de sa fille, il lui enviait cette force, cette bravoure de ne pas baisser les bras face à la fatalité. Il avait bien fait ; sa fille était de retour au bercail et il en payait le prix en s'occupant des frasques de ce choc presque culturel entre jeune femme qui avait oublié de grandir, et campement qui ne supportait guère les erreurs. Le père Sykes n'était pas le seul à essayer de tempérer la fougue d'Elise – Harry, bien qu'habituellement impartial et prêt à faire son job de milicien avec exactitude, protégeait Elise comme il le pouvait. Il était incapable de la mettre sur le devant de la scène, de l'envoyer en taule ou de la bousculer un peu pour qu'elle arrête de faire des siennes. L'incompréhension régnait entre les deux partis, et les deux énergumènes n'étaient pas encore prêts à abroger leurs souffrances mutuelles. Harry ne reconnaissait plus Elise, et il se disait que la réciproque devait sans doute être vraie – Elise l'avait laissé à un moment de sa vie où Harry n'était plus que l'ombre d'un adolescent, toujours trop perché pour s'occuper correctement d'elle, lui offrir ce qu'elle voulait vraiment. Il avait toujours pensé qu'elle était trop bien pour lui, et il continuait à entretenir cette pensée perverse et ce, même si elle s'évertuait à lui dire à quel point elle le trouvait chiant maintenant qu'il ne s'en mettait plus dans l'nez. Que ferait-elle si elle savait qu'il venait de retrouver un sachet d'héro dans l'une de ses chaussettes ? Un sachet dont il aurait dû se débarrasser mais qu'il était incapable d'envoyer en l'air. Que ferait-elle ? La réponse était d'une évidence rare : des conneries.
Le nez toujours baissé, Harry s'arrêta devant l'un des garages supposé être fermé à clef. Celui-là contenait de l'alcool ; alcool que personne n'était supposé toucher pour le moment, car l'absorption de liquide de ce genre était interdit dans l'camp (sauf exception, mais il n'y avait jamais). Son cœur rata un battement. Il ne se demandait plus où était passée Elise. Il savait parfaitement où elle se trouvait maintenant. Le cœur battant la chamade, Harry se dirigea vers la porte entrouverte du garage et la poussa davantage, laissant passer un philtre de lumière dans la pièce aménagée. Il y trouva Elise, les bras chargés d'un butin salement mérité. « J'y crois pas » qu'il souffla avant de se précipiter vers sa comparse, lui retirant les bouteilles une à une « j'y crois vraiment pas, comment tu fais pour être aussi débile ? T'as perdu ton cerveau au détour d'un virage ou quoi ? » Il brandit une bouteille sous le nez d'Elise. Il était si proche d'elle qu'il pouvait sentir l'odeur de sa peau, ainsi que la chaleur de son corps au travers de ses vêtements. La scène aurait pu être intime s'il ne s'évertuait pas à agiter la bouteille de vin comme un taré entre eux. « Tu vois ça ? C'est interdit. » lâcha-t-il brusquement sans s'arrêter de gigoter « Tu cherches vraiment la merde hein, à croire que t'es incapable de rester tranquille. » Il se détourna alors de la jeune femme et fit claquer la bouteille sur l'une des étagères, les mâchoires serrées et prêt à en découdre aussi longtemps qu'il en était capable.
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Sujet: Re: no rest for the wicked (elise) Dim 9 Avr - 19:13
i've been searching for a trail to follow again.
Harry Runsewe et elise sykes
I had all and then most of you, some and now none of you. Take me back to the night we met. I don't know what I'm supposed to do, haunted by the ghost of you, Oh take me back to the night we met. When the night was full of terror And your eyes were filled with tears, When you had not touched me yet.
Elise ne comprenait rien du monde tel qu’il était aujourd’hui et pour cause, la jeune fille ne l’avait jamais vu, ce fameux monde. Elle n’avait jamais vu les morts revenir à la vie, elle n’avait jamais vu les rôdeurs errer jusqu’à trouver une proie dans laquelle croquer. Elle avait bien du mal à comprendre Elise, tout ce qu’on lui racontait mais qu’on l’empêchait de voir de ses propres yeux, parce qu’elle était trop fragile, trop instable, trop elle ne savait quoi et que du coup, ça justifiait qu’on soit toujours derrière ses fesses à vouloir la protéger. Elle était fatiguée de tout ça, Elise, elle avait envie de sortir, elle avait envie qu’on lui foute la paix. Merde, elle avait juste envie qu’on la laisse vivre, enfin. Elle avait passé trop de temps enfermé dans une cave à se dire que tout ça était parfaitement normal que de toute façon, elle était mieux auprès de ce type, parce qu’il faisait attention à elle, parce qu’il n’était pas comme son père qui était trop collant, trop agaçant. Parce qu’il n’était pas comme Harry, qui ne toute évidence, avait toujours préféré une bonne dose d’héroïne à tout ce qu’elle, elle pouvait représenter. Elle avait eu tort, évidemment et du coup, elle avait passé des années enfermées, complètement aveuglée, comme une imbécile. On pouvait facilement parler de syndrome de Stockholm tout ce qu’elle savait elle, c’était que sa vie, elle était complètement gâchée à cause de tout ça. Elle avait perdu des années de sa vie, elle avait une fille qu’elle n’osait même pas regarder et maintenant, elle ne pouvait même plus prendre un nouveau départ, parce qu’apparemment, y avait des zombies partout dehors et que le monde était devenu incroyablement dangereux. Elle détestait la vie alors Elise, parce que cette dernière avait décidé d’être bien cruelle avec elle, pendant des années et encore maintenant.
Elle aurait voulu être libre, mais d’une certaine façon, elle était encore en cage ici, entre les murs du camp sécurisé de Lafayette. Elle avait eu des rêves étant plus jeune. Elle se revoyait encore en train de faire tourner le globe mondiale jusqu’à ce qu’il s’arrête sur un pays en particulier et qu’elle se disait ‘un jour, j’irai ici !’. Finalement, la brune n’avait rien vu du monde, rien d’autre que Lafayette, Louisiane. Elle était dégoutée, elle avait l’impression qu’elle allait devenir folle, qu’elle allait exploser. Pourquoi est-ce qu’il fallait que tout soit si difficile ? Elle se disait des fois, qu’il aurait mieux fallu qu’il la tue ce type. Qu’on retrouve sa dépouille et que tout le monde finisse par tourner la page, son père y compris. Tout ce dont elle avait l’impression maintenant Elise, c’était qu’en plus d’avoir gâché sa vie, elle avait gâchée celle de sa famille. Son père avait perdu les pédales sans elle. La famille s’en était retrouvée brisée et ses parents avaient voulu divorcer. Maintenant y avait son père et Judith, mais sa mère et Luis, personne ne pouvait dire où ils étaient. Elle leur en voulait Elise. A sa mère, à Luis, pour ne pas être là. Elle en voulait à son père, à Judith, parce qu’ils étaient là à essayer de l’aider. Elle en voulait à sa fille, pour exister et à Harry, pour ne pas l’avoir ramenée chez elle ce soir-là. Elle s’en voulait aussi à elle-même, souvent, pour être aussi idiote ou trop accrochée à la vie, alors même que ça n’en valait pas la peine. Morte, elle aurait moins de problèmes, mais la mort l’effrayait au plus haut point. Alors elle se battait contre ses démons, à sa façon, de la mauvaise façon, sans aucun doute, mais tant pis.
A bien y réfléchir, elle ne s’était jamais pris une bonne cuite, parce qu’elle avait toujours été beaucoup trop sage. Elle était allée à des soirées parfois, souvent pour accompagner Harry, mais elle était restée bien disciplinée, à la hauteur de l’éducation qu’elle avait reçue de ses parents. Alors elle n’avait jamais bu assez pour être complètement bourrée. Depuis qu’elle était ‘revenue’ – c’était le mot que les autres utilisaient, elle, elle savait qu’elle n’était jamais partie, elle n’avait pas choisi – elle avait commencé à noter dans un calepin, toutes les choses qu’elle n’avait jamais faites dans sa vie et qu’elle voudrait faire. Y en avait des possibles, d’autres non. Elle notait au fil des idées qu’elle avait et tout ce qui était possible, elle le ferait. A chaque fois qu’elle barrait quelque chose sur cette liste, y avait comme une impression de bonheur en elle, ce sentiment qu’elle ne connaissait plus depuis trop longtemps. Alors elle continuait, est-ce qu’on pouvait lui reprocher après tout, d’avoir envie d’être heureuse ? Après tout ce qui lui était arrivé, personne ne devrait avoir le droit de dire quoi que ce soit. Elle ne mettait pas le camp en danger après tout, alors elle voulait qu’on lui foute la paix. Elle avait réussi à voler les clés des garages qui servait d’entrepôt et elle avait très vite su lequel elle allait ouvrir. Celui qui renfermait l’alcool, cette denrée rare que seuls les plus haut placés avaient le droit de déguster. Elle s’en fichait Elise, elle allait boire elle aussi, boire et être complètement bourrée et ça ferait, un truc de plus à rayer de sa liste. Elle avait attrapé quelques bouteilles qu’elle s’apprêtait à aller déguster en paix, quand elle tomba nez à nez avec Harry. Merde, qu’est-ce qu’il foutait là lui ? Elle soupira avant de lever les yeux au ciel, alors qu’il reprenait les bouteilles qu’elle venait de prendre. « Tu veux pas me foutre la paix cinq minutes ? » D’un geste rapide, elle attrapa à la bouteille qu’il venait d’agité, il avait probablement plus de force qu’elle, tant pis, elle s’y agrippait quand même. « Rends-moi ça ! C’est pas interdit pour tout le monde apparemment. » Alors ça ne le serait pas pour elle. Elle avait bien le droit à ça, après tout. Elle était la gamine qui avait été séquestrée pendant des années, alors qui est-ce qu’il croyait être, pour la privée de ça hein ? Pour qui est-ce qu’ils se prenaient tous, pour la priver ainsi de ses libertés ?
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