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 (int. 1) ▬ Sometimes you have to pick the gun up to put the Gun down

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Thalia Davenport
Thalia Davenport

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MessageSujet: (int. 1) ▬ Sometimes you have to pick the gun up to put the Gun down   (int. 1) ▬ Sometimes you have to pick the gun up to put the Gun down EmptyVen 31 Mar - 0:32



 Sometimes you have to pick
the gun up to put the Gun down.


(Ordre de passage : Thalia → Leo → Ariane )






❊ ❊ ❊


Le soleil s’était couché depuis une heure déjà. Nous étions une douzaine rassemblés dans le salon exigu d’un pavillon abandonné de Pandora Street autour de l’âtre où crépitaient quelques flammes. Les ombres des personnes réunies autour du feu dansaient sur les murs blancs. Mon regard vint s’égarer à travers le verre sale de la fenêtre. C’était une nuit sans étoile, comme si l’on avait tendu un voile opaque et sombre sur la voûte céleste. Seul un fin croissant de lune scintillait dans le firmament. L’astre avait été le témoin silencieux de mes dernières nuits blanches. Depuis son exécution trois jours auparavant, le fantôme de Pratt n’avait cessé de troubler mon sommeil, hantant mes rêves et ma conscience. Le choc avait laissé place à l’indignation. Dès que j’osais fermer mes paupières, mon psychisme m’imposait l’image de son charmant minois en train de se faire creuser un troisième oeil à l’aide d’une balle de neuf millimètres. J’imaginais qu’ils avaient dû brûler le corps sans égard ni respect, peut-être s’étaient-ils même fendus de quelques blagues grossières lâchées vulgairement au dessus de sa dépouille. Pratt était mort comme un animal et cela m’inspirait une colère sans nom. Si je n’avais pas les moyens de lui offrir une sépulture décente ni le courage de venger dignement sa mort, je pouvais au moins faire en sorte d’honorer sa mémoire. Tel était l’objet du rassemblement de ce soir. L’idée avait germé dans mon esprit la nuit précédente. Dès le petit matin, j’étais venue la partager avec la personne dont Pratt était le plus proche à Lafayette. Malgré l'épuisement du deuil, elle m'avait conviée dans sa demeure. Mon index parcourant les contours d’une tasse de thé sur laquelle le défunt avait probablement cent fois posé ses lèvres, j’avais invité la jeune femme en question à mener la cérémonie. La gorge nouée par les larmes qu’elle n’avait de cesse de ravaler, elle avait répondu qu’elle ne s’en sentait pas capable. Elle avait alors disparu dans sa chambre à coucher avant de refaire surface une minute plus tard, une boîte en bois à la main. Elle m’avait expliqué qu’elle contenait les quelques effets personnels que Pratt était parvenu à dissimuler à la milice. Avec émotion et pudeur, elle m’avait alors demandé d’endosser le rôle d’officiante.

C’est ainsi que je m’étais retrouvée chargée de prononcer l’oraison funèbre d’un quasi inconnu. Quelques âmes avaient eu vent de l’évènement grâce au bouche à oreille. J’avais allumé une bougie sur le rebord de la fenêtre pour les guider vers cette maison inhabitée transformée l’espace d’un bref hommage en temple du souvenir. Je me tenais debout, dos à la cheminée. La chaleur des flammes venait lécher ma peau. Je tenais entre mes doigts tremblants le passeport du défunt. Je m’éclaircis la voix puis ouvris la cérémonie. « Nous sommes ici réunis pour faire nos adieux à Forsythe Pratt. Né le 29 janvier 1979 à Albuquerque. » Mes dents partirent à l’assaut de ma lèvre inférieure. J’étais tout à fait mal à l’aise, je ne savais que dire. Mon intellect aurait voulu que mes mots sonnent juste, qu’ils se drapent de finesse, d’élégance et d’émotion. Mes tripes quant à elles m’enjoignaient d’utiliser cette tribune pour faire entendre publiquement le réquisitoire mille fois répété dans le huis-clos de mon esprit, pour cracher sur cette foule molle et inerte ma brûlante indignation, pour enfin crier à en faire éclater les tympans de l’auditoire ma rage de justice. Je tournai nerveusement les pages de la pièce d’identité. « On dirait qu’il a beaucoup voyagé. Il était en Nouvelle-Zélande en septembre 2015. » Je revins à la page principale du document. Mon regard se fixa sur sa photographie reproduite en couleur et un silence profond s’imposa dans la pièce. L’émotion était palpable. Quelques secondes s’égrenèrent encore avant que je ne reprenne d’une voix douce. « A mon arrivée dans le camp, je passais mes journées sur le perron des Griffin, juste en face de chez lui. J’étais complètement shootée à cause de la morphine. Je n’arrêtais pas de me perdre dans ses yeux en souriant comme une idiote. Putain, ses yeux. » J’étouffai un éclat de rire tout en levant le regard au ciel. « Il se foutait de moi et pour se faire pardonner, il m’apportait des cookies. » Je hochai doucement la tête de haut en bas, traversée par un vent de nostalgie. « Beurre de cacahuètes et pépites de chocolat. » Je jetai un bref regard à l’amie de Pratt qui retenait ses sanglots au fond de la pièce puis m’approchai du foyer ardent, faisant face à l’âtre. Je tendis la main vers le feu jusqu’à en sentir la brûlure sur ma peau. « Il était de ceux qui rendent ce foutu monde meilleur. » Je laissai le passeport m’échapper, il vint s’échouer dans l’océan des flammes incandescentes qui ne tardèrent pas à le consumer. « Repose en paix, Pratt. »

J’avais su par le passé faire preuve d’une éloquence plus subtile mais, ce soir-là, je n’étais pas en mesure de livrer meilleure performance. J’allai rejoindre l’assemblée, venant m’assoir sur l’accoudoir du canapé. Je m’enfuis alors dans mes songes. Quelques minutes passèrent et la plupart des participants prit congé. Nous n’étions plus qu’une poignée dans la pièce, chacun semblait happé par ses pensées. Je fixai la bougie dont la flamme dansait encore à la fenêtre. Ce n’était pas un sentiment de tristesse qui emplissait mon âme mais une grisante satisfaction qui semblait annoncer une vague d’euphorie presque épique. Pour la première fois depuis fort longtemps, j’avais la sensation d’avoir agi de manière juste, en accord avec moi-même. J’étais parvenue à prendre une initiative sans craindre la milice et j’avais été suivie. Je sentais l’espoir renaître et une force inédite m’habiter. La peur qui m’avait paralysée jusque là s’était soudain dissipée, elle avait laissé place à d’audacieuses pulsions. Je me levai et m’approchai de la cheminée. J’ouvris la boîte en bois posée sur cette dernière et en sortis une flasque en étain. Je vins m’assoir au milieu des autres, débouchai le récipient et portai le goulot à mes lèvres. Je laissai la liqueur glisser le long de mon pharynx. Il s’agissait d’un très mauvais whisky mais il avait un goût exquis, celui de l’insurrection. Je tendis la bouteille à la personne se trouvant à ma droite. Si tel était notre destin, ce temple du souvenir pourrait bien se muer en berceau de la révolte.


❊ ❊ ❊



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Anonymous
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MessageSujet: Re: (int. 1) ▬ Sometimes you have to pick the gun up to put the Gun down   (int. 1) ▬ Sometimes you have to pick the gun up to put the Gun down EmptySam 1 Avr - 23:47


I Rebel
Leo ne savait pas trop bien pourquoi il était venu. Dès son entrée dans la maison, ce dernier eut la dérangeante impression de ne pas être à sa place. Les traces d’une fatigue ne voulaient pas quitter ses traits délavés, il avait l’air d’une silhouette fantomatique longeant les murs, évitant les autres révoltés d’un soir. Les yeux rivés vers le sol, les mains fermement accrochées à sa maigre possession, il faisait de son mieux pour ne jamais rester plus de quelques instants à porter de regard de quiconque. Le Benoist avait l’impression de ne pas avoir le droit d’être là. Comme la fois où il avait voulu observer la montée d’une autre révolution, alors arrêté par son père. Bien sûr, le gamin connaissait le Pratt. A croire que l’homme avait passé une éternité coincé au coin de son regard. Dans cette zone d’ombre où les coins se rencontrent, la vue se brouille. Il le connaissait de loin, sans le savoir. Imposteur démasqué par la débandade entre ses côtes, il peinait à sauver les apparences face à tous ces gens venues saluer une dernière fois un frère, un amour, un ami.
Assis dans un coin, ses doigts traçant les contours d’un souvenir, il ne s’arrêta pas même durant l’eulogie du défunt. Peinant à décrisper son poing du crayon alors qu’une inconnue parlait de l’homme dont il savait bien peu en définitive. Le Benoist pressait la mine contre le papier, cherchant à taire ce que ses lèvres refusaient de verbaliser, ce que ses yeux ne demandaient qu’à traduire. Il avait de la brume plein le regard, un brouillard plein les poumons. S’il cessait de tenir sa respiration, le gamin avait l’impression qu’il allait finir par éclater de l’intérieur. Depuis quand les hommes s’élevaient contre d’autres hommes ? Depuis quand les juges étaient devenus des bourreaux et que la sécurité était aussi précaire en dehors qu’en dedans ? Son cœur tambourinait contre sa cage thoracique, les tambours de guerre remontant sa trachée dans l’espoir fou d’allumer une autre flamme. Quelqu’un était mort, mais peut-être que ça allait permettre à de nombreux autres de trouver la vie.
La petite foule réunie se mouvait à un rythme totalement inconnu à Leo. Il grommela quelques mots aux individus qu’il connaissait, leur souhaitant un bon retour, ou leur soufflant un sommaire adieu. Les gens venaient, les gens partaient surtout. Quittaient le navire alors que le bateau prenait l’eau. Ils se fichaient bien de colmater la fuite, d’endiguer la marée. Ils se barraient sans un regard en arrière, satisfait d’avoir prétendu l’espace d’un soir qu’ils n’étaient pas muselés. Alors que la maison s’était fait silence, les quelques être présents installés comme ils pouvaient sur les diverses fournitures, le Benoist s’était retrouvé au sol, adossé à un coin de fauteuil. Posant ses prunelles sur la femme s’étant levée sans un mot, il ne la connaissait nullement, pourtant accepta la flasque cabossée qu’elle lui tendait. Porter le goulot à ses lèvres avait quelque chose de définitif. A l’instar du pacte tacite d’une révolte naissant au creux de leurs reins.  Le whisky lui brûla la gorge, le feu se répandant dans son estomac alors qu’il se retrouvait à tousser de manière incontrôlée. Un éclat de rire traversa l’assemblée alors que le jeune homme essuyait ses lèvres du revers de sa manche offrant un sourire penaud aux yeux s’étant posé sur lui avec une tendresse décrépie. L’estomac noué à l’idée d’ouvrir la bouche, il brandit la flasque devant lui, cherchant le courage au plus profond de son être. « Santé à  notre défunt compagnon. Et… Tant que des hommes mourront, la liberté ne périra pas. Ou quelque chose dans le genre. » Avalant une autre gorgée de whisky, il passa la flasque sans un mot de plus avant de défroisser le croquis de l’homme pour lequel il était tous présents. Un discours de Chaplin résonnait au creux de ses oreilles, les mots résonnant entre ses côtes d'une manière qui ne l'avait jamais ébranlé jusqu'alors. Leo n'avait aucune idée de qui étaient ces autres. Ils n'avaient aucune idée de qui il était. Pourtant, au creux d'une obscurité révélant le tranchant de leurs songes, ils se voyaient comme ils ne pourraient jamais se voir à la lueur du jour.
(c) AMIANTE
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