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 how can you walk away from something and still come back to it? (pv)

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MessageSujet: how can you walk away from something and still come back to it? (pv)   how can you walk away from something and still come back to it? (pv) EmptyVen 26 Mai - 4:57


BUT HOW CAN YOU WALK AWAY FROM SOMETHING AND STILL COME BACK TO IT?
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En resserrant une énième vis autour des petites roues d’un vélo plus rose que la barbe à papa, Saul ferma les yeux en essayant de faire abstraction du barouf gigantesque qui lui vrillait les oreilles depuis environ une heure. Accroupi à l’ombre d’un préau, entouré d’enfants de tous âges qui gambadaient gaiement autour de lui et plus loin dans la petite cour improvisée, l’ancien lieutenant suspendit soudain son geste, attirant la curiosité de sa nièce qui s’était assise près de lui. « Tonton ! » Piailla la gamine dans un petit cri suraigu en agrippant son bras. Le militaire rouvrit les yeux, jetant un regard à l’enfant à ses côtés. « Je suis réveillé, Agate. » Lança t-il d’un sourire alors que la petite fille lui jetait un regard désespéré, inquiet. Endormi, c’est ce qu’il avait cru bon de lui expliquer en s’écroulant sous la fièvre, pris de délire après qu’une grippe carabinée ait manqué de l’emporter la semaine passée. Probablement choppée après une des énièmes expéditions organisées dans le but de ratisser et nettoyer plusieurs pâtés de maison en bordure de camp. Alors que Saul avait cru bon de se hisser jusqu’à l’entrée, rampant au sol sous le poids de l’épuisement et de la prothèse manquante qu’il avait abandonné dans un coin de baraque, Agate avait assisté silencieusement à plusieurs baragouinages délirants avant d’aller chercher de l’aide. Calmement, comme une enfant polie. Une enfant habituée. Pourtant il l’avait trouvé à son chevet les jours suivants, appuyant sa petite main blanche sur son torse comme pour l’entendre respirer. Et même depuis que la fièvre était passée, il l’entendait parfois se lever la nuit pour ouvrir doucement la porte de sa chambre et attendre un signe de vie de sa part – ce que Vasarely lui offrait alors en bougeant bruyamment dans son lit. Saul n’avait pas cru bon de lui en parler, pas encore, il espérait surtout que ses angoisses passeraient avec les semaines et que la fillette finirait par oublier.

Mais Agate avait bonne mémoire. Et alors que le regard de Saul déviait à nouveau sur la gamine et qu’il toussait discrètement, d’un gros râle difficile, dans son t-shirt, il lui fit signe en direction des autres enfants. « J’ai bientôt fini, pourquoi tu n’irais pas jouer en attendant ? » L’enfant sembla réfléchir un moment en fronçant les sourcils puis secoua la tête négativement. « D’accord. Alors tu pourrais aller chercher la grosse clé à molette rangé dans mon établi ? Y’a un ‘3’ dessus. Tu vas t’en souvenir ? » Agate se leva d’un bond, plus ravie et motivée par la perspective de cette mission périlleuse. Elle s’éloigna immédiatement en trottinant et Saul la suivit du regard d’un sourire en passant machinalement une main dans sa chevelure courte. Constamment gêné par la longueur de ses cheveux, englué de sueur et rapidement humide devant la maladie, il avait cru bon de demander à une infirmière de les lui couper. Sitôt qu’il avait pu se mettre debout, il s’était également attelé à raser sa barbe, gagnant un ou deux degré de fraicheur dans la foulée. La sensation était encore étrange sous ses doigts, et il se reconnaissait à peine dans la glace, mais il n’était pas mécontent du résultat, ni de l’impression d’avoir perdu dix kilos.

La mécanique du tricycle était usée, éreintée par le temps et les conditions météorologues qui avaient vu le métal rouillé. Saul avait trouvé le vélo en bordure de camp, quelques semaines auparavant, et à la simple pensée d’une Agate ravie et d’autres têtes blondes charmées par l’idée d’une balade, il avait sauté sur l’occasion et s’était mis au défi de réparer l’engin. Rien de trop compliqué pour l’ancien lieutenant, mais assez pour le sortir de son lit et de sa morosité. Il abordait depuis quelques jours un sourire ravi, presque réconfortant, voir étrange quant au naturel habituellement narquois de ses habitudes. Le soleil qui tapait doucement dans son dos devait aussi y être pour quelque chose. Lorsqu’une ombre passa brusquement derrière lui, Saul tendit la main pour attraper la clé à molette que lui tendait Agate. Il la remercia après avoir noté le numéro sur le côté du tube en métal, et la silhouette qui l’accompagnait, avançant péniblement derrière elle. « Merci, Agate. Je vois que tu nous as aussi ramené un visiteur. » Siffla t-il à la gamine qui se balançait d’un pied sur l’autre en gigotant. « J’ai trouvé Judith ! » « Oui je vois ça. » Maugréa Saul en l’observant s’éloigner, à la recherche de Gina qui jouait un peu plus loin.  A Sykes, il adressa un signe lointain, presque brusque. D’un ton néanmoins doux, intentionné. « Salut. » Retournant à la roue du vélo, il fit glisser la chaine entre ses mains sales, tâchant de l’ajuster pour la fixer au mécanisme. « Leur prof est malade. Pas la grippe j’espère. » Expliqua t-il comme pour justifier sa présence dans le préau. Saul n’avait pas pris ses fonctions de sous-chefs depuis une semaine, mais il est possible que le mot ne soit pas arrivé aux oreilles de Sykes. « Mais en attendant les gamins devaient avoir cours, et moi j’connais rien aux maths alors… » Il désigna le tricycle d’un geste vague de la main. « C’est atelier vélo aujourd’hui. » Lança t-il d’un ton vaguement moqueur, en relevant la tête. Il planta son regard dans le sien pour la première fois depuis longtemps. Pour la première fois depuis la mort de sa mère et les malentendus et les tentatives de tendresse. « Je ne suis plus contagieux, si c’est ça qui t’inquiète. »





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Judith Sykes
Judith Sykes

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MessageSujet: Re: how can you walk away from something and still come back to it? (pv)   how can you walk away from something and still come back to it? (pv) EmptySam 27 Mai - 3:07

« how can you walk away from something
and still come back to it ? »

    Elle est restée là de longues minutes avant que le regard d’Agate ne la trouve, silhouette trop grande parmi la myriade d’enfants. Officiellement, Judith n’est venue que pour surveiller Gina, officieusement c’est surtout qu’elle n’en peut plus de rester cloîtrée chez elle. Une semaine depuis que ce foutu clébard a pris son mollet pour un gigot et une semaine qu’elle est obligée de se trimballer une béquille pour éviter de grimacer à chaque fois qu’elle pose le pied par terre. Concrètement, maintenant ça lui fait beaucoup moins mal, mais elle sent encore les points de suture la tirer quand la force un peu trop. Primrose voulait qu’elle reste une journée de plus en observation, de crainte que le chien ne lui ait refilé une bactérie quelconque, sauf que Jude a serré les dents et est parvenue à dégoter un permis de sortir sous promesse de suivre les indications du médecin. Ce qu’elle ne fait pas, visiblement : elle ne devrait pas rester debout aussi longtemps. Elle devrait aussi utiliser sa béquille comme support plutôt que s’en servir pour jouer au croquet de salon avec les cubes de Gina, mais ce que Prim ne voit pas ne peut pas la mettre en colère après tout.

La veille, sa nièce lui a parlé de son professeur qui est tombé malade et du fait qu’un atelier en plein air allait probablement remplacer les maths. Forcément, Judith a cédé – autant pour la gamine que pour elle. Sentir le soleil sur sa peau ne lui a jamais paru aussi satisfaisant que depuis qu’elle a dû restreindre des sorties. Elle se sent isolée, Jude, aussi. Seule. C’est pour ça qu’elle suit la petite tête blonde en se disant que cette fois, personne ne pourra la réprimander parce qu’elle fait des efforts avec sa blessure. Dans ce monde, on ne peut pas toujours rester alitée, il faut forcer les choses. Et comme pour lui faire un pied-de-nez, c’est en arrivant qu’elle remarque un autre adulte sur les lieux. Sur le moment, elle hésite, elle se pose la question, avant de reconnaître le froncement de sourcils. Les grosses paluches qui s’activent sur les roues du vélo rose bonbon. Les épaules, larges, qui se voûtent dès qu’il se penche. C’est bien Saul qui lui tourne le dos. Saul, avec sa barbe en moins, une bonne dizaine de centimètres de crinière envolés. Mais avant qu’elle ne puisse s’attarder sur ce nouveau look, Agate arrive en sautillant devant elle. Et Judith n’a pas le cœur à refuser de lui emboîter le pas. Elle dépose un bref baiser sur le front de Gina, gardant toutefois un œil sur elle, puis suit la morveuse trépignante en s’appuyant maladroitement sur sa béquille. Concrètement, elle pourrait sûrement la rendre à l’infirmerie, mais Primrose la lui renverrait sûrement dans la tête immédiatement après. Mieux vaut prévenir que guérir.

« J’ai trouvé Judith ! » La formulation lui arrache un sourire, c’est comme si Agate venait de trouver le chien de la famille égaré depuis des semaines. Peut-être juste un membre de la famille qu’on aurait oublié dans un coin. « Oui je vois ça. »

    Il la salue un peu trop vite, un peu trop brusquement. C’est le Saul qu’elle connaît, même si ce ravalement de façade laisse Jude perplexe. Il a l’air d’avoir dix ans de moins avec ses joues imberbes. Elle le regarde quand il parle, les deux mains appuyées sur la poignée de sa béquille. Avec sa chemise à carreaux violette et son débardeur gris, elle ressemble presque à n’importe quelle adolescente de l’ancienne époque. Son jean bleu cache sa blessure au mollet gauche, ses converses blanches et noires tapotent de temps à autres le sol pendant qu’elle écoute le militaire parler de l’atelier. Elle se mord la lèvre quand il lève les yeux vers elle, arguant qu’il n’est plus contagieux. C’est vrai qu’elle se tient quand même un peu loin, et qu’elle doit avoir l’air méfiant.

« On t’aurait pas laissé avec eux si c’était le cas. » répond-elle en faisant un mouvement du menton vers la ribambelle de gamins qui chahutent. « Je suis d’ailleurs surprise de te trouver là de ton plein gré. » Un léger sourire moqueur, un sourcil qui se hausse au-dessus de ses yeux vifs. Elle a l’impression que ça fait des siècles qu’ils ne se sont pas vus. Ce sentiment s’intensifie malgré elle à chaque fois qu’il pose le regard sur sa silhouette. « Tu peux me le dire s’ils te séquestrent, tu sais. » Elle repousse ses longs cheveux bruns balayés par un léger vent qui soulage de la chaleur. L’été se profile doucement, mais sûrement. Elle s’avance finalement, boîtant un peu pour éviter de poser trop de poids sur sa jambe blessée. Se penche par-dessus son épaule pour examiner le vélo. « Jolie bécane, » qu’elle commente en s’écartant d’un petit saut, laissant ses prunelles redescendre vers le profil de l’homme. Et n’y résistant plus, elle tend la main pour toucher de l’index cette joue trop lisse, presque nue, en se redressant presque aussitôt le geste exécuté. « C’est tombé pendant la nuit ? »

    C’est comme si elle cherche le bon dosage entre l’avant et l’après Aspen. Pas seulement avec lui, mais avec le monde entier. Primrose est parvenue à lui faire réaliser que ce n’est pas à cause de sa mort qu’elle doit remettre en question tout le bien qu’elle peut faire en tant qu’infirmière. Elle n’est pas encore totalement convaincue de ça, Jude, mais elle veut bien essayer. C’est mieux que de se morfondre dans son coin. Et Randy ne la laissera pas lâcher son assignement pour retourner chez les Nettoyeurs. Est-ce que Saul est au courant de tout ça ? Des doutes qui l’ont dévorée depuis, qui ont failli tout faire basculer ? Elle a discuté longtemps avec Elise et son père aussi, puisant dans leur soutien une force qu’elle n’aurait pas soupçonné. C’est pour ça aussi qu’elle ne détourne pas les yeux quand il la regarde. Même si ça ravive d’autres souvenirs, des mots violents, des gestes tendres. Même si ça fait mal et que ça lui remue l’âme, un peu. Elle n’est pas là pour le blâmer à propos de leur dernière altercation. Elle veut juste avancer, suffisamment pour ne plus avoir ces cauchemars qui la suivent encore selon les nuits.

« On dirait un gamin. »

    Elle lâche un rire, bref, joyeux. Elle se moque ouvertement de lui, de l’étranger qu’il est devenu en quelques coups de rasoir. Pourtant, c’est pas qu’elle le trouve vraiment différent. C’est toujours Saul. Et elle est toujours Judith.
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MessageSujet: Re: how can you walk away from something and still come back to it? (pv)   how can you walk away from something and still come back to it? (pv) EmptyDim 4 Juin - 22:34


BUT HOW CAN YOU WALK AWAY FROM SOMETHING AND STILL COME BACK TO IT?
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La luminosité du soleil qui tombe dans ses yeux lui brûle les rétines. Il lui faut plisser les yeux et placer l’une de ses mains sur son front pour l’apercevoir tout à fait, et sans surprise, elle lui fait face avec ce regard défiant, chargée d’arrogance. Judith au naturel. Malgré lui, Saul sourit. Il peut l’entendre dans le son de sa voix comme le retour du salut qu’elle se charge de lui lancer, que les tensions de leurs dernières pérégrinations ont fini par se dissoudre dans la distance. Que les semaines ont joué leur rôle et que le temps a chassé la colère pour le plaisir de sa présence. Vasarely est heureux de la voir, heureux de son petit effet aussi, alors qu’elle semble l’observer comme pour essayer de le reconnaître et qu’il retourne à son guidon mal en place, sa chaîne encore pendante, les deux petites roues à l’air libre. Le vélo est à l’image de leur relation : un vaste chantier à reconstruire. Alors il s’empresse de resserrer les boulons avec la pince qu’Agate vient de lui amener en même temps qu’un vague parfum d’été, parce qu’il a encore du travail et qu’il faut s’y mettre. Que ce chantier n’en restera pas un et qu’il y a tant à faire. Qu’il a encore des espoirs, et un peu de fantasmes, pour ce vélo rose comme pour la fille qui se tient à distance raisonnable, sa béquille dans la main et les deux pieds plantés dans le sol, comme il l’avait toujours connu. Judith, sa verve, les mouvements hautains de ses lèvres qui font des allers-retours contre ses dents, et ce cou, toujours ce cou, qu’elle doit sans doute aux cygnes ou à la grâce ou aux deux.

Saul grogna en relevant la tête. « Eeer. C’est certainement ça le pire. Je suis venu de mon plein gré. »  Il lui jeta un sourire crispé, surjoué. Contrairement aux mythes qui circulaient au sein du camp, Saul aimait les enfants. Il aimait leur culot invétéré, leur volonté de toujours bien faire, l’attention avec laquelle il pouvait sympathiser et s’attendrir de n’importe quel humain ou être doué de sentiments. Les supporter la journée durant était une autre paire de manche, et à cet exercice, il était bien content que Judith ait fini par trouver le chemin jusqu’au préau, loin de ce lit dont on la disait attaché depuis plusieurs jours. A cette pensée, l’ancien lieutenant jeta un coup d’œil au bandage épais qui lui entourait le mollet et qu’il pouvait deviner sous son jean, et à la béquille qu’elle se trimballait avec l’air de ne pas trop quoi savoir à faire, et sans doute donc, de ne pas en avoir besoin. Vasarely connaissait la prudence légendaire de Primrose à cet égard et si Morales avait été celle qui avait pris soin de la jambe comme il pouvait s’en douter, nul doute que Sykes n’avait eu le choix des armes. « J’ai entendu qu’un clebs t’avait mordu le mollet. » Il détourna le regard de la jambe pour relever la tête vers elle, plissant de nouveau les yeux face au soleil, et ajoutant, railleur. « C’est mon truc, la jambe. Trouve toi le tien, fais original un peu. » D’un rire, Saul baissa les yeux pour retourner à la mécanique simple, presque enfantine, du bolide rose. Rien à voir avec la complexité des avions de chasse de sa carrière, pourtant, l’ancien lieutenant prenait son temps. Il inspectait, dans ce qui semblait être un ravissement tout à fait nostalgique, les rouages efficaces de la machine, faisant traîner ses doigts dans la suie dans un plaisir non feint. L’ombre s’approcha au-dessus de l’épaule, commentant le bolide d’un faux air impressionné, et il ne put s’empêcher de tapoter la selle dans une fierté toute théâtrale. « T’as vu ça ? Je t’emmènerai faire un tour après si tu veux. » Haussement de sourcil presque intimidant. Retrouver les sensations de la mécanique le faisait plus rajeunir que n’importe quelle barbe coupée, ce qu’elle ne s’empêcha pas de noter en passant un index sur la peau lisse de sa joue. Il la laissa opérer, lâchant un instant le vélo pour relever les yeux vers elle. « Ça te plait ? » Demande-t-il mielleusement, avec l’air de bien vouloir accepter la sentence, écouter l’avis. Avec l’air de bien vouloir s’y intéresser, surtout, pour une fois.

En silence, Vasarely acheva de tourner les derniers boulons des petites roues pour enfant. Le cul par terre, il s’apprêtait à remettre le guidon en place, puis considéra l’opération plus évidente s’il avait pu se remettre debout. Sans hésiter, il tendit son bras en direction de Sykes, qui se tenait tout près. « Aide-moi puisque t’es là. » Lui lança t-il en poussant sur son bras et sa jambe encore faite d’os et de chairs. D’un bref coup de bras expert, il replaça le guidon et se recula pour observer l’œuvre finalement accomplie. « J’ai dû changer la chaîne. » Une quinte de toux accompagna l’explication, il se détourna pour tousser dans son bras. « Et une partie du guidon. J’ai rajouté des roues pour les plus petits. On verra pour en trouver un deuxième pour les plus âgés. » Elle n’avait sans doute pas besoin de tous ces détails mais il se sentait l’envie de les partager, aujourd’hui, pour une fois. Il se rendit compte de l’inutilité de la chose, de la simplicité aussi, presque humiliante, que la tâche représentait. Mais bien loin du challenge, Saul était simplement content de rendre service à la communauté. Loin, bien loin, de cette image terrifiante dont on pouvait l’apprêter.

Il tourna la tête vers elle, souriant. Le soleil tombait sur sa peau blanche, et pour un instant seulement, il la trouva presque belle. « Tu veux passer la première ? » Kiddo. Sous-entendit il en s’avançant vers le vélo en riant. Le faisant rouler jusqu’au centre du préau, il siffla dans ses doigts pour avertir son petit public de l’arrivée tant attendue du bolide. « Ok les gosses. On fait la queue un par un. » Une nuée de cri de victoire et de rire lui déchira les tympans, et Saul rajouta dans un grognement qui n’avait pas attendu longtemps pour se manifester à nouveau. « EN SILENCE. Putain, je plains vos parents, sérieux. » Il aurait pu s’en mordre les lèvres en sachant que plus de la moitié des enfants ici n’avaient plus de père, ou de mère, parfois les deux ; pour Judith qui devait encore souffrir de l’absence ; mais Vasarely n’aurait pas été Vasarely s’il n’avait pas gueulé l’interdit avec un savoir-faire expert. Il balança le vélo dans les jambes d’un petit rouquin qui s’empressa de s’en saisir pour pédaler comme un fou à travers le préau, sous les cris des autres gamins qui attendaient leur tour avec impatience. Son regard croisa celui de Judith, un peu plus loin, et il haussa les épaules en signe d’impuissance. Kids will be kids.

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Judith Sykes
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MessageSujet: Re: how can you walk away from something and still come back to it? (pv)   how can you walk away from something and still come back to it? (pv) EmptyMar 6 Juin - 1:09

« how can you walk away from something
and still come back to it ? »

    Jude étouffe un reniflement avec un bout de rire, haussant les épaules d’impuissance en remuant un peu sa jambe blessée. Elle n’a pas besoin de la béquille, mais elle n’est pas téméraire au point de faire la maligne avec ; loin d’elle l’idée de copier l’infirmité de Saul. Elle lui laisse bien volontiers cette particularité, dans le fond.

« Ça m’apprendra à avoir pitié des bestioles pleines de poils. »

A nouveau, la voilà qui se dandine d’un pied sur l’autre. L’épisode de Cujo restera longtemps dans sa mémoire, au point qu’elle gardera probablement ses distances avec le prochain animal qui croisera sa route. Elle n’est pas d’un naturel si méfiant d’habitude, seulement il faut croire que se faire mordre pousse à relativiser. Si elle n’avait pas voulu aider ce chien, il n’aurait pas eu l’occasion de prendre son mollet pour un cuissot de jambon. Peut-être qu’il avait juste eu peur, en fait. Peut-être qu’il avait perdu la boule, à force de se faire chasser par des morts-vivants. Par des vivants aussi. Elle recommence à vouloir excuser la bestiole et elle doit se flageller psychologiquement pour regarder la réalité en face : quoi qui ait pu pousser le clebs à l’attaquer, ce n’est pas excusable. Sans les soins de Primrose et les stocks de Lafayette, elle n’aurait pas survécu à cette putain de morsure. Et faut avouer que ça aurait été très con de mourir comme ça après avoir survécu aussi longtemps. Saul lui offre la distraction dont elle a besoin pour cesser de ressasser ses états d’âme.

« On montera un sacré duo d’unijambistes, » qu’elle commente avec un sourire amusé en se reculant, non sans avoir laissé traîner son index sur sa joue toute lisse. « Ça te plaît ? » La question ne la surprend pas autant que le regard qu’il pose sur elle. Y’a quelque chose de différent. Elle sait pas quoi, mais ça la laisse sans voix quelques secondes. Puis sa joue se creuse dans une risette mutine et elle penche la tête : « Le jury est encore en train de statuer. » Jude joue avec sa béquille, s’appuie dessus. « Mais ça ne me déplaît pas. J'attends juste un peu plus de preuves pour donner un jugement. »

Elle le regarde travailler, en laissant de temps à autres ses prunelles revenir vers Agate et Gina. En fond sonore les rires des gamins sous une scène ensoleillée. Presque trop beau pour être vrai. Seulement, c’est ça aussi Lafayette : un écrin des beaux jours. Une façon de préserver un peu d’innocence. Est-ce qu’ils y seraient parvenus sans les militaires ? Sans des types comme Randy, qui savaient comment agir en situation de crise ? Judith, elle avait foi en son père. Elle sait qu’il aurait pris les bonnes décisions, qu’il aurait su s’imposer s’il l’avait fallu. Est-ce qu’ils en seraient arrivés à exécuter des gens sous couvert de doutes ? Pratt était-il aussi dangereux qu’ils le dépeignaient ? En regardant ces mioches courir à droite et à gauche jusqu’à en perdre haleine, éclater de rire, se bousculer pour arriver le premier elle ne savait où… Jude se demande si c’est elle qui a raison, ou si c’est le conseil. Si ceux qui poussent à la révolte ont raison. S’ils se rendent compte que se tirer littéralement une balle dans le pied ne va pas arranger cette apocalypse. Et c’est la même chose pour Randy. You need to grow up kid. Tu ferais mieux de choisir ton camp et rapidement. Il avait peut-être bien raison, Lee. Saul l’interpelle en balançant sa paluche devant ses yeux et elle l’attrape en tirant de toutes ses forces – faut bien ça pour faire bouger sa carcasse de grand dadais.

« Crache tes microbes ailleurs, » marmonne Judith avec un air moqueur. « J’ai p’têtre déjà la rage, je préfère m’éviter la grippe. »

Mais elle l’écoute quand même quand il parle, parce que ça l’apaise. Curieusement, la mécanique ça lui semble appartenir à une époque plus tendre. Où les zombies, ça ne pullulait pas à tous les coins de rue. Où ils avaient le temps de retaper des vélos rose pour faire plaisir à des gamins. Ils admirent la bécane toute fière sur ses roues et il lui propose le premier tour, qu’elle décline en secouant la tête.

« Si Prim me voit là-dessus, je suis bonne pour passer la prochaine semaine sur un lit. »

Elle le laisse s’éloigner avec sa prouesse du moment. Elle est sûre que les mioches le considère comme le nouveau Père-Noël quand il les rameute avec un sifflement pour leur offrir le vélo. Ils sont avides de nouvelles sensations. D’un simili de normalité autre que les cours. D’un peu de joie sous une peinture rose bonbon. Ils hurlent et Saul tente de les remettre au pas. Judith lève les yeux au ciel en soupirant devant ses airs bourrus. Quelques jours plus tôt, elle se serait tétanisée devant ses mots. Bien sûr que ça lui brise encore le cœur. Bien sûr que ça la ronge, discrètement. Mais elle serre juste un peu plus fort la poignée de sa béquille. Le rouquin file avec le vent dans ses cheveux, poursuivis par la moitié des gamins hystériques pendant que l’autre moitié trépigne simplement d’impatience. Le militaire hausse les épaules. Jude fini par le rejoindre, non sans manquer de se faire renverser par le bolide rose, et quand elle est suffisamment près, elle lui flanque un petit coup avec le bout de sa béquille dans le mollet. Le vrai, celui qui ressent la pointe de douleur.

« Language, goofball. » Elle hausse un sourcil, nullement impressionnée par les éventuelles représailles qu’il pourrait lui opposer. « Agate commence à jurer comme toi, tu sais. » Judith les regarde s’amuser, se chamailler pour qui prendra la suite sur ce vélo. « Et maintenant ? » Ses deux mains posées sur la poignée, la brunette se penche de tout son poids sur la béquille, qui finalement lui sert bien plus de distraction que de palliatif à sa situation précaire. « Tu vas les regarder faire des tours jusqu’à ce qu’il soit l’heure ? » Jude penche la tête vers lui, sa crinière chassée par une petite brise pas désagréable. « I could keep you company… I mean… » Elle détourne les yeux vers la bande rugissante. « It's not like I've something better to do right now. »
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MessageSujet: Re: how can you walk away from something and still come back to it? (pv)   how can you walk away from something and still come back to it? (pv) EmptyJeu 8 Juin - 4:03


BUT HOW CAN YOU WALK AWAY FROM SOMETHING AND STILL COME BACK TO IT?
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Aux gosses gambadant sauvagement et dangereusement dans le sillage du vélo, aux alentours d’un préau généralement calme, Saul leur jeta un regard amusé en repoussant machinalement les mèches qui lui couvraient le visage d’ordinaire, et ne trouva que les pointes courtes de celles qui dansaient encore sur le haut de son crâne. Sa poigne tomba sur le guidon du vélo alors qu’une nouvelle quinte de toux le prenait. « La rage? » Il s’étonna d’un mince regard pour Sykes à ses côtés. « Pas besoin l’avis d’un médecin pour savoir que ça fait longtemps que tu l’as choppé, la rage. » Railla-t-il, blagueur, s’étouffant dans son rire et dans son karma, en s’éloignant avec le vélo. En pensant à Primrose, et la prudence toute militaire qu’elle mettait à prévenir plutôt que guérir, il se demanda si elle n’aurait pas mieux fait de rester aliter, au frais dans sa maison, loin de tout ce qui pourrait aggraver sa situation. Sa préoccupation le força à jeter un dernier coup d’œil à la fille alors que Vasarely s’éloignait avec l’engin, et lorsqu’il la vit non sans peine, mais avec une certaine avidité, avancer vers eux, il conclut d’un sourire que Primrose avait encore déconné sur la prévention. « Je te laisse imaginer avec quoi j’ai bataillé pendant un an. » Railla t-il en faisant signe vers sa béquille. Elle n’en avait pas plus besoin que lui, mais il suffirait que l’info tombe dans les oreilles de Morales pour que cette dernière l’oblige à l’immobilité pour le restant de sa convalescence.

Alors qu’il faisait face au groupe, elle lui flanque la fameuse béquille dans le mollet, celui qui peut encore souffrir du coup, et il soulève son pied sous la douleur, et par jeu, en ricanant de sa remarque. « C’est bien, au moins avec ça, elle aura du répondant. » Et elle en aurait grandement besoin. Son regard retomba sur la tribu en plein délire, et il pensa au monde, à l’extérieur, celui qui semblait si loin de leurs rires innocents. Combien de ce monde-là les emporterait et que garderont ils ? Que deviendront les enfants de ces temps ? Et maintenant ? Surpris de la question, Saul tourne la tête. « Quoi ? » Demanda t-il comme s’il avait mal entendu. Elle énonça les suppositions quant au déroulée de l’après-midi et tomba rapidement dans le juste. « Ouaip. C’est le programme. » Maugréa Saul, qui n’avait rien de mieux à faire, ni vraiment d’endroit où être, mais qui se voyait mal l’expliquer à Judith et prétendre que cette activité était la plus réjouissante de la semaine. Parce qu’elle l’était vraiment.

Il la sentit avant de la voir, et le parfum traîné par le vent s’imprégna dans ses narines en même temps que sa rétine tombait dans la sienne, lorsque de cette petite voix un peu souffreteuse, un peu malicieuse, avec laquelle elle quémandait toujours, doucement, elle lui glissa la proposition. Saul haussa les épaules, d’un sourire. Il n’avait même pas entrevu la possibilité qu’elle puisse, déjà, faire demi-tour jusqu’à ce lit auquel on la disait accrochée. Pourtant du bout des lèvres, il énonça : « Si ça peut te faire plaisir. » Comme si de cette décision ne résultait pas aussi sa propre satisfaction. Se retournant pour se diriger vers le petit talus d’herbe au fond de la cour, il attendit que Judith pivote sur ses trois pattes pour avancer d’un pas téméraire mais compliqué vers leur destination. Le sourire de Saul s’écarta d’autant plus en voyant la jeune fille patiner entre les béquilles et le reste de son corps, mais il n’osa pas blaguer sur le fait qu’il n’était plus celui que tout le monde attendait à présent. Ils gagnèrent lentement l’herbe, et Saul l’aida à s’assoir, retenant son bras tandis qu’elle s’étendait à terre. Il la rejoint en pliant sa prothèse, qui émit une protestation avant d’opérer. « Cette putain de-» Grogna-t-il en finissant sa phrase de jurons marqués et fortement peu recommandés près des enfants. Un œil sur la petite bande qui continuait de jouer gaiement, l’autre sur la clé à molette qu’il déposa au sol le temps de décrocher sa prothèse. Il en possédait deux, une sophistiquée que l’armée avait payé huit mois après l’accident, et dont le mécanisme lui permettrait de tenir de nombreuses années, et une plus rustique, post-opératoire, plus lourde mais plus confortable, que Saul portait les jours où son dos le faisait souffrir à cause des problèmes d’équilibre, comme aujourd’hui. C’est cette dernière qu’il décrocha pour la laisser choir sur ses genou – ou ce qu’il en restait - inspectant d’un œil méfiant le mécanisme. Celui de l’articulation était quasiment inexistant, seul deux boulons empêchaient le faux membre de correctement se plier et c’est à l’aide de la clé que Saul entreprit de les ajuster. « Je m’occuperai de ta jambe après. » Blagua-t il en souriant alors que la brise soulevait les longs cheveux fins à ses côtés, assez près pour qu’il puisse les sentir caresser son épaule. Passant ses gros doigts sur les aspérités du métal, il s’essaya à desserrer les boulons à la main, mais ceux-ci lui résistaient. « Finalement, ça me plairait bien d’être le Saint Patron des Choses Brisées. » Lâcha Saul machinalement, pas sérieusement pour autant. Il évita soigneusement de croiser son regard, au cas où la référence ne plaise pas, ou qu’un retour de karma la fasse exploser devant ses yeux. Il se fiait généralement à son instinct, et cet instinct lui disait qu’il y avait de la place pour régler ce qui n’avait pas encore été réglé. « Je peux ? » Demande Saul en foutant un dernier coup de clé dans le boulon. Comme s’il attendait sa validation pour se faire adouber chevalier du Cassé et de l’Irréparable. L’articulation se desserre et il en profite pour le faire gigoter près de la tête de Sykes, attrapant la prothèse par la fausse cheville en plastique.


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Judith Sykes
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MessageSujet: Re: how can you walk away from something and still come back to it? (pv)   how can you walk away from something and still come back to it? (pv) EmptyJeu 8 Juin - 12:46

« how can you walk away from something
and still come back to it ? »

    Jude a l’impression que ça fait des années qu’elle n’a pas eu une journée aussi… simple. Calme. Ensoleillée. Peut-être que ce sont les derniers analgésiques qu’on lui a refilé qui parlent. Peut-être que les rires des enfants l’aident à relativiser. Ils s’en sortent bien ici ; quand la foule ne gronde pas au sujet du conseil, on pourrait presque se croire à la maison. A des années-lumière du monde tel qu’il est aujourd’hui. Dans le passé proche ou dans un avenir très lointain. Peut-être que c’est juste le fait d’être auprès de Saul. Elle ne sait plus vraiment. C’est toujours compliqué, même si c’est indéniablement normal comme relation à ses yeux. Plus normal que des morts qui se relèvent et qui gémissent en essayant de vous bouffer la cervelle. Elle étouffe un rire pour elle quand elle réalise la portée de ses pensées. Saul Vasarely est entré dans la case des « choses quotidiennes » sans qu’elle ne s’en rende compte. Et quelque part, ça lui fait un peu peur, à Judith. Y’a pas beaucoup de personnes qui font partie intégrante de sa vie – encore moins depuis l’épidémie. Elle se demande juste à quel moment c’est arrivé. La pire erreur de sa vie sûrement. Il a raison sur le fait qu’elle ait la rage, ce qui l’empêche pas de lui tirer la langue en faisant une grimace enfantine. Screw you, old man. Elle le dira pas. Faut surveiller son langage, quand même.

Quand elle tente d’avancer vers lui – bordel, quand elle fait le moindre mouvement, Jude a l’impression que la béquille tente de lui faire des croche-pattes. Sa silhouette qui trébuche, qui boitille, elle voit que ça fait sourire Saul et derrière l’agacement qu’elle contient en serrant les lèvres, elle a juste envie d’éclater de rire. De se laisser tomber là, sur le goudron qui chauffe et de rire. De lâcher un peu prise, même si c’est pour pas longtemps. Pas d’oublier, mais de s’accorder un repos dans la douleur. Dans la peine. Dans le deuil. Faire le deuil de deux personnes, c’est usant. Cahin-caha, Judith rejoint le militaire, finissant par le questionner sur la suite de la journée. Il balance le programme, fait la moue, grogne. C’est plus vraiment pareil sans sa barbe qui étouffe la moitié de ses mots. Il l’impressionne moins aussi. Elle le regarde sans trop parler pendant quelques minutes, elle l’observe quand il surveille la masse grouillante de gamins en furie. Presque juste comme s’il respirait enfin, alors que le reste du temps il ne fait que se retenir. Parce qu’il faut toujours être alerte. Parce que c’est comme ça qu’on survit. Saul s’éloigne encore, se retournant à moitié pour vérifier si elle le suit bien, avec sa béquille qui tente de la tuer à chaque pas. Et il sourit, l’abruti, tant et si bien qu’elle a envie de lui jeter l’objet maudit à la figure pour voir s’il aurait les réflexes pour l’éviter. Crétin. Imbécile. Elle est quand même bien contente qu’il lui retienne le bras quand elle arrive sur le carré d’herbe, un peu à l’ombre, parce que sinon elle serait juste tombée. Quand elle sollicite trop son mollet, ça la brûle encore un peu. Même si ça va mieux.

Dans une semaine ou deux, elle sera comme neuve. C’est sur cette pensée qu’elle lui jette un coup d’œil pendant qu’il retape sa deuxième jambe, imitant un rire désabusé quand il lui propose ses services. Elle a pas besoin d’être réparée, elle. Elle lui a déjà dit, avant ça. Elle le maintient. Elle le pense vraiment, Jude. Qu’elle est très bien comme ça. Le monde est foutu, alors à quoi bon s’entêter à fixer des règles et des jolis mots ? Ça n’a pas empêché les morts de se relever. Ni les parents de « pot-de-colle » Joe là-bas, le blondinet qui vient de s’arroger le deuxième tour de vélo. Ni sa mère à elle. Une prothèse vient gigoter devant ses yeux pâles, la faisant marmonner en fouettant l’air de ses mains.

« Vire-moi ce truc de là, c’est super glauque ! » Ouais, moins quand même que des mordeurs. « On ne t’as pas appris à pas jouer avec les prothèses ? J’me rappelle que mon père me disait toujours de pas jouer avec les béquilles des autres à l’école. C’est pas pareil ? » Fais pas ci. Fais pas ça. « Arrête de jouer avec ce truc, Saul, j’te préviens. » Elle l’attrape au vol par la cuisse qui rebondit de façon insolente et tire de toutes ses forces. Jude se laisse même tomber en arrière pour rajouter du poids. Et ça paie, parce que le truc lui tombe pratiquement sur le visage. « Shoot ! »

La fausse jambe a bien failli lui faire un coquard. Ce qui l’empêche pas de se redresser avec son award en prothèse et un sourire victorieux. Et sa béquille dans l’autre main. Ce truc finira par avoir sa peau, elle le sait ; c’est peut-être une façon pour Primrose de se venger des deux ou trois services qu’elle a raté. Avec son sourire angélique et ses grands yeux bruns, on lui aurait donné le bon Dieu sans confession à cette femme. Sauf quand elle parle médecine. Là, même Saul file doux. Même Judith accepte de se trimballer cet objet du Diable. Parce qu’on ne plaisante pas avec Morales.

« Et puis j’te l’ai déjà dit. » Jude reprend en remuant machinalement l’assemblage mécanique, déposant finalement la béquille sur le côté. « T’es pas le Saint Patron des Choses Brisés. » Elle hausse une épaule et puis l’autre. « T’es juste un abruti avec des gros doigts et un langage très grossier. » Sourire colgate. « Attrape ! »

En même temps qu’elle lui lance la prothèse sur le torse, Judith se relève un peu, juste assez pour se pencher vers lui et balader ses mains sur ses côtes. Les endroits qui lui arrachent des rires, à elle, incontrôlables et puérils. Elle sait même pas s’il craint ce genre d’attaques, Saul. Elle a juste envie d’essayer. Alors elle se perche sur ses genoux pour mieux l'accabler. Parce qu’il n’y a pas de flingues à tenir, pas de menace à l’horizon ici. Parce qu’ils le peuvent et que ça lui suffit. Et parce que merde, il l’aura bien mérité cet abruti.
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MessageSujet: Re: how can you walk away from something and still come back to it? (pv)   how can you walk away from something and still come back to it? (pv) EmptyDim 11 Juin - 23:42


BUT HOW CAN YOU WALK AWAY FROM SOMETHING AND STILL COME BACK TO IT?
_


Lorsqu’il lui balance la prothèse dans la figure, par envie de jeu, de simple, d’innocent, pour essayer de redonner un sourire sincère sur le visage de poupée, elle fait voler ses mains autour d’elle comme pour essayer de chasser les mouches, de cette moue si caractéristique. Sourcils froncés, lèvre réfractaire, presque les mains sur les hanches si elle n’était pas occupée à essayer de chasser la prothèse gesticulante, menaçant d’heurter son front à chaque aller-retour. S’étendant sur le dos, un bras posé à terre à demi-relevée pour pouvoir encore l’emmerder, Saul laisse s’échapper un rire, ni sarcastique, ni méchant, un rire niaiseux un peu enfantin qui doit drôlement faire tâche dans sa bouche en temps normal. Pas aujourd’hui. Aujourd’hui, derrière la barbe évaporée et les mèches bien plus courtes, d’une tondaison qu’il n’a pas connu depuis ses vingt ans, Vasarely s’arroge le droit d’un peu de jeunesse. Celle qu’il a passé à râler et à faire les quatre cent coups, dans le parterre de ce même préau, dans les rues qui les entoure et les quatre murs qui les habite. « Glauque ? Tu trouves que ma jambe est glauque ? T’as pas vu ta gueule. » Balance-t-il en même temps que la prothèse, une fois de plus, vers le visage de la gosse. Derrière la moue dégoûtée qu’elle lui balance, Saul peut lire pour la première fois depuis longtemps un certain apaisement. Un bonheur revenu. Le plaisir, tout simplement, d’être là entouré de ces gosses qui rient, qui chialent, qui courent un peu partout, innocents et naïfs, indifférents à la perte, au deuil, à la peur fébrile de la mort. Indifférent à leur propre mortalité.

S’il avait eu une dizaine de secondes à accorder aux alentours plutôt qu’au minois charmant de la gamine, sans doute Saul aurait il été pris d’une nostalgie fracassante, idiote aussi. Lafayette était sa jeunesse, et cette école avait été la sienne, avant que les envies et le besoin d’un ailleurs ne lui fasse presser le pas jusqu’à l’aéroport le plus proche. Direction l’Océanie, où il avait passé une grande partie de sa carrière. Il aurait peut-être eu un regard doucereux pour la cloche rouillée, plus tard remplacée par la monotonie d’une alarme électrique, et qui jadis appelait les enfants aux rangs. Aux visages – pour ce qu’il s’en souvenait – de ses instituteurs bienveillants, constamment agacés par les comportements du gamin, pourtant pas si terribles lorsqu’il s’agissait de reporter les incidents aux parents. Il s’en était bien sorti. Finalement, ils avaient fait de lui, tous, ce qu’ils avaient vu en ce gosse pas trop con mais terriblement pas aimable. « Mhmm, j’ai pas mis les pieds dans cette école depuis vingt-cinq ans au moins, tu m’excuseras de ne pas me souvenir des remontrances de mon père. » Il se demande à quoi elle ressemblait enfant, ou si elle a vraiment changé depuis. Il n’y avait plus grand-chose d’une gamine chez Judith Sykes, sauf peut-être dans les reflets de ses iris, dans les moues parfois capricieuses qu’elle lui lançait, cette même moue qui venait de lui arracher la prothèse des mains, se renversant en arrière dans un rire. Et lorsqu’elle se relève, victorieuse, il entrevoit un semblant de sa jeunesse.

Elle lui balance le machin à la gueule, et Vasarely plisse les yeux, rebaptisé comme il l’était, d’abruti et puis de grossier personnage. « On t’a jamais dit que ce sont les gens honnêtes qui jurent le plus ? » Il raille en la poussant d’un coup d’épaule. Elle en profite pour faufiler ses doigts jusqu’à ses côtes, et d’un coup soudain de panique, de surprise, et de supplices de chatouilles, Vasarely lance un doigt inquisiteur en direction de sa tête. « Non, Judith. » Il la fixe. Elle le fixe. Dans l’attente, la tension. Judith rabat une fois de plus ses mains sur ses flancs et Saul sursaute, un bond supplémentaire, cherchant à s’écarter de la fille. « Arrête j’te dis. » Dit-il d’un ton faussement ferme. Il est trop tard. Elle se penche vers elle, faisant trimballer ses mains aux endroits stratégiques, lui arrachant de nouveaux sursauts alors que Vasarely se débat comme un beau diable. Elle a beau être petite et frêle, Judith est vive. « Hey ! » Au bout d’une minute de combat, il parvient à attraper l’un de ses poignets et l’entraine vers lui dans un coup brutal. Sa tête touche durement le sol, Sykes à sa suite. « Je suis pas grossier, c’est toi qui me casse les couilles. Pourquoi faut toujours que tu fasses le contraire de ce qu’on te dit ? » Il parvient à glisser en resserrant ses deux poings autour des poignets de Judith. Elle se débat, mais à ce petit jeu là, Saul a encore toute la force nécessaire pour la maintenir contre lui. T’en a pas marre d’en faire qu’à ta tête ? Entre les râles d’effort, son rire éclata à nouveau. Solide, il attend progressivement qu’elle cesse de batailler, ce qu’elle ne tarde pas à faire. Son emprise se détache doucement alors qu’il passe un bras derrière son crâne pour s’installer plus confortablement au sol. « Ça va mal finir, Sykes. » Siffle Saul, alors qu’elle est tout près. Il a cette intuition comme les autres, parce qu’il sent, instinctivement, qu’ils n’en auront jamais vraiment fini tous les deux. Alors que les cris des enfants s’interposent à nouveau, il l’imagine gamine, à chasser des rêves éphémères qui ont bien fini par se perdre dans l’épidémie et l’apocalypse. Saul expire, d’un soupire plus fort que les autres, pas plus énervé, ou râleur ou même colérique. Ça fait du bien quand ça sort, et encore plus de bien lorsqu’il plante son regard dans le sien, avec des intentions plus très claires, et un besoin pourtant de parler. De briser un silence qui le gêne. « Tu m’écrases. » Il dit alors, même si ce n’est pas vraiment le cas.
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MessageSujet: Re: how can you walk away from something and still come back to it? (pv)   how can you walk away from something and still come back to it? (pv) EmptyLun 12 Juin - 4:41

« how can you walk away from something
and still come back to it ? »

    Pour une fois, les mots manquent à Judith quand elle veut se défendre de l’odieuse réplique que le militaire lui renvoie. Ce n’est pas tellement qu’elle ne sait pas quoi lui dire, c’est qu’elle est plus préoccupée par la prothèse qu’il lui balance devant les yeux. Alors bien sûr que ça la fait grimacer, quand il lui sort qu’elle a une trogne encore plus malsaine que ce bout de plastique, mais elle préfère s’affairer à le dissuader de continuer. Elle tente même la carte des bonnes manières, sauf que ça ne fonctionne pas. Quand il marmonne que ça fait vingt-cinq ans qu’il n’a pas mis les pieds dans cette école, elle ne peut pas s’empêcher de lui jeter un regard à la fois songeur et amusé. Ils n’en parlent jamais, Saul et elle, de leur âge ou des années en général. Il ne doit même pas savoir qu’elle n’a pas encore atteint le quart de siècle, elle. Probablement qu’il la traiterait deux fois plus de gamine si c’était le cas. Probablement aussi qu’il ne la regarderait pas de la même façon. Et c’est pour ça qu’elle ne rajoute rien à ce sujet, qu’elle ne fait aucune remarque. Elle ne veut pas qu’il s’imagine devoir la couver, ou pire qu’il la considère comme une véritable enfant. Parce que de nos jours, plus personne n’avait réellement droit à ce luxe. Sauf les mioches qui criaient de joie de l’autre côté du préau. Et puis elle a besoin qu’il reste comme ça. Qu’il reste Saul. Quand elle parvient subitement à lui arracher l’objet du délit, le fil de ses pensées déraille.

« Je suis pratiquement sûre que c’est un ramassis de conn… bêtises. » Elle se reprend de justesse, se mordant la lèvre avant de lui balancer la chose à la figure, profitant qu’il ait les mains prises pour s’attaquer à ses côtes. La réaction est immédiate, brusque. Jude est surprise que ça fonctionne : sans doute qu’une partie d’elle s’attendait à ce qu’il reste de marbre, parce que Saul n’est pas réputé pour sa sensibilité. Ils se considèrent quelques secondes, elle avec un sourire ravi, espiègle, lui avec ses sourcils froncés. Il lui dit non. Et elle lâche un rire, immédiatement. Ses doigts s’agitent et l’autre se rebiffe, son visage oscillant entre un sérieux ferme et la provocation du jeu. Les grands yeux de Judith sont alertes, elle voit l’espace pour se faufiler, se jette sans vergogne sur l’homme qui fait deux fois sa taille. Elle bataille sévère, ses mains se font chasser avant de revenir à l’assaut, plus rapides et féroces. Jude, elle esquive, elle s’acharne, jusqu’à ce que subitement elle se retrouve stoppée dans son élan et tirée vers l’avant, son poids plume ne faisant absolument rien pour l’aider dans sa maigre tentative de rébellion.

« Pourquoi t’essaierais pas de demander gentiment, hein ? On sait jamais, ça pourrait marcher. » Elle tente de se libérer, de glisser ses petits poignets entre les grosses paluches, mais la poigne de Saul se resserre et elle devrait rapidement abandonner au risque qu’ils se blessent dans cette petite rixe. Sauf qu’elle s’entête. Elle a toujours été têtue, en même temps. Sans compter que le rire qu'il lui crache à la gueule la rend plus furieuse encore de sa propre faiblesse. La flamme dans les prunelles de Judith s’éteint progressivement quand elle est forcée d’admettre la défaite. L’échauffourée lui a fait monter le rouge aux joues, son souffle est court, sa crinière est un peu plus en bataille. Elle en a oublié la douleur dans son mollet, ou la folie de ces derniers jours. Doucement, l’emprise du militaire se relâche, il modifie sa position, ce qui la pousse instinctivement à faire de même. « C’est toi qui rend toujours les choses difficiles, Vasarely. » Jude hausse les épaules avec un sourire mutin, imitant sur la fin sa grosse voix. Elle pose le menton sur son torse en le regardant, ce visage sans barbe, ce front sans mèches. Tout son corps se soulève quand il inspire, s’abaisse quand il expire tout l’air de ses poumons. Sa respiration se calme pendant l’accalmie, les pommettes restent joliment rosées.

Il tente de l’inciter à bouger, ce qui ne fait qu’attirer un sourire plus large et mielleux sur le visage de la jeune femme. Il n’a pas demandé poliment, alors elle ne bougera pas. Elle est bien, là, en plus. Jude se redresse, posant ses avant-bras sur son torse pour effleurer du bout des doigts son menton qu’elle n’a jamais vraiment eu l’occasion de voir sous cet angle. Et encore moins sans la broussaille qui lui servait de barbe. L’index affleure sur le derme récemment dévoilé, dessine le menton, remonte vers la lèvre pleine du bas, la fine ligne du haut, s’arrête à la commissure pour étirer un faux sourire. Il a des rides au coin des yeux quand il est heureux, Saul. Quand il éclate de rire, aussi. C’est peut-être parce qu’il ne les assume pas qu’il est aussi souvent grognon. Judith est soudainement plus calme, presque sérieuse dans son exploration. Ses yeux se relèvent au bout de quelques tracés supplémentaires, cherchant son regard. Elle a une question au bord des lèvres, un désir dans le fond de ses orbes clairs, sauf qu’elle ne bouge pas. Elle ne parle pas non plus. La dernière fois, ça ne s’est pas si bien déroulé. Sûrement que ce n’était pas le bon moment. Et l’eau a beau avoir coulé sous les ponts, la marque de son rejet est toujours là. Jude n’oublie pas qu’elle est probablement la cause du refus qu’il lui a opposé, seulement ça n’enlève rien au ressenti qui lui reste en travers de la gorge. Et puis sans doute, aussi, qu’elle ne veut pas qu’il songe encore une fois qu’elle ne cherche que ça. C’est cette dernière pensée, le souvenir des mots cruels, qui la font se redresser en s’éclaircissant la gorge, détournant les yeux.

« Loin de moi l’envie d’étouffer le Saint Patron. » Elle s’appuie des deux mains sur son torse pour se relever, grimace un sourire moqueur. Ce serait con qu’il se fasse de mauvaises idées, après tout.
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