Encore une fois, Lafayette avait été la scène d’un triste spectacle. En soi, Irvin s’en ficherait totalement s’il n’y avait pas une personne importante pour lui à l’intérieur des murs de la ville. Sa mère, elle était dehors. Mais Kennedy, elle, elle voulait rester dans cette ville de malheur. Il serait parti depuis longtemps si son amie n’était pas si obstinée à rester là. Il arrivait à comprendre ses sentiments, c’était chez eux, Lafayette, mais en même temps, il ne savait pas quoi faire pour lui ouvrir les yeux sur la corruption des lieux et le fait que ce n’était plus leur ville. C’était celle du conseil et de sa milice. La plupart de leurs amis étaient mort, la famille de brunette aussi… il n’y avait presque plus rien qui les attachaient à cette maison… juste des murs et quelques souvenirs. Les vivants qu’ils avaient pu connaître d’avant se faisaient malheureusement de plus en plus rare. Enfin, Irvin était un gentil toutou, un chien de garde dont elle n’avait pas forcément besoin puisqu’elle savait se débrouiller par elle-même… Les sentiments qu’il avait pour elle le forçaient à rester. Si on lui faisait une remarque sur ses sentiments pour Kenny il se contentait de prendre un air choqué en disant qu’elle était juste son amie. Pourtant, il fallait croire qu’il n’y avait bien que la concernée qui ne remarquait pas qu’il n’avait d’yeux que pour elle depuis leurs années de collège et lycée. Ce n’était pas plus mal, il ne savait comment il réagirait si elle venait à comprendre.


Enfin bref, il fallait nettoyer la ville maintenant que la tornade était passée. Au lieu de laisser des débris, elle avait laissé des zombies et des cadavres bien morts. Elle avait aussi laissé des prisonniers dont le sort était entre les mains du conseil… Torturer ou non ces personnes. C’était un choix qu’il était content de ne pas avoir à faire. Une part de lui était contre, celle qui était restée coincée à l’époque où tout allait bien. L’autre part était moins humaine. Sans être totalement pour la torture, il était possible que ce soit la seule solution pour espérer des réponses… Il se détestait de penser ça. Quoi qu’il en soit, il avait rejoint Kennedy pour aller patrouiller et s’occuper des rôdeurs qui traînaient encore dans le camp. « Tu veux encore rester après tout ça ? C’est quoi ? La quatrième attaque de la ville ? Lafayette n’est pas si safe… » Dit-il dépité en ouvrant la porte de la maison où créchait un de leurs amis avec d'autres gens. Ils étaient amis depuis le collège et Irvin ne l’avait pas vu depuis l’attaque. Il craignait le pire tout en espérant que ce ne soit pas grand-chose… peut-être qu’ils n’avaient juste pas eu le même programme et pas l’occasion de se croiser… Il était donc concentré sur son inquiétude et en même temps sur l’envie que la brunette comprenne enfin que Lafayette n’était pas ce qu’elle croyait… pas ce qu’elle voulait… ça ne l’était plus. En tout cas, de son point de vue à lui…

Bon sang, parfois Irvin avait envie d’assommer Kenny et de la traîner hors de la ville. Mais elle serait clairement furax et son réveil et le brun n’avait pas envie de prendre ce risque. Pourtant, ça le frustrait au plus haut point qu’elle ne comprenne pas combien la vie était malsaine entre les murs de la cité. Ce n’était plus leur chez eux. Ce n’était plus l’Amérique libre mais une putain de tyrannie et il avait l’impression d’être le seul. Ce n’était peut-être pas plus safe dehors, mais là au moins, ils pourraient vivre selon des principes réglos et il n’était pas question d’avoir à pointer, d’être contrôlé et surveillé. Ils pourraient avoir des armes pour se défendre, ils pourraient boire de l’alcool pour se changer les idées et ne pas subir la suprématie du conseil. Irvin était d’ailleurs prêt à parier que certains membres du conseil avaient de l’alcool… « Faites ce que je dis, pas ce que je fais », ça leur ressemblerait bien comme principe. Il leva donc les yeux au ciel à la remarque de la brunette. « On serait pas des moutons que le conseil peut sacrifier si besoin, au moins. » Dit-il simplement avant de suivre Kennedy à l’intérieur. Clairement, c’était le bordel là dedans… pas que ce soit très rangé chez lui, mais là, c’était un peu trop en bordel. Il y avait fort à parier que des intrus avaient fouillé les lieux… Pourvu que Ash ait eu le temps de s’enfuir et d’aller se planquer quelque part. Il leva la tête vers le plafond en entendant du bruit à l’étage.

La brune appela leur ami alors qu’Irvin vérifiait quelques pièces du rez-de-chaussée. Au moins, s’il y avait quelqu’un ou quelque chose à l’étage, ils ne risquaient pas d’être surpris en plus par quelqu’un ou quelque chose à leur niveau. Il revint vers Kenny lorsqu’il considéra que le rez-de-chaussée était safe. Ils allaient devoir monter. Sans vouloir être pessimiste, une part de lui s’imaginait le pire. Si c’était bien Ash qui était en haut, alors le fait qu’il ne réponde pas était assez significatif de son état… Kennedy aussi devait le sentir. Ils avaient l’habitude de perdre des amis… contrairement à ce qu’on pouvait croire, ça ne devenait pas moins difficile à encaisser… C’était toujours la même douleur… Il inspira profondément avant de passer devant Kenny et montrer les marches avec une certaines prudence. Il se doutait qu’elle n’allait surement pas aimer qu’il agisse en pseudo mâle protecteur, mais il préférait sa colère que prendre le risque qu’elle soit blessée… Si Kennedy n’avait pas été la fille dont il était amoureux, il l’aurait laissé jouer les femmes fortes et respecterait ça. Mais le fait qu’il ne veuille pas la perdre le rendait trop protecteur… bien-sûr, il savait qu’elle était forte, mais c’était plus fort que lui. Une fois dans le couloir de l’étage, il ouvrit la première porte, c’était une chambre apparemment vide. « Y a rien ici… » Dit-il en se tournant vers la belle. Il était temps de passer à la pièce suivante… Il avait ôté le cran de sécurité de son arme et même s’il espérait ne pas avoir à s’en servir, il préférait être prêt à toute possibilité.