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 painkiller / judith

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MessageSujet: painkiller / judith   painkiller / judith EmptyMar 18 Avr - 0:31

« Sinon quoi ? Vous allez m’exécuter moi aussi ?  » Cette phrase résonnait dans sa tête sans jamais disparaître. Le simple fait de l’entendre encore réussi à sortir Randy de son sommeil. Il s’était assoupi sur le canapé comme le laissait présager le livre qui lui avait glissé des mains et ses lunettes qui menaçaient de tomber de son nez. « Vous allez m’exécuter moi aussi ?  » Un juron s’échappa de sa bouche pâteuse alors que son cerveau lui répétait cette maudite phrase. Encore et encore il entendait ce gamin lui dire la même chose. Si bien qu’il en avait presque oublié la douleur qui le tiraillait à l’épaule. Il n’avait suffi que d’un simple mouvement pour refermer son livre pour que son épaule le rappel à l’ordre. Dans un grognement douloureux, il s'extirpa du canapé, arrachant ses lunettes pour les jeter mollement sur la table basse. Il se souvenait maintenant qu’il attendait la venue de Judith. Une gamine dont le nom lui était parvenue par les dires de Saul, d’abord pour la garde de sa nièce puis pour son affection à l’infirmerie. Il ne s’était pas mêlé directement de cette affaire, laissant son ami lui faire comprendre l’importance des rôles de chacun. Saul semblait porter une confiance toute particulière à la jeune femme, suffisamment pour la recommander lorsqu’il avait remarqué ses douleurs.

« Sinon quoi ? Vous allez m’exécuter moi aussi ?  »


Plusieurs altercations s’étaient déclenchées suite à l’annonce. Randy s’était imposé entre un résident particulièrement virulent et un milicien échauffé. Il avait tant bien que mal séparé les deux, non sans prendre un ou deux coups perdus. S’il avait pu raisonner le milicien assez facilement, il en fut tout autre pour le résident qui n’apprécia guère l’intervention du chef. Randy avait haussé la voix, menaçant l’homme de subir les conséquences de ses actes. Une phrase de trop dans une situation que trop tendue. « Sinon quoi ? Vous allez m’exécuter moi aussi ?  Vous allez tous nous tuer un par un ? Celui qui dit non, BAM, une balle dans la tête ! Si c’est ça je préfère vivre dehors, libre ! » C’est finalement d’autre résident qui était venu à bout de l’homme, l’éloignant du chef muet, plus que désemparé.

Dans ce contexte que trop particulier, Randy refusait de se montrer à l’infirmerie pour faire examiner son épaule. Tout le monde l’aurait vu. Tout le monde aurait parlé. Peut-être même qu’on aurait refusé de le soigner. Paranoïaque, il avait préféré souffrir en silence. Il s’était néanmoins très vite ravisé, de peur que ça empire, de peur ne pouvoir plus rien faire avant des semaines. Il avait fait appel à Judith, ou du moins fais passer le mot par un milicien sans aucun détail. Elle était simplement convoquée à la mairie à une heure précise. Une heure qui approchait et qu’il aurait sans doute manqué s’il ne s’était jamais réveillé. Dans un timing parfait, il ouvre la fenêtre quand il aperçoit la jeune femme à quelque mètre du porche de la Mairie. Il faisait sombre mais pas encore nuit. Il avait donné une heure tardive sans pour autant lui faire enfreindre le couvre-feu. « Sykes. Premier étage à droite. » Qui lance à travers la fenêtre ouverte. Il la suivit du regard jusqu’à ce qu’elle pénètre dans le bâtiment et s’assura qu’aucun regard indiscret n’est enregistré. Bien sûr que cette convocation n’était pas passé inaperçue, peut-être avait-elle prévenue ses proches, peut-être avait-on entendu le milicien la convoquer. Mais il y avait déjà suffisamment de rumeur qui nourrissaient les survivants.

Randy s’était détaché de la fenêtre pour aller ouvrir la porte sans attendre qu’elle se présente derrière, un signe silencieux pour l’inviter à rentrer sans manière. Il l’entendit grimper les marches et marcher jusqu’au bureau. Il versait naïvement de l’eau dans deux verres quand une silhouette fit son apparition dans le cadre de la porte, alors qu’il avait écouté avec précaution le rythme de ses pas. Il aurait juré déceler une pointe de méfiance. « Hey, rentre. Ferme la porte. » Il déposa la carafe d’eau, attendant le cliquetis signification de la porte correctement fermé pour entamer quoique ce soit. Il finit par lui faire signe de s’asseoir sur le fauteuil quand il prenait place sur le canapé. Un emplacement qui laissait présager rien d’alarmant, une atmosphère qu’il voulait plutôt détendue malgré que toutes ses précautions disaient le contraire. «On a jamais eu le temps de se parler, je crois. » Il lui fait signe de se servir, portant son verre à ses lèvres. « Saul m’a parlé de toi. Il me parle souvent de toi, en fait. Je sais qu’on dirait que son cœur hiberne sous sa carcasse d’ours mais… faut croire que non. » Un rire lui échappa, manquant au passage de s’étouffer avec sa dernière gorgée alors qu’il imagine son ami en ursidé grognon. Il regretta assez vite quand son épaule tira de nouveau le signal d’alerte. « Il dit que tu t’en sors bien à l’infirmerie. Et c’est tant mieux, ça aurait été idiot de perdre plus de temps à nettoyer. » Un silence s’imposait alors qu’il appuyait ses bras sur ses cuisses, tachant de trouver une position moins douloureuse. Il cherchait aussi un moyen de savoir si elle était bien celle que Saul disait qu’elle était avant de lui confier son problème. « Est-ce que tu lui fais confiance ? Je veux dire, confiance comme lui te fais confiance ? »
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Judith Sykes
Judith Sykes

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MessageSujet: Re: painkiller / judith   painkiller / judith EmptyJeu 27 Avr - 8:30

« painkiller. »

Une boule au ventre, Judith franchit les derniers mètres qui la séparent de son jugement. Elle a un peu de mal à réaliser, probablement à cause du manque de sommeil et des pensées qui tourbillonnent encore et toujours dans sa tête. Des images de sa mère, des souvenirs de leurs mots échangés au-dessus de ses mains ensanglantées, mais également d’autres réminiscences, plus floues et plus agréables. Est-ce qu’il l’avait vraiment balancée, encore une fois ? Quelle autre raison pourrait pousser Randy à faire appel à elle ? Elle se souvient de la mine sérieuse du milicien quand il a frappé à sa porte ; elle se souvient aussi du fait qu’il n’avait pas l’air beaucoup plus âgé qu’elle, qu’il était livide et que les cernes sous ses yeux ressemblaient davantage à des valises qu’à de simples marques de fatigue. Avec la nouvelle de Pratt, les esprits s’étaient échauffés et visiblement, tout le monde en pâtissait d’une façon ou d’une autre. Mais la concernant, est-ce que ça voulait dire que Saul était allé cafarder à son meilleur ami, une fois la porte de chez elle refermée ? Ce ne serait pas la première fois qu’il faisait passer le « bien commun » avant le bien d’autrui. Fichue manie de militaire qui l’avait fait pester à son sujet pendant des jours entiers, jusqu’à ce qu’il lui refourgue périodiquement Agate. Agate, qu’elle avait dû rendre à son oncle sans avoir la force de le confronter au sujet de la convocation mystérieuse. Elle a juste laissé la gamine dans l’entrée, les yeux lourds de sommeil, en lui disant d’aller se recoucher. Puis Jude s’est rappelé que ça faisait des mois qu’elle n’avait pas été capable d’avoir une nuit complète. Une bonne nuit. Une nuit sans cauchemars. Et quelque chose lui dit que c’est pas près de s’arranger, cette histoire.

Elle s’immobilise sur le perron de la porte ouverte, maudit un peu le plancher qui grince juste assez pour faire remarquer à Lee qu’elle hésite. La demi-seconde de trop. Ses yeux encore gonflés passent sur la silhouette, sur le profil, puis glisse sur le regard calme quand il l’interpelle. Ils n’ont jamais vraiment discuté, tous les deux : qu’est-ce qu’ils auraient pu avoir à se dire après tout ? Une gamine et un membre du conseil. Judith est sûre qu’il parle plus souvent avec son père. Un shérif et un militaire, ça a plus de sujets de conversation à couvrir. Alors pourquoi la faire venir ici ? Elle s’est rarement déplacée aussi tôt parmi les baraquements – un poil assez tard pour respecter les couvre-feux, mais suffisamment tôt pour éviter de croiser les autres rescapés de l’apocalypse. Elle l’observe et elle obéit à son injonction, pousse la porte du bout des doigts jusqu’à ce qu’elle claque avec un bruit caractéristique, s’avance vers l’autre partie du canapé en attrapant un verre d’eau. Ouais, elle transpire un peu la méfiance la brunette, mais en même temps elle est résignée. C’est pas l’eau qui va la tuer, c’est pas les remontrances de Randy qui la feront se sentir mal. Un tempérament d’adolescente têtue, dirait Saul. D’ailleurs son nom surgit un peu de nulle part et, si elle avait la moindre honte – si elle était la moitié de la gamine qu’on pense – elle aurait détourné le regard ou rougit en repensant à ce qui s’est passé hier soir. L’engueulade et les baisers. Les soupirs et les aveux. Sauf qu’elle maintient le regard de Lee, ose même soulever un sourcil en portant le verre à ses lèvres pâlichonnes.

« Un ours serait majoritairement plus aimable. »

Les mots filent sans ton réel, ses grands yeux clairs enregistrant la moindre information qui se passe devant eux. La quinte de toux qui suit le rire. La grimace qu’il dissimule dans un sourire. La crispation de son corps dans un élan de douleur. Elle tente de se souvenir de tout ce que Primrose lui inculque au fil des jours – des informations qu’elle glane aussi auprès de Kara et des autres médecins. Il fait mention de la délation qui l’a poussée à œuvre pour l’équipe médicale alors qu’elle se terrait chez les Nettoyeurs et, inconsciemment, ça tire sa sonnette d’alarme. C’est peut-être con, mais sa méfiance n’est pas partie pour autant. Elle manque sûrement de sommeil, ça explique sa paranoïa, néanmoins elle ne peut pas s’empêcher de pincer les lèvres. Doucement. Pourquoi autant de causette ?

« Prim m’aide à… être plus utile. C’est un bon professeur. »

Le surnom est familier, elle ne se rend compte qu’un peu trop tard pour le modifier. Qu’importe, il doit probablement savoir qu’elle s’entend bien avec la médecin. Quelque part, ça l’aide qu’une personne la pousse à prendre plus d’initiatives et de responsabilités, tout en sachant quand l’aiguiller ou simplement piquer sa curiosité avec les bonnes informations. Ce n’est pas comme l’école de médecine : c’est mieux et plus chaotique à la fois. Randy continue sur sa lancée, il porte un œil attentif sur elle. Il la surveille autant qu’elle le guette. Est-ce que c’est ça qu’il veut vraiment savoir ?

« Ça ne te regarde pas. »

La phrase est sortie machinalement, sans animosité ni hésitation. C’est la pure vérité. Elle respecte son autorité en tant que membre du conseil, mais la relation qu’elle entretient avec Saul, ses hauts et ses bas, ne la regardent qu’elle. Elle et lui, quand il arrête de gueuler et qu’il a besoin qu’elle garde sa nièce. Pour chasser le malaise qui menace de s’installer, elle vide d’un trait son verre d’eau et se lève, tapotant du plat de l’index le contenant vide.

« La psychologie, c’est plutôt le domaine de Primrose. Et vu la grimace que tu essaies de retenir dès que tu bouges les bras, je dirais que c’est elle que tu aurais dû appeler. »

Sauf s’il ne voulait pas que ça se sache, que la moindre rumeur ne puisse venir aux oreilles des autres. De ceux qui enrageaient du meurtre injustifié de Pratt. De ceux qui avaient collé une beigne à Saul et amochés d’autres miliciens. Ce n’est pas à cause de l’unijambiste qu’elle est là ce matin. Pour une fois, il n’est pas vraiment en cause. Quelque part, ça la soulage de s’en rendre compte et elle lâche un soupir en posant le verre sur la table basse, réduisant d’un pas la distance avec Lee. Machinalement, dans le même mouvement, elle tire l’élastique attaché à son poignet pour relever sa tignasse un peu désordonnée sur sa nuque. Un geste qui menace de devenir plus familier que le simple fait de respirer.

« Saul a reçu un mauvais coup hier, j’imagine que c’est pas le seul. » Elle penche légèrement la tête sur le côté, ses lèvres se retroussant légèrement. Presque un début de sourire qu’elle lui offrirait. « Est-ce que tu veux poser d’autres questions sur sa façon de choisir ses amis, ou est-ce que tu veux que je jette un œil au réel problème ? »

Mouvement du menton vers l'avant, sourcil droit haussé en guise d'interrogation. Alors, qu'est-ce que ce sera pour monsieur ?
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MessageSujet: Re: painkiller / judith   painkiller / judith EmptyVen 28 Avr - 8:32

Si Lee pense avoir le contrôle sur la situation, il se trompe assez rapidement. Il n’a aucune pression sur la jeune femme, pas même d’autorité. Elle refuse de lui répondre, sans la moindre angoisse si ce n’est un brin d'arrogance qui le fait tiquer. Elle se lève et le sang du conseiller manque de ne faire qu’un tour en pensant qu’elle partait. Il la voyait déjà claquer la porte, comme une ado capricieuse qui refusait d’entendre un sermon. Heureusement pour elle, elle ne fait que se lever et Randy garde son sang-froid. Alors même qu’elle ne prend pas la peine de cacher son agacement. Il espérait quelqu’un de moins confiant, pour en finir rapidement avec cette histoire. Il cesse de froncer les sourcils et se retient finalement un sourire amusé. Il comprenait un peu mieux pourquoi ce vieux bougon de Saul lui avait parlé de la gamine. Il en fallait pour lui tenir tête. Cela ne confirmait cependant pas la confiance qu’il cherchait en elle. « Sa porte est au bout du couloir, tu crois pas que je me suis déjà déplacé pour qu’elle s’occupe de mon épaule ? » Il est resté assis sur le canapé, aussi nonchalamment que son ton, un sourcil haussé. Il douillait, c’était une évidence qui ne passait pas inaperçu et là était bien son problème. « J’ai pas perdu mon temps avec quelqu’un qui préfère traîner avec des rôdeurs plutôt que d’aider les gens à ne pas en devenir un. » Si ça sonne comme un reproche, c’est parce que en est un. Il n’avait jamais mis son nez dans cette histoire mais il ne manquerait pas une occasion de lui rappeler tant qu’elle n’avait pas fait ses preuves. « Ce qui, forcément, m’amène à douter sur la confiance qu’il te donne. » Il se montre soudainement plus concerné, forcément et plus stricte sur ce qu’il veut. Son regard persiste sur le sien alors qu’il laisse le silence qui suit traduire la pression qu’il essaye d’obtenir depuis son arrivé.

Difficile néanmoins de ne pas contenir une énième grimace quand son épaule le relance. Il abdique dans un rire mélangé à un soupir. « Je confirme. Primrose est un bon professeure et tu es apparemment une bonne élève. J’ai dû lui mentir pour pas qu’elle s’en rende compte. » Il aurai bien haussé les épaules mais il sait à l’avance qu’il regretterait. Il se savait très mauvais acteur mais il ne refusait pas à donner un peu de crédit à Judith. Il était peu probable qu’il la convoque juste pour mettre son nez dans leurs histoires. Couplé à son visage crispé par la douleur et sa prise de poste à l’infirmerie, le tout devenait assez clair. D’une main, il tente de relever son t-shirt en l’attrapant par le bas pour le tirer au-dessus de sa tête. Il grogne, il a mal, forcément. Mais il se force d’un coup et finit par s’en débarrasser. « Je pensais que ça allait passer mais non, cette épaule me fait un mal de chien. Fais donc ce à quoi t’es douée. Tu trouveras peut-être ce dont t’as besoin dans le tiroir là-bas. » Il désigne le tiroir en question alors cherche la bonne position à avoir pour se faire examiner. Il ne juge pas nécessaire de préciser quelle épaule lui donne aussi mauvaise mine. La rougeur évidente s’étale jusqu’à son dos redessiné par un impressionnant tatouage.

Son regard se perd dans un recoin futile de la pièce pendant qu’il laisse la jeune femme faire ce qu’elle à faire. Aucun commentaire si ce n’est des râles douloureux qu’il tente de contenir tant bien que mal quand elle s’amuse à le faire bouger. Il semble néanmoins bien plus contrarié par leur début de conversation que son inflammation musculaire. « Tout ce qui se passe entre ses murs me regarde. » Ses yeux sont toujours fixés sur ce point imaginaire mais le ton déterminé de sa voix en dit assez sur sa pensée. Elle avait peut-être été maline sur ce coup, il n’en resterait pas là. « Tout, Sykes. Si la femme de Thomas couche avec le voisin, je veux le savoir. Parce qu’un jour Thomas comprendra que sa femme n’a rien de pieuse et il pétera un plomb. Peut-être qu’il ne fera que chouiner, peut-être aussi qu’il attrapera le premier couteau de sa cuisine pour aller leur parler. » La suite, ils l’avaient déjà connu. La mort se propage et les innocents sont emportés avec elle. Les barricades servent essentiellement à la menace extérieure encore vivante. Ils n’étaient pas à l’abris d’un de ces monstres. Et une scène de ménage pouvait rapidement se transformer en cauchemar général. « Je ne suis pas paranoïaque. Les gens sont sur les nerfs. Ils ont peur. Un rien les fait déraper, surtout dans un monde où il est devenu si facile de tuer ou se faire tuer. » Il se redresse vivement au mouvement de trop, piqué par la douleur. Il préfère croire qu’elle ne l’a pas fait intentionnellement et se garde tout commentaire quand ses réactions en disaient déjà assez. Il attend que ça lui passe, inspirant un grand coup avant de reprendre avec fermeté. « Et ça me regarde d’autant plus quand il s’agit de mes gars. » Il doutait sincèrement que Saul se fasse avoir par une gamine. Malheureusement, il avait déjà vu des gamines qui payaient pas de mine -encore que moins que Judith, prendre les armes et abattre des colosses. Tout était possible. « Est-ce tu vas me dire maintenant ou je dois jouer la carte des menaces ? Il tourne son visage vers elle, anticipant une réponse qu'il ne voit que trop venir. Et me sort pas que t'es pas la femme de Thomas. Tu sais très bien ou je voulais en venir avec cet exemple. »
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Judith Sykes
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MessageSujet: Re: painkiller / judith   painkiller / judith EmptyVen 28 Avr - 10:59

« painkiller. »

La réplique de Randy ne se fait pas attendre et quelque part, Judith a l’impression d’entendre Saul dans les mots qu’il utilise. Il n’a pas le ton aussi revanchard, mais cela lui ramène quand même de mauvais souvenirs. Un peu de bile aussi, bien qu’elle ne sache toujours pas si elle est dégoutée par sa propre lâcheté ou par la propension des autres à vouloir lui dicter ce qu’elle devrait faire. Ses connaissances théoriques en médecine ne font pas d’elle une guérisseuse au même titre que Kara ou que Primrose ; elle apprend encore, tous les jours, elle fait des erreurs. Et un jour, peut-être que l’une de ces erreurs finira par coûter la vie à quelqu’un. Un luxe qu’ils ne peuvent décemment pas s’offrir. Inévitablement, cela la fait réfléchir à propos de l’opération qu’elle a dû faire hier : a-t-elle correctement suturé la plaie ? aurait-elle pu agir autrement ? mieux ? Sans équipement, la vie d’Aspen est tombée directement et littéralement entre ses mains. Une fille qui se retrouve à devoir sauver sa mère. Et qui, aujourd’hui, se demande si elle n’aurait pas pu faire les choses différemment. Non. Le camp était trop loin pour ça, elle n’avait pas de temps à perdre. Elle avait fait ce qu’elle pouvait, avec ce qu’elle avait sous la main. Aspen était pâle lorsqu’elle l’a quittée. Pâle, mais en vie. A la fin, c’était tout ce qui comptait, non ?

Judith ne relève pas les remarques du militaire, le laissant probablement se dire qu’il a raison. Il a raison, sur certains points, mais pas sur tous. Si elle s’est tournée vers le nettoyage, c’est parce qu’elle ne s’estimait pas prête – pas utile. Ils ne lui ont pas laissé le choix et c’est davantage ça qu’elle regrette que le transfert en lui-même. Elle peut comprendre l’urgence de la situation, mais cela ne veut pas dire qu’elle cautionne le fait d’avoir été balancée d’une équipe à l’autre comme un outil. Cela ne rend pas la délation de Saul plus agréable ou le sermon de Lee moins agaçant. Une partie d’elle aimerait simplement tourner des talons, être cette gamine, cette foutue adolescente qu’ils voient encore dans son assurance presque rebelle. Sauf qu’elle ne le fait pas. Elle reste et elle attend qu’il daigne passer à autre chose. C’est tout juste si elle finit par relever à la dernière phrase du conseiller quelque chose qui lui arrache un demi-sourire.

« Dans ce cas, ce n’est pas moi que tu remets en doute, mais la capacité de jugement de Saul. Il n’a pourtant pas l’air d’être le genre à se laisser berner par… » Elle fait un bref mouvement de la main vers son corps. « De jolis yeux. »

Encore une fois, Jude ne cherche pas à le provoquer – pas directement. Elle énonce juste les choses telles qu’elle les voit et parfois, ça peut mettre en rogne des gens. Saul est facilement exaspéré par sa vilaine manie. Et c’est tout de même pas entièrement sa faute si elle est d’humeur moins joyeuse qu’à l’accoutumée. Est-ce utile de rappeler qu’elle a somnolé plutôt que dormi ? Ses prunelles se rivent aux siennes, glissent ensuite sur les mouvements difficiles qu’il fait pour se délester de son tee-shirt. Elles s’attardent, un peu plus longtemps que nécessaires, sur les dessins qui marquent la peau. Circonvolutions à l’encre de chine. Cicatrices poétiques. Vestiges du passé. Quand il s’adresse de nouveau à elle, le regard de Judith est revenu plus haut, seule demeure la curiosité.

« Douée, je ne sais pas. Je vais tâcher de t’éviter l’amputation, ceci dit. »

Elle exhale un début de rire qui grince un peu dans sa gorge quand elle s’éloigne, prenant la trousse de premiers secours dans le tiroir. L’espace d’une seconde, elle se demande si tous les membres du conseil ont cette petite cache rien qu’à eux, mais l’idée passe en coup de vent. Elle se concentre sur ce qu’il lui demande ; parce qu’il n’a pas tort, c’est probablement l’une des seules choses qu’elle sait faire. Qu’elle pourrait peut-être finir par faire les yeux fermés, si on lui en laissait le temps. D’apprendre et de vivre. Les mains de Judith sont froides lorsqu’elle les pose délicatement de part et d’autre des zones contusionnées. Elle s’excuse doucement, les sourcils froncés sur ses orbes clairs qui examinent pendant que les doigts palpent, jaugent, estiment. A première vue, l’épaule n’est pas démise. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir une vilaine tête. La voix de Randy s’élève à nouveau, plus dure que tout à l’heure. Curieusement, elle parvient à ne pas se laisser atteindre, focalisée sur son travail. Manipuler le bras du militaire, déterminer si les points atteints sont simplement musculaires ou osseux, s’il s’agit de nerfs enflés ou de quelque chose de plus grave. Tout ce qui se passe entre ces murs me regarde. Et le reste n’est pas moins autoritaire, ou déplaisant à entendre. Elle aurait serré les dents si elle se serait retrouvée face à lui, mais fort heureusement les contusions sont localisées vers l’arrière, ce qui lui permet de garder au maximum son sang-froid. Cela n’a rien à voir avec l’instinct de rébellion adulescent qu’on lui impute : c’est juste qu’elle n’aime pas ça, pas le fait de devoir justifier à un illustre inconnu comment elle gère ses relations. Elle persiste à penser que ça ne le regarde pas. Que si elle a envie d’envoyer chier Saul et de l’embrasser la seconde d’après, ça ne regarde qu’elle. Que si elle a besoin d’être seule quand rien ne va, ou de trouver quelqu’un pour oublier, ça ne regarde qu’elle. Sa main passe sur une protubérance nerveuse qui fait brusquement se raidir Randy – elle jure qu’elle n’y prend aucun plaisir, même si y’a quelque part cette minuscule, minuscule petite voix qui lâche un rire amusé. C’est moche de rire de la douleur des autres, même si c’est humain dans le fond. Même si elle ne lui souhaite aucun mal à Randy, juste qu’il se mêle de la sécurité du camp et de gérer les personnes qui veulent sa peau pour la mort de Pratt plutôt que de savoir si elle fait confiance à Saul ou non. Il tourne à demi le visage vers elle, attendant une réponse positive alors qu’il sent venir la rebuffade. Elle ne lève pas les yeux, continuant son examen avec un sérieux déroutant. Totalement impassible.

« J’ai couché avec Pratt. » Sans lui laisser le temps de réagir, elle passe devant lui cette fois, scrutant l’épaule pour déterminer l’étendue des dégâts. « Tu ne le savais pas et ça n’a pas été déterminant dans son procès. Je lui faisais confiance. Et je pense que lui aussi. » Sa main droite glisse, presque comme une caresse, le long de son bras blessé jusqu’à sa main qu’elle survole. Entre ses doigts, elle fait tourner les mécanismes, les rouages afin de savoir si l’accroc est présent ailleurs. S’il se répercute sur d’autres éléments. Lentement, zone après zone, elle réduit les diagnostics en se fiant aux réactions des muscles. Quand ils se crispent et quand ils restent détendus. « Je te fais confiance pour garder les murs en état. » Cette fois, ses pas mènent Judith vers l’arrière. Elle laisse sa dextre flotter au-dessus de la même bosse longiligne. La peau est chaude, rougie par endroits. « Je fais confiance à des personnes qui t’admirent, et à d’autres qui pensent que vous êtes allés trop loin cette fois. Je fais confiance à mon père pour nous garder en vie, ma sœur, ma nièce et moi. Je lui fais aussi confiance sur son opinion au sujet des miliciens. La plupart du temps. » Elle jette un coup d’œil à la trousse, inutilisée. « La confiance, c’est tout et rien à la fois. La confiance que j’avais en Pratt et celle qu’il avait en moi ne m’a pas rendue aussi hystérique que les autres, hier. La confiance que j’ai en toi, en tant que membre du conseil, ne fait pas de nous des alliés en-dehors de ça. Je ne te connais pas. » Distraitement, elle fait courir un index sur l’ébauche d’un chemin d’encre, puis se reprend aussitôt et s’écarte d’un pas. « Je connais Saul. Un peu. J’ai confiance en lui pour prendre les décisions qu’il estimera juste pour Agate et pour les autres. J’ai confiance en lui pour être là quand j’en ai besoin, même s’il râle plus qu’il ne parle. »

Elle croise les bras sur sa poitrine cette fois, le contournant pour lui faire face. Ce n’est pas la réponse qu’il espérait, pas totalement, mais qu’importe. C’est tout ce qu’elle consentira à lui dire au sujet des sentiments qu’elle éprouve envers Saul. Principalement parce qu’elle veut garder le reste pour elle, partiellement parce qu’il y a des détails que même elle ne comprend pas. Judith tend le bras pour coller son poignet contre le front de Lee, prenant sa température avant de conclure, toujours aussi calme :

« Tu as l’épaule luxée, probablement. Et une inflammation de tendons. » Elle se penche vers lui pour effleurer la protubérance dans son dos. « Et ça, my friend, c’est un nerf qui n’a pas du tout aimé ce qui s’est passé. » Jude se redresse, reprenant ses distances. « Normalement tu devrais porter une écharpe, prendre pas mal d’anti-inflammatoires, mettre des poches de glace et, surtout, éviter au maximum de bouger le bras. Mais j’imagine que tu ne vas rien faire de tout ça. »

Elle le confronte avec un regard mi-moqueur, mi-résigné. S’il voulait afficher ses faiblesses, il ne l’aurait pas convoquée presque en secret. Il aurait aussi avoué à Primrose qu’il avait d’autres blessures et, au pire des cas, il se serait rendu à l’infirmerie ce matin.

« Je ne vendrais pas la mèche à Primrose, mais si elle s’en rend compte, ce qui ne tardera pas, elle va probablement t’attacher à ton lit. » Judith remue la tête, hausse les épaules. « Ou elle te dira simplement que t’as été imprudent de vouloir lui cacher ça et elle te forcera à mettre une écharpe quand tu ne seras pas en public. »
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MessageSujet: Re: painkiller / judith   painkiller / judith EmptyDim 30 Avr - 2:00

A un certain point, Lee ne sait plus s’il grogne de douleur ou d’impatience. « Tu joues avec les mots Sykes. » Il a l’impression qu’elle le mène en bateau avec ses histoires de confiance. Tout à l’air si simple sortit de sa bouche. Lui aussi aimerait faire confiance à chacun, qu’importe leurs choix et leurs actions. Mais tout ne marchait pas aussi facilement et la neutralité était un luxe dangereux qu’il ne pouvait et ne voulait pas prendre. Le silence retombe et son examen semble terminé. Au moins, elle avait répondu. La sentence tombe et il n’a pas l’air si surpris. Il avait tenté de se convaincre mais il fut forcé d’avouer qu’un bleu ne l’emmerdait pas autant. La source de son mal paraît plus qu’évidente. « Personne n’a aimé ce qu’il s’est passé. » Le militaire compris. Lee n’avait pas demandé à son meilleur ami de l’épauler au Conseil pour ensuite lui demander d’abattre des gamins désobéissant. Il avait encore moins demandé un tel chao au camp. « Tu vendras la mèche à personne, c’est aussi simple que ça. » L’ordre fuse sans attendre qu’elle joue les malines plus longtemps. Le savon que Primrose finira par lui passer est à des kilomètres de ses préoccupations. Il préférait se confronter au regard réprimant de la médecin plutôt qu’aux jugements des résidents du camp. Ce n’était pas le moment pour lui de sortir le bras dans une écharpe, incapable de quoique ce soit si ce n’est gueuler des ordres.

« Merci… pour ça. » Des remerciements finalement sortis de nulle part. Le conseil quitte le canapé, saisissant au passage son t-shirt de son bras encore vif. Il se doute qu’elle n’est pas venu de bonté de cœur et qu’à cette heure-ci, cela devait très certainement passé pour une corvée doublé d’un interrogatoire agaçant. Il ne culpabilise pas, bien content de pouvoir enfin s’adresser à la jeune femme seul à seul. Ce n’est pas une raison néanmoins pour se montrer ingrat. Il finirait sûrement par appliquer ses conseils, cachés des yeux de tous. « Les gens ont l’air de bien t’apprécier, de ce que j’ai pu voir ou entendre. T’as du répondant, t’es débrouillarde, tu apprends vite. T’es pas la gamine dont il faut constamment surveiller les fesses. » Il se veut sincèrement mais ne change pas d’attitude pour autant. Il est distant, observateur. Il est là pour l’avertir, une seule fois seulement. « C’est surement pour ça que Saul te confie sa gamine et que Prim te transmet autant de chose. Ils ont bien raison, on a besoin de gens comme toi. » Randy jette un coup d’oeil à Judith, préférant appuyer ses propos d’un regard franc. Puis il zieute son t-shirt avant de déterminer qu’il s’agissait d’une mauvaise idée. Il s’éloigne le temps de chopper la première veste qui lui vient, ce qui serait plus facile à enfiler qu’à ce qui s'apparenterait à un instrument de torture à manche.

En quelque pas, il revient à elle après s’être couvert non sans mal. L’intimité de l’endroit ne l’épargnait pas d’une quelconque décence. Il anticipait une interruption soudaine d’un indésirable qui serait tombé sur la scène. Lee se plante devant elle, le menton quasiment collé à son torse pour la regarder dans les yeux. « Mais laisse-moi te dire un truc… Tu ferais mieux de choisir de ton camp et rapidement. Je ne te dis pas lequel choisir, je te dis juste de le faire. » Ca n’a rien d’une menace. C’est un sérieux conseil qu’il lui donne là. Les mains plongés dans les poches de sa veste, il se montre calme car il n’a rien à démontrer. « Si tu crois que rester neutre te garde en sécurité, tu te trompes. Tu ne fais que te retrouver entre deux feux dont tu subiras les dommages collatéraux le jour où tout explosera. » Il hausse un sourcil ; tu sais que j’ai raison. Tu sais que ça sera la merde ce jour-là. « J’espère jouer les cons ici et devoir te présenter mes excuses dans quelque temps. Mais en attendant, la situation presse. Alors ne fait pas perdre de temps aux gens. Surtout pas le nôtre. » Il ne voulait pas voir les efforts des membres du Conseil vain à cause d’une gamine indécise. Randy espérait sincèrement se tromper sur son cas. Il aimerait voir ce que voit Prim ou Saul, une gamine au fort potentiel. Mais il lui fallait bien que ça.
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Judith Sykes
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MessageSujet: Re: painkiller / judith   painkiller / judith EmptyLun 1 Mai - 4:35

« painkiller. »

Randy n’aime pas sa façon de tourner autour du pot, quand bien même elle finit par lui donner ce qu’il veut. Elle l’observe un peu plus attentivement, cherchant dans son regard ce qu’elle devine dans ses mots. Il n’est pas mauvais le bougre, il a juste besoin d’asseoir son autorité dans un monde qui part à vau-l’eau. C’est le chaos, ici et là, or pour survivre ils doivent avoir de l’ordre. Des règles, des procédures. Au final quelque chose qui colle plutôt bien à des militaires de carrière, mais qui est plus difficile à appliquer auprès de civils. Quand la moitié d’entre eux se contentent de suivre comme des moutons, qu’une autre partie tente de se faire la plus minuscule, qu’encore une autre critique leurs manières… C’est amusant de constater à quel point l’Homme est doué pour se tirer dans le pied, dans presque toutes les situations. Comme il est aisé de partir en guerre avec son voisin, alors qu’au-dehors la civilisation s’est écroulée sous des tonnes de cadavres ambulants. Cela lui paraît presque familier, la manière dont la voix de l’homme claque dans la pièce. Son autorité, la lassitude dans ses prunelles toujours vigilantes. Ce n’est pas Saul qu’elle entrevoit, c’est son propre père dans les ombres de Lee. Quelqu’un avec des responsabilités lourdes, si lourdes, trop lourdes. Atlas et le monde. Il fallait bien que quelqu’un se sacrifie pour la cause, non ? Randy Lee. Le martyr de Lafayette. Il y a mieux comme titre et il y a pire. L’ordre fuse entre deux grognements et, malgré elle, y’a comme une bulle de rire sarcastique qui s’échappe d’entre ses lèvres quand elle se recule pour le laisser passer.

« Évidemment. » Chef, oui chef ! Au moins, elle est parvenue à retenir cette réplique qui aurait fait bondir Randy. « Pas besoin de me remercier, je ne fais que mon travail. »

Il s’éloigne et elle s’autorise sa première grimace. Ses mains la tiraillent un peu, ses yeux aussi, tout son corps à dire vrai. Seulement, elle ne peut pas se permettre de flancher en présence du conseiller. L’homme fait quelques pas, attrape un peu avec réticence le tee-shirt auquel il jette un regard peu convaincu. Elle se remémore, il y a moins de dix minutes, quand il a peiné à retirer ce simple vêtement. En d’autres circonstances, Judith aurait pu lui proposer de l’aide – mais elle se tient silencieuse, et grand bien lui fait car il reprend. Dans sa bouche, les compliments sonnent étrangement. Pas tellement parce qu’elle n’y croit pas, c’est juste que ça n’a pas l’air d’être le genre du personnage. Encore une fois, elle suppose, parce qu’elle ne le connaît absolument pas au final. Ni l’homme, ni le militaire, ni le chef du conseil. Il n’est qu’une figure d’autorité parmi d’autres, une silhouette dans la foule. Quand il se détourne, optant finalement pour une veste plutôt que de retenter l’expérience du tee-shirt, elle laisse ses orbes clairs divaguer dans la pièce. Autant sur le maigre décor que sur les tatouages qui parsèment l’épiderme du quarantenaire. Est-ce à ça qu’ils sont tous réduits ? Ce n’est pas la première fois qu’elle perçoit le message qu’il envoie. Seuls les forts survivent, maintenant. Elle n’est pas certaine de faire partie de cette classe supérieure, elle a plutôt tendance à avoir le sentiment de flotter dans l’entre-deux. Perpétuellement coincée. A moins que ça ne soit volontaire ? Quand Randy lui refait face, que ses mots s’écrasent contre ses certitudes, elle vacille. Juste un peu. L’espace d’une poignée de secondes, elle se voit à travers son regard : une gamine qui refuse de grandir totalement, une femme qui prend ce qu’elle veut quand elle le veut et qui ne veut pas envisager ce qui se passera le lendemain. Une personne avec un cœur suffisamment grand pour le partager, sans jamais le donner entièrement. Une outsider dans son propre camp, parce qu’elle refuse de dire clairement si elle soutient ou méprise le conseil dans ses agissements.

« Ce n’est pas la sécurité que je recherche. » Elle abdique dans un souffle, fuyant cette fois la confrontation. Il a raison. Ce n’est ni le premier, ni le dernier à lui faire la remarque. Ça fait seulement un peu plus mal de l’entendre ce matin ; elle tente de se dire que c’est à cause de la fatigue et du stress, sauf que ça sonne faux. « Je… »

Ne fait pas perdre de temps aux gens. La phrase tourne en boucle, comme si quelqu’un avait enfoncé le bouton repeat d’un walkman. Un tourne-disque qui déraille, avec ses parasites caractéristiques. Surtout pas le nôtre. Celui de Primrose, avec ses conseils, celui de Randy avec… Avec quoi, au juste ? Ses râles permanents ? Les baisers de l’autre soir ? Inconsciemment, ça lui revient en pleine face et elle en veut à Randy pour ça. Ce n’est pas dans ses habitudes de se soucier de ce genre de choses. Judith, elle est simplement à la recherche d’un peu de chaleur. Sauf qu’elle sait que, de temps en temps, les autres attendent plus qu’une parenthèse dans la folie. Saul pourrait et ça la terrifie. Elle ouvre la bouche, la referme. Se souvient d’où elle se trouve et reprend contenance.

« Je choisis mon propre camp, et quand ça changera, tu seras le premier à le savoir. » Elle relève machinalement le menton pour lui rendre son regard, mimique butée qu’elle a empruntée à son père en grandissant. Sa façon de froncer légèrement les sourcils sur son minois, c’est plus sa mère. « Mais même si les choses évoluent… J’espère que ça ne sera pas du temps perdu. » Elle s’humecte les lèvres, décroise les bras en s’éloignant de quelques pas, lui tournant à demi le dos. « Traite-moi d’idéaliste, seulement je ne pense pas que des opinions différentes doivent éloigner les gens. On doit tous travailler ensemble si on veut s’en sortir. A part les gens comme toi… » Les militaires, les pros de la survie. « Aucun autre n’aurait survécu plus d’un mois livré aux rôdeurs. Je ne dis pas que ça devrait être le mot de la fin. Parce que justement, la survie ce n’est pas suffisant. Pas à mes yeux. » Il fallait avoir de l’espoir. Une lueur maigrichonne dans la nuit. Le rêve d’une famille réunie en dépit des pertes. Le songe d’une unité. Ouais, foutrement naïve la gamine. « Il faut qu’on réapprenne à vivre et pour le moment, c’est assez mal parti. »

La peur et la colère prédominent. Elle n’est pas aveugle Judith, même si ses œillères sont assez proéminentes par moments. La jeune femme s’immobilise de l’autre côté du canapé, n’ayant cessé d’avancer pendant que sa langue se déliait. Ils ne sont pas des ennemis et pourtant, son corps a tendance à agir inconsciemment de façon à la tenir à distance de Randy. Elle ne le remarque pas, elle serait même capable de le nier si on en faisait la remarque. C’est absurde. Mais il a cette vilaine tendance à balancer des vérités et des prophéties qui ne lui plaisent pas, alors elle se protège comme elle peut. Elle inspire une goulée d’air, se lance sans filet.

« Randy, j’aurais besoin d’une autorisation pour sortir. Je ne suis pas retournée chez moi depuis… » L’autre nuit. Elle laisse volontairement planer le léger silence. L’hésitation. « Je pourrais demander à un milicien de m’accompagner. J’en aurais pas pour longtemps. » Elle pince un peu les lèvres. « J’ai des adieux à faire. »
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MessageSujet: Re: painkiller / judith   painkiller / judith EmptyDim 7 Mai - 23:49

Lee reste un moment interdit devant la réponse de la jeune femme. Au fur et à mesure que les mots sortent de sa bouche, ses sourcils se tordent dans une expression perplexe. Il est tentant de démontrer à la gamine à quel point elle trompait. Et puis il se rappelle que justement, c’est qu’une gamine. Gamin, Randy grimpait sur les toits, un marteau en main pour réparer de vieille bâtisse. Sans ambition autre que ramener de l’argent pour permettre à son frère et sa sœur de continuer leur étude. A cette époque, avec l’arrivée d’une épidémie comme celle qu’ils connaissaient aujourd’hui, il n’aurait surement pas fait long feu. Borné comme il était, il aurait très certainement défié l’autorité de n’importe qui. Alors non, il ne peut pas réellement la juger. Devenir un adulte était déjà assez effrayant, alors devenir un adulte dans ce monde, il n’osait même pas imaginer. « Je confirme. T’es une idéaliste. Il hausse les épaules, ne faisant qu’approuver ce qu’elle semblait déjà savoir. Tu parles comme si on avait jamais tiré une balle dans la tête de ton copain. Du coup je sais pas si j’dois admirer ta capacité à relativiser ou m'inquiéter sur ton optimisme effarant. Mais dans les deux cas, you need to grow up kid. »  Malgré tout, ça ne suffit pas pour qu’il l’épargne complètement. Non seulement parce que plus personne ne lui ferait ce cadeau et parce qu’il s’agissait d’un cadeau empoisonné quoiqu’il en soit. Le militaire finit par détacher son regard de son minois contrarié pour lui tourner le dos, non sans un soupir.

Le conseiller s’attend à ce qu’elle se défende une nouvelle fois, ou peut-être pas, juste demander à partir. Le silence englobe le bureau jusqu’à cette demande incongrue. « Beaucoup de gens n’ont pas eu le temps de dire au revoir. » C’est la première chose qui lui vient à l’esprit. Il l’entend presque comme un caprice, une envie dont elle ne mesure pas les conséquences. Elle en est peut-être pas à sa première sortie extérieure, ce n’est jamais avec une grande confiance qu’il laisse sortir les résidents du camp. Randy s’arrête derrière son bureau pour la fixer un instant. Il serait pourtant le dernier des salauds de lui dire non. Il ne pouvait pas lui demander de grandir sans dire adieu à ce qui la gardait surement en enfance. Elle avait besoin de forger. Sa pensée divague et il voit aussi les points que ça pouvait lui apporter. Elle choisirait peut-être plus facilement son camp s’il lui laissait cette chance. Ça n’avait rien de stratégique. Le but de Randy n’était pas non plus de se mettre tout le monde à dos. Finalement, le voilà qu’il ramasse un stylo sur son bureau et qu’il tire une feuille devant lui. Il s’assoit non sans un grognement, ayant presque oublié sa douleur le temps d’un instant. « Il faut être idiot pour risquer sa vie et celle d’un autre pour dire au revoir à un cadavre. » Pour Randy, des adieux se faisaient pour les morts. Il est loin d’imaginer qu’il s’agit encore d’une personne en vie. Il agite la pointe de son stylo pour écrire quelque ligne en silence avant d’en finir par un geste plus souple pour signer en son nom. « Va voir Saul. Il te mettra entre bonne main. Je veux que vous soyez de retour avant midi. » Un ordre qu’elle ferait mieux d’exécuter si elle voulait obtenir d’autre autorisation dans le futur.

Randy ne sait pas vraiment ce que ça vaut. Peut-être que d’autant auront vent de cette autorisation et viendront à leur tour quémander. Il le regrettera très certainement plus tard. Il plis le papier qui témoigne de son accord, un simple bout de papier qui pourtant lui permettra d’avoir du crédit auprès des miliciens. Il se lève sans se faire attendre, lui tendant son autorisation. « Ton silence contre ton autorisation. Considère ça comme un service rendu. Maintenant file avant que je change d’avis. » Sur ces mots, il tourne les talons pour n’entendre que la porte se refermer derrière lui. Lorsque l’épidémie a été déclaré, il fut directement envoyé à Lafayette. Tout avait été si vite. Il n’a même souvenir d’être repassé par chez lui. Un sacrifice pour éviter que toute la ville se transforme en tombeau. Pourtant, lui aussi aurait aimé faire ses adieux.

***
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