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 (sean), a winding trailing of loneliness

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MessageSujet: (sean), a winding trailing of loneliness   (sean), a winding trailing of loneliness EmptyDim 5 Mar - 5:43



i bear it so they don't have to.
it's getting dark too dark to see, feels like i'm knockin' on heaven's door. mama put my guns in the ground, i can't shoot them anymore. that cold black cloud is comin' down. forever man and it wouldn't be luck if you could get out of life alive, knockin' on heaven's door
- KARA WINFIELD & SEAN BRIGGS -

Il y avait probablement une raison pour tout ; y’avait un ordre des choses, qui avait fait que Kara choisisse de devenir médecin, plutôt que commerciale. Non, elle n’avait pas la fibre de la vente, pas même celle de l’échange désespéré, balancé d’un air pitoyable. Et on n’lui laissait pas beaucoup de marge de manœuvre pour y croire, à Lafayette. Peut-être était-ce parce que tout le monde crevait à petit feu, parce que, quoiqu’il advienne, la destination de tout le monde était bien connue. Fallait une grosse quantité de nerfs, parfois, pour regarder un bébé innocent de quelques jours à peine, et s’dire qu’il grandirait dans ce monde-là. Beaucoup auraient dit que la société était pourrie, déjà avant qu’elle ne s’effrite et devienne cette chose chétive bouffée par les morts qui revenaient à la vie ; beaucoup auraient dit que la génération future n’avait pas eu beaucoup de chances de s’en sortir, déjà avant tout ça. Mais c’était pire que tout, désormais, alors que chaque aube peignait une ligne rouge sur l’horizon : si elle avait été une poète, la blonde aurait dit que c’était synonyme du sang qui coulait chaque jour un peu plus – peut-être bien qu’un jour, ce serait le ciel tout entier qui finirait par être couleur pourpre. Elle avait tant de fois perdu espoir elle-même, qu’elle n’trouverait pas ça surprenant : dans son autre vie, avant, elle aurait juré que les monstres mangeurs de chair humaine n’existaient que dans les films bons à faire peur à ceux qui avaient besoin de frissons dans leur quotidien. Mais Kara, elle avait toujours connu l’horreur ; cette horreur simple aurait-on dit, celle qui s’inscrivait dans la vie de tous les jours, quand un môme se retrouvait dans les couloirs des urgences parce qu’il s’était ouvert le front contre un mur, ou quand une femme restait silencieuse pour ne pas balancer son mari qui lui avait fracturé un bras, et laissé plusieurs hématomes sur la tronche. Il y avait eu des temps durant lesquels la Winfield s’était demandée comment elle pouvait encore croire en la nature humaine ; aujourd’hui était un jour comme ça. Elle soupira, observant d’un œil critique le pinceau qu’elle avait entre les doigts, et qui lui semblait être plus inutile qu’il ne l’avait jamais été. Il fallait croire que cet objet, pioché au fond de son sac par hasard alors qu’elle avait cherché quoique ce soit pour survivre, n’avait une valeur quelconque, rien que pour elle. C’n’était pas étonnant, au fond. Il n’y avait eu qu’elle dans ce désert, qu’elle dans les rues vides des endroits où elle avait erré ; qu’elle, effrayée la nuit, seule avec elle-même, à caresser les poils rugueux de ce pinceau, avec la croyance que ça l’apaiserait un tant soit peu. Il sentait encore l’huile, le white spirit, et sous le soleil de plomb du sud des Etats-Unis, Kara avait même remarqué encore quelques pigments bleu abandonnés là ; elle s’était souvenu des toiles qu’elle  n’avait pas fini, par faute de temps ou d’inspiration, et qui demeureraient des projets jamais achevés, dorénavant.

Plus personne n’avait de place pour l’art maintenant ; elle avait entendu Absalon jouer de la guitare, parfois, pour s’apaiser lui-même, pour l’apaiser elle, alors qu’elle se lovait contre lui en oubliant l’univers tout entier. Et d’aussi loin que pouvaient remonter ses souvenirs, dans l’exercice de sa mémoire, ç’avait été là les seuls témoignages d’un quelconque passé perdu. Elle aussi, elle avait appris à jouer de la guitare, plus jeune : mais elle ne l’avait jamais dit au brun, elle n’avait jamais voulu l’interrompre pour elle-même se mettre à gratter sur les cordes. Elle n’avait jamais voulu qu’il s’arrête de jouer. Maintenant, quand les remords la rattrapaient trop intensément, la blonde en arrivait à s’dire qu’elle avait été égoïste jusque-là, à puiser en Absalon des réconforts qu’elle ne lui avait même pas offerts : et alors quoi, était-il mort maintenant ? Pour avoir planqué la guitare dans sa chambre pour ne pas que le Conseil l’embarque avec la plupart des affaires laissées en l’absence du jeune homme, Kara se posait trop souvent la question, à chaque fois que dans son champ de vision, apparaissait quelque-chose pour lui rappeler le vide laissé dans son cœur. Y’avait cette guitare, ouais ; y’avait le lit dans lequel elle dormait aussi, trop vide, trop froid. Même la douche. Chaque jour depuis trop longtemps maintenance, c’était comme si chaque goutte s’écrasant sur sa peau n’était que le cri du grand vide qui l’englobait. Elle était seule. Pas complètement, dirait-on, en regardant l’extérieur : il y avait bien Evalia. Evalia dont chaque aspect de la personnalité avait quelque-chose en commun avec Absalon. Et son allure, son allure ; elle avait des cheveux noirs, elle aussi, de grands yeux sombres. Kara, pour les fois où elle avait vraiment observé la jeune femme, elle pourrait même jurer qu’il y avait quelques constellations de grains de beauté, que les jumeaux avaient en commun. Eva n’avait de toute manière, pas besoin d’être impétueuse et stable comme Absalon, pour rappeler à Kara tout ce qui devait être, encore aujourd’hui. Elles n’étaient plus que toutes les deux, les mots décharnés de leurs désillusions au bord des lèvres, et elles n’osaient pas se les dire. Mais le temps, lui, il avait continué de courir : et maintenant, Evalia était maman – un rôle qui ne semblait pas lui rentrer dans le cœur ou sous la peau. Kara, elle n’était qu’une présence de substitution, celle qui serait toujours là, douce, aimante, se levant la nuit sans râler. Mais elle n’était pas la voix que le fœtus dans le ventre avait entendu pendant neuf mois, au point de l’attacher aux espoirs de sécurité, de réconfort, de vie et de survie. Pour avoir étudié la médecine pendant de longues années, pour avoir vu d’autres mères aimer d’autres bébés tout juste nés, pour avoir vu d’autres mères perdre d’autres bébés, Kara, elle s’disait qu’elle comprenait au moins la mécanique des choses. Elle ne pouvait que combler les trous, parfaire les apparences pour quelques temps – assez longtemps pour qu’Evalia essaye de se retaper, qu’elle avance, elle aussi, au moins jusqu’à un certain point. Parce que Kara elle-même, elle ne pouvait pas prétendre avoir avancé très loin : elle était là, le cul entre deux chaises, à cheval entre le passé et le futur. Le présent ? Bah, le présent était, pour aujourd’hui, couvert de hauts nuages qui avaient fait tomber de nombreuses averses sur Lafayette déjà. Il était l’air humide qu’ils avalaient tous, avec un arôme de boue, de froid, de mort flottant dans l’air. Dans le présent, Kara venait de s’faire envoyer chier en essayant de troquer du lait en poudre contre un stupide pinceau inutile.

Elle n’était pas faite pour ça. Elle n’avait jamais fait ça. Payer ses études avait bouffé la plupart de ses économies, mais ses parents l’avaient toujours soutenue ; financièrement, dans le monde d’avant, Kara, elle n’avait jamais eu de problèmes. Elle avait été chanceuse, elle le savait. Mais même depuis qu’elle était à Lafayette, ç’avait été Absalon ou Hector qui s’étaient pliés à l’exercice du troc, ici. Pas elle. Elle, elle était le visage qu’on voyait à l’arrivée, celle qui accueillait les gens sauvait des vies, et se limitait aux zones médicales du coin. Au-delà de tout ça, Kara Winfield, aussi riche avait été sa famille autrefois, n’avait plus rien à offrir. Et dans cet endroit, où la loi du chacun pour soi semblait dominer, y’avait même pas une once de générosité qui pouvait pousser quelqu’un à s’dire que peut-être, si une pauvre fille comme elle troquait tout et n’importe quoi contre de la nourriture pour bébé, c’était par nécessité. Ce pinceau, il pouvait être regardé comme rien par n’importe qui, mais il lui avait sauvé la vie, à elle. Plus d’une fois. Elle allait repartir, le crâne bourdonnant de questions, le cerveau tournant et tournant à toute allure à la recherche de solutions, lorsque ses yeux tombèrent sur un visage familier. Ils étaient si rares, les vrais repères dans le camp, que les prunelles claires de la blonde semblaient les trouver d’elles-mêmes. Elle avait un certain don, Kara, pour tomber à pic. Au moment où quelqu’un se faufilait dans les quartiers médicaux pour voler des médicaments, par exemple. Sean n’était qu’un parmi tant d’autres, dans tous ceux qui avaient essayé ; ceux qui avaient réussi. Ceux qui s’étaient faits prendre : elle avait fini par entendre, Kara, qu’Hector et Absalon Costello avaient volé des ressources médicales et les avaient exportés en-dehors du camp. Et elle n’comprenait pas. Et elle n’comprendrait jamais, de toute manière. « Hey. » elle offrit, en premier lieu, arrivée à la hauteur du jeune homme. Au moins, elle put accompagner son mot d’accroche d’un sourire, quand bien même il ne fut que contrit, limité à la commissure de ses lippes avant de s’échapper, comme ça. Ils étaient si rares, ses sourires, ces derniers temps, qu’il pouvait bien se contenter de ça – il n’lui avait jamais rien demandé, de toute manière. « J’espère quand même que depuis le temps, t’as pas trouvé un autre médecin aussi généreux que moi… » ça, c’était de la phrase d’accroche. C’était comme si le moindre talent à l’humanité chez Kara s’était envolé, avec Absalon. Les interactions, maintenant, elles lui faisaient un mal de chien – pendant combien d’temps allait-elle continuer comme ça ? Aussi longtemps qu’elle s’accrocherait à la vie, sans doute ; la réponse était évidente. Et à quel point devait-être pitoyable, pour se dire qu’un tout petit bébé innocent, qui n’avait rien demandé, et dont elle n’était même pas la mère, pouvait être une raison de vivre quelconque ? Au fond, tout ce qu’elle pouvait se dire, c’était que ce bébé, tôt ou tard, il aurait besoin de manger, encore, qu’elle rentre du troc les mains vides, ou non.
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MessageSujet: Re: (sean), a winding trailing of loneliness   (sean), a winding trailing of loneliness EmptyJeu 9 Mar - 20:34

Ses doigts vont-et-viennent le long de l’appareil. Des mois que le clic n’a pas été entendu, bruit si particulier d’un instant capturé, d’une photo prise. Briggs préserve la pellicule, il lui en reste si peu. Il ne peut gâcher cette denrée rare. Il s’est promis de l’utiliser pour un évènement particulier. Mais lequel ? l’entrée des rôdeurs dans le camp de Lafayette ? son baiser avec l’angle blond ? la mort de sa sœur, de sa mère ? sa propre mort ? D’un geste sec, il range l’appareil dans son sac qu’il fourre par la suite dans son placard, sous ses fringues et ses jouets d’un autre temps. Son regard, un temps fuyard, tombe sur cette boîte en carton, vestige de ses souvenirs passés. Elle est petite, tient dans un coin, facilement négligeable. Mais même s’il la cache, Briggs il oublie pas cette boîte et ce qu’elle contient. Il l’attrape fébrilement, un mécanisme qu’il n’ose pas se voir faire. Il ne veut pas contempler ses souvenirs d’antan, ceux d’hier et ceux d’avant. Mais il veut pas oublier non plus, pas en ces temps incertains où il est de plus en plus dur de se lever ce matin, où il est difficile de se rappeler ce que l’on fut. Il retire le couvercle et ses yeux trainent sur les précieux artefacts. Des photos de toutes tailles et de toutes couleurs, affichant milles et uns visages, milles et unes situations. Y’a cet après-midi passé à la piscine municipale alors qu’il n’avait que treize ans. Patty, Max et Emma l’entourent, et les quatre sourient fièrement, tous mouillés qu’ils sont. Y’a le Noël 2005, le dernier passé en compagnie de son père. Les quatre Briggs sont assis au pied du sapin, entourés des quelques cadeaux qu’ils se sont offerts. Pierce tient le petit Sean sur ses genoux, Natalie enlace Madeleine. Ils sont heureux, la vie est belle en ce temps-là : la mort ne les a pas frappés, l’apocalypse n’hante pas leurs nuits. Sean soupire, son regard passe d’une photo à l’autre sans s’arrêter. Il les connait par cœur, ces photos, il sait ce qu’elles renferment, ce qu’elles évoquent. Des émotions, des vieux trucs qui pourrissent son cœur. Ces bons moments, il les revivra plus. Y’a la mort partout maintenant, y’a sa vie qui pend à un fil. Briggs il est pas à plaindre : il mange et il dort, il vit bien. Il est en sécurité, malgré ses arrière-pensées sur le régime en place. Il est pas au-dehors, à fuir les monstres affreux. Et pourtant, malgré cette sécurité et ce confort inespéré, Briggs il sait qu’il vivra plus de moments heureux.

Il a rangé son appareil, cette boîte et ses vieilles pensées. Il a fermé la porte derrière lui et, les mains dans les poches, il a trainé les pieds sur le bitume. Il sait pas vraiment où il se rend, il marche juste. Il a besoin de changer d’air le gamin, d’être ailleurs qu’enfermé dans cette chambre noire, venue d’un temps où tout allait mieux. Il pourrait se rendre chez Emma, l’ange du matin, le démon de ses nuits. Il pourrait aller chez Patty, autre rat de la même bibliothèque que lui. Pas chez les Millers, trop d’idées contraires sous ce foyer. Mais ce n’est pas là où ses pieds le mènent. Il dévale les rues, il en court presque. Il respire fortement, il a besoin de se défouler. Il pourrait sortir, se confronter au véritable danger. Mais il dépasse la brèche sans s’y arrêter. Ses pas s’accélèrent, il court. Le vent dérange ses cheveux sombres et rosit ses joues. Ses bras accompagnent ses mouvements, rapides, vifs. Ses poumons brûlent, ils manquent d’air. Ses jambes fatiguent, elles continuent d’avancer. Et un cri se fait entendre, il crie le gamin. Rage, désespoir, colère. De la déception envers ce monde. Frustration. Et l’espoir qui vole, s’envole au loin et disparait à l’horizon. Le cri s’efface aussi et les jambes s’arrêtent au bout de l’allée. Le gamin a fini sa crise.

Il rebrousse chemin. Il rentre chez lui. Les mains dans les poches, il évite les regards qu’on lui jette. Il en a fini ici, il ne lui reste plus rien à faire. Tant pis pour son service au Little France, il se rattrapera demain. C’est pas comme s’il y allait avoir grande foule au café du coin. Y’a jamais personne, de toute façon. Il marche, il pense à rien. Pas même à Emma, cette jolie fille qui lui a volé son cœur y’a bien des années. « Hey. » Il entend la voix, et il voit le visage qui va avec. Une blonde, jolie mais pas autant que son ange. Kara. « Hey. » Il répond, d’un souffle, entre ses lèvres fermées. Il adresse un signe de tête au sourire fade du médecin. « J’espère quand même que depuis le temps, t’as pas trouvé un autre médecin aussi généreux que moi… » Un rire, pas vraiment comique, pas vraiment honnête. Heureusement qu’elle était là Kara pour lui donner toutes ces ressources. Ça lui sert bien, les pansements et les pilules rondes. Et pour ses amis à l’extérieur aussi, les premières mets des morts. « T’es la plus généreuse, Kara. T’as pas à t’en faire, tu as toute ma loyauté. » Les mots sont balancés, les conversations sont pourtant plus comme avant. Il manque ce truc, ce petit truc, qui donnait de la couleur aux mots autrefois. L’espoir. La bonne humeur. La joie. L’envie. Y’a plus ça maintenant. D’un signe de tête bref, il indique le vieux bâtiment dans le dos de la blonde. « Tu cherches quelque chose, doc ? » Les mains dans les poches, les pieds qui trainent sur le bitume, le gamin nonchalant est de retour.
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MessageSujet: Re: (sean), a winding trailing of loneliness   (sean), a winding trailing of loneliness EmptyMar 11 Avr - 0:13



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- KARA WINFIELD & SEAN BRIGGS -

Naviguer en des terres désolées, Kara découvrait que c’n’était pas sa spécialité: depuis bien longtemps dans son avenir, elle avait vu se profiler l’assurance qu’elle deviendrait médecin, qu’elle aiderait les autres comme ça, et qu’elle serait utile grâce à cela. Entourée de sa famille, aimée, soutenue quoiqu’il advienne, elle n’avait jamais marché comme ça, seule et désarmée en plein milieu hostile. Ici, tout le monde avait son histoire, tout le monde avait son expérience, son petit récit dramatique; y’avait plein de gens qui avaient eu une vie merdique avant tout ça, également. Absalon et Evalia, par exemple; leur vie à eux, l’expérience durement acquise avec les déceptions et les trahisons, était quelque-chose qui faisait partie d’eux désormais. Ils n’en parlaient pas en se lamentant, utilisant tout ça comme prétexte pour leur inaction ou leurs mauvais choix; oh, Kara elle avait compris combien elle avait été chanceuse, quand elle avait entendu l’homme qu’elle aimait parler de tous les gens qui l’avaient blessé, avant. Ça ne lui faisait que plus souffrir de l’absence de sa famille à elle: ses parents avaient été des gens bien, deux adultes amoureux qui avaient donné à leur fille unique, toute l’attention qu’elle méritait. Oui, elle s’était cru être le centre de l’univers, sans pour autant prendre la grosse tête: tout ce que la Winfield avait fini par croire, c’était que c’était naturel, probablement, qu’un parent idolâtre et aime son enfant. Elle avait eu tort, puisque le passé d’Absalon, d’Evalia et de beaucoup d’autres gens, était bien différent de ça; y’avait sans aucun doute des individus qui n’auraient jamais pu faire mieux que c’qu’ils étaient devenus, quand on prenait en considération d’où ils venaient. Dans les couloirs des urgences, la blonde avait consolé des enfants martyrisés et effrayés, elle avait essayé de faire parler des femmes et des hommes apeurés: on en voyait des choses folles aux Etats-Unis, et le monde n’avait pas eu besoin des morts-vivants pour être complètement dégénéré. Kara, elle avait été dans une bulle, protégée par ses parents, protégée par Absalon; elle avait été sure que sa bulle se reconstruisait lentement mais sûrement - tant mieux - et qu’elle pourrait à nouveau se sentir marcher dans cette vie-là, un tant soit peu sauve et entourée. Sous le ciel gris triste qui planait au-dessus de Lafayette aujourd’hui, Kara était juste seule, et aucune des personnes avec qui elle plaidait comme une pauvre fille, n’semblait vouloir lui tendre un doigt. Y’avait pourtant dans la foule, des visages de gens qu’elle avait sauvés elle-même, des individus qui étaient passés par une décontamination avec elle, et qui n’seraient pas dans ce camp sans les soins qu’elle leur avait prodigués, au prix de son temps, son énergie et sa sécurité à elle. Fallait pas croire, être le premier individu que les gens traumatisés de l’extérieur voyaient une fois les hautes murailles du camp franchies, c’n’était pas de tout repos, ni complètement sauf. Elle n’s’était jamais lancée dans sa carrière à la recherche de gratitude - elle n’était pas devenue médecin pour Lafayette afin qu’on la remercie pour ses loyaux services: mais pour aujourd’hui, la Winfield aurait bien eu envie, que quelqu’un, quelque part, se sente un tant soit peu redevable.

Ils n’étaient pas stupides, tous; ils devaient bien se douter que si la jeune femme en était réduite à essayer de troquer des objets stupides contre des ressources vitales à un nouveau-né, c’était parce qu’elle en avait vraiment besoin. Et si le bébé d’Evalia finissait par mourir, à cause des restrictions, à cause de l’indifférence chaotique de la jeune mère, à cause de son incapacité à elle, à faire mieux que c’qu’elle accomplissait, de ses airs suppliants? La pensée la glaçait d’effroi trop souvent; c’était ce qui la faisait se réveiller au milieu de la nuit quand la petite Sans-Nom pleurait, et que c’était normalement à Eva d’y aller. A tant se concentrer sur un être si fragile, dépendant et innocent, Kara en oubliait au moins son propre chagrin, l’impuissance qui grondait dans ses chairs à cause de ce qu’était devenue sa propre vie, juste sous ses yeux. Sa bulle s’était littéralement effritée en miettes, et Absalon était, dans sa conscience, ajouté au cimetière de tous ceux qu’elle avait perdus. Et c’était insupportable, comme idée; le genre de songe qui pourrait aisément lui couler le souffle, la faire s’effondrer à genoux, là, dans la boue à peine sèche qui recouvrait majoritairement le sol alentours; elle était pitoyable et épuisée comme ça. Le visage de Sean, alors, qu’elle reconnut dans la foule d’autres et d’inconnus, fut un certain réconfort - loin d’être aussi significatif que si Absalon s’était soudainement montré, sorti de nulle part comme un vrai miracle qui aurait même traversé les remparts du camp et défié les interdictions du Conseil. Le Costello n’était pas là, il n’serait plus jamais là, si elle continuait à ployer sous les choix de ceux qui se disaient être les chefs de ce camp: c’était stupide, arbitraire, cruel - elle était bien une des premières à le savoir, une des premières à en souffrir. Elle était aussi aux avants-postes pour voir combien de gens disparaissaient du jour au lendemain, combien d’individus dehors avaient besoin que Lafayette reste, fort et stable comme refuge ou comme espoir à l’horizon. Elle était de ceux qui voyaient les ressources - médicales, entre autre - s’amenuiser et se faire de plus en plus difficiles à trouver; le bien de tous contre le bien d’un seul individu - Absalon, ou elle, ou eux deux contre le reste du monde? Pff, elle n’savait même pas s’il était vivant, et chaque brin de pensée qu’elle offrait à l’extérieur n’était que souffrance, peur, assurances flétries dans l’Enfer. « Ouais. Généreuse est ma qualité principale. » elle sourit, comme un brave réconfort forcé sur son faciès, ou un peu de gaité flottant dans l’air. Quand elle trouvait des alliés, ou même des amis parmi les individus de Lafayette, il n’était pas difficile pour Kara d’au moins sentir ses entrailles angoissées se dénouer, le poids de l’épée de Damoclès au-dessus de sa tête, s’alléger. Sean était-il un allié, ou un ami? Ils avaient leurs petits accords tacites, et jusque-là, c’n’était pas allé plus loin: ils avaient eu leur petite vie, leur petit rythme insouciant à Lafayette. Maintenant, les responsabilités revenaient bien trop vite en bordure de l’esprit de la blonde, jusque sur les traits de son visage angélique, brisé par l’épuisement. Elle se renfrogna sans vraiment le vouloir, ni même pouvoir le contrôler, alors, à la question qu’il lui posa; oui, elle cherchait quelque-chose, définitivement. Beaucoup trop de choses, à vrai dire. C’était comme si, partout, on essayait surtout de lui faire comprendre que ce camp, ou ce monde, n’étaient pas faits pour accueillir une nouvelle vie sortie des entrailles de quelqu’un - un bébé dont tout le monde devrait s’occuper. Mais il était là, maintenant, ce bébé, et qu’étaient-ils censés faire d’autre que d’essayer au moins de lui donner une chance à subsister? Kara, elle commençait à voir que le monde tournait bien rapidement à l’amertume, désormais, mais elle serait damnée, avant d’un jour laisser un nouveau-né crever parce que ‘c’était l’ordre des choses’.

« Ouais. On peut dire ça. J’me fais surtout envoyer balader de toutes les façons possibles et imaginables. » parce qu’elle avait surtout été privilégiée, même ici; quelle ironie. Kara n’avait pas d’ustensiles vitaux à échanger, pas de ressources nécessaires à troquer, pas de vrai argument dans la balance du marchandage qui était en place partout dans le camp. S’occuper toute seule de ça, alors, lui était impossible; à qui d’autre pouvait-elle demander? Evalia avait été sure que quand ce bébé viendrait, elle serait entourée de toute sa famille, d’Absalon et d’Hector pour l’aider. Kara s’était consolée avec ça aussi, l’assurance qu’ils étaient tous ensemble, qu’elle avait trouvé une place dans cette ‘famille’ là, elle, l’orpheline qui avait vu les siens agoniser et mourir. Elles n’étaient que touts les deux, pourtant, maintenant: une et demi, à tout casser. Insidieusement, alors, la blonde jaugea l’option qui se trouvait devant elle, en la personne de Sean, son allié. Son ami. Son elle ne savait quoi. Dans un coin de son champ de vision, elle jura voir quelqu’un de la milice trainant dans les parages; une inquiétude qui lui fit jeter un regard circulaire, puis par-dessus son épaule. « T’es occupé? On pourrait... marcher. J’ai quotidiennement mal aux pieds, avec mon job, mais prendre l’air, c’est pas si mal. » le ton était anodin, alors qu’elle offrait un rictus en haussant les épaules. Sean était serveur dans le café pas très loin de là, il vivait pour le petit brin de distraction reposante qu’il y avait à Lafayette, alors il pouvait bien se permettre de l’accompagner, non? « A moins que tu sois venu chercher quelque-chose. Si t’as des astuces à me proposer pour avoir l’air crédible quand je négocie, j’suis pas contre. » peut-être bien qu’elle n’aurait jamais l’air crédible, avec un pinceau, d’autres vieux trucs et des objets à ‘valeur sentimentale’ uniquement à troquer. « J’avais juste cru... que peut-être bien, y’avait un genre de soutien qui pouvait s’étendre, au moins parmi les gens ici. » peut-être que ce n’était pas une phrase qu’elle était censée dire; l’amertume lui brûlait les lèvres. Kara n’aimait pas être impuissante; ça lui rappelait la mort de son père, les attaques de zombies qui lui avaient coûté sa mère. Ça lui rappelait ses cauchemars, le désert, la disparition d’Absalon, et le fait que des épaisses murailles et des peurs tenaces ne les séparent, désormais. A moins qu’il ne soit mort; un songe qui lui arrachait le coeur, la blessait et lui donnait envie de crever. Mais ce n’serait pas si surprenant, dans ce monde-là.
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