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 Prière rouge

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MessageSujet: Prière rouge   Prière rouge EmptyVen 24 Mar - 15:18

Prière rouge - लाल पूजा

With his neck, consecrated by the flow of water flowing from the thick forest-like locks of hair, and on the neck, where the lofty snake is hanging garland, and the Damaru drum making the sound of Damad Damad Damad Damad, Lord Siva did the auspicious dance of Tandava and may He shower prosperity on us all.  musique ici
Meera & Ram
Ram n’avait rien avalé de la journée, et malgré les grognements de son estomac, il ne se restaurerait pas aujourd’hui. Il venait de passer l’après-midi à l’extérieur pour récupérer autant d’éléments que possible pour préparer la nuit qui arrivait. Il avait exploré les chapelles du coin et avait réussi à chiper quelques cierges et bougies qu’il allumerait une fois le soleil couché. Il avait aussi dégoté un plateau en cuivre dans un bar abandonné, et avait ramassé des fleurs, des fruits, des pierres, du sable, et des petites branches dans les espaces verts en périphérie. Il avait même pu chasser un serpent et ramener sa peau.

Une fois de retour dans la petite maison dans laquelle il avait élu domicile, il avait installé un autel contre le mur avec ses trouvailles. Un agile empilement des plus gros cailloux servira de table et de tombeau au reptile que quelques fleurs décoreront. Au sol était disposée une assiette remplie de morceaux de fruits, et une coupe d’eau en son centre. Autour d’elle étaient dressées les plus hautes bougies, et un bol en terre cuite dans lequel se consumeront les brindilles. Ram avait également porté sur son plateau une petite demi-douzaine de petites chandelles. Tout était fin prêt pour la cérémonie.

Ce soir sera une nuit sans lune. Dans la religion hindoue, les nuits sombres sont dédiées au dieu Shiva, et celle du mois de février est traditionnellement celle que l’on célèbre en grande pompe. Cette Mahashivatree, Ram l’avait toujours vécue, hors de question pour lui que le retour des morts parmi les vivants ne l’empêche de perpétrer ses traditions. Certes, certains éléments centraux de la célébration ne seraient pas présents du fait de leur rareté sur le continent américain, ou de leur pénurie générale, mais ce n’est pas ce qui allait arrêter Ram.

Le soleil se couche enfin sur la Louisiane, et Ram est prêt. Un foulard enroulé autour de la tête en guise de turban, il vient s’agenouiller devant son autel de fortune, allume solennellement chacune des bougies et embrase le bois. La mine grave, il se saisit ensuite de son couteau et sans une grimace, taille la paume de sa main gauche. Il laisse couler quelques gouttes dans le pot de sable qu'il avait jusqu'alors mis de côté, et mélangea le tout pour obtenir une poudre semblable à la pâte de vermillon. Les chants religieux résonnent dans sa tête. Il entend les sitars, les tambours, et les voix des fidèles qui s’élèvent vers le ciel. A l’encre de son sang, il dessine sur le mur blanc, au-dessus de sa table de prière, les trois yeux de Shiva. Il finit par plonger son doigt dans le sable souillé de son sang, et marque son front d’une traînée rouge, partant du haut de son front jusqu'à la naissance de son nez. Plus concentré que jamais, il prend le plateau entre ses doigts et commence sa prière en chantant le traditionnel hymne à Shiva, le Shiva Tandava Stotram. Bientôt, les traînées de fumées qui se dessinent autour de lui au fur et à mesure de la danse de son plateau dans les airs feront pleurer ses yeux noirs. Imperturbable, tout porte à croire qu'il continuera toutefois sa  veillée, enchaînant mantras et moments de recueillement, jusqu'au lever du jour.
 

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Dernière édition par Ram Tendulkar le Lun 10 Avr - 17:35, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Prière rouge   Prière rouge EmptyDim 26 Mar - 18:03

Red Prayer
Om Hreem Bheeshana Bhairavaya Sarva Saaba Nivaranaya Mama Vasham Kuru Kuru Svaaha
Quelque part à la périphérie de Lafayette

24 février 2017, 7:46 PM

Caché par les nuages qui s'amoncelaient dans le ciel, l'astre solaire avait poursuivi sa course inexorable jusqu'à ce que ses derniers rayons crépusculaires baignent les environs de teintes rouille, doré et pourpre, embrasant le ciel et la terre alentour comme un incendie.

Pourtant, si le paysage qui s'ouvrait sur les bayous au loin offrait sans aucun doute un spectable fantasmagorique, cela ne semblait pas retenir l'attention de la survivante qui continuait à avancer d'un pas régulier près de la route. Pas plus que les infectés qui avançaient dans sa direction de leur démarche titubante, laissant s'échapper des bruits de gorge rauques et des grognements.

Non, la jeune femme était bien plus préoccupée par ce ciel qui s'assombrissait un peu plus à chaque minute. L'orage qui flottait dans l'air n'avait non plus rien de rassurant et elle espérait trouver rapidement trouver un abri convenable, la nuit s'annonçant bien sombre et sans doute pluvieuse à en croire les nuages de plus en plus chargés qui s'amoncelaient au-dessus de sa tête.

Elle essayait de ne pas trop réfléchir, elle essayait de ne faire qu'avancer, placer un pied devant l'autre, de se concentrer sur ce qui l'entourait de manière à ne pas être surprise au détour d'un bâtiment... Et pourtant dans la solitude il était difficile de ne pas faire autrement puisque l'on se retrouvait seul avec soi-même, il était difficile de ne pas se poser des questions, de ne pas ressasser certaines choses et de ne pas se laisser aller à la mélancolie.

Elle avait bien essayé de chasser ces idées de sa tête, de se concentrer à nouveau sur des choses simples et pragmatiques comme ce en quoi consisterait son repas du soir ou encore s'imaginer dans quel type d'endroit elle allait passer cette nuit-là, mais très vite ces sombres pensées revenaient au galop. Elle n'en pouvait plus de cette vie itinérante, de la solitude pesante, de ces scénarios dramatiques qui se répétaient encore et encore, de cette mort qui était partout jusqu'à flotter dans ces maisons vides qu'elle utilisait comme abri ou dans lesquelles elle se servait, récupérant tout ce qui pouvait servir à sa survie.

Autrefois il y avait eu des familles dans ses lits, des éclats de rires entre ces quatre murs, des peines et des joies, de la vie. Mais à présent, tout c'était tu. Tout baignait dans ce silence pesant, ce silence de mort. Et elle se demandait si le monde pouvait réellement surmonter cette terrible épreuve ou si c'était bel et bien la fin d'une civilisation qui s'était épanouie sur des millénaires. Elle avait encore du mal à s'imaginer que l'humanité si bruyante autrefois sur cette planète soit soudain devenue presque insignifiante.

Qu'en était-il de sa ville natale qui ne semblait jamais dormir ? De celle qu'on appelait la Cité des Rêves ou encore la Porte de l'Inde ? Qu'en était-il de sa chère Mumbai, si peuplée et tumultueuse ? Elle n'arrivait pas à l'imaginer si silencieuse mais pourtant elle savait que si l'épidémie avait frappé cet endroit rien n'aurait pu l'arrêter. Si les grandes villes américaines avaient été les premières à tomber, la métropole indienne était bien plus peuplée que toutes ces villes.

Il suffisait d'un seul infecté dans les quartiers grouillants près des gares de Churchgate ou de Victoria station, dans les trains bondés, ou même au milieu des routes sur lesquelles, dans des embouteillages étourdissants, s'effectuaient le va-et-vient constant de véhicules et de passants de toutes sortes : voitures déglinguées, vélos désossés, bus bondés, scooters pétaradants, rickshaws pressés, charrettes à bras, vélomoteurs, camions, charrues, vaches, chèvres, chiens... Il n'était pas difficile de s'imaginer ce qu'aurait engendré l'épidémie au milieu d'un chaos et bien qu'elle avait essayé de ne pas se l'imaginer, des images horribles lui venaient sans cesse à l'esprit.

Il lui fallait s'arrêter à présent, elle n'en pouvait plus et elle n'allait bientôt plus pouvoir voir où elle mettait les pieds de toute façon. Devant elle se dressait une petite maison aux murs en bardeaux autrefois blancs. Cela fera l'affaire se dit-elle avant de s'approcher d'un pas décidé. Cependant en arrivant près de l'entrée principale, elle s'arrêta net. Il y avait quelqu'un à l'intérieur. En effet, derrière la baie vitrée opaque dansait la lumière orange et tremblotante de chandelles. Elle allait faire discrètement demi-tour lorsque par la porte d'entrée entrouverte s'éleva un chant qu'elle reconnut aussitôt.

Jaṭāṭavī-galajjala-pravāha-pāvita-sthale
Gale 'valambya lambitāṃ bhujaṅga-tuṅga-mālikām
Damaḍ ḍamaḍ ḍamaḍ ḍaman nināda-vaḍḍa-marvayaṃ
Cakāra chaṇḍa-tāṇḍavaṃ tanotu naḥ śivaḥ śivam

Il ne s'agissait en réalité pas d'un simple chant mais d'une stotra, le Shiva Tandava Stotram, une liturgie en l'honneur du pouvoir et de la beauté de Shiva. La beauté de ce chant, cette voix profonde qui l'entonnait avec dévotion, ce soudain rappel à ses origines, à ce pays qui lui manquait, à ces croyances qu'elle avait sans doute bien trop souvent mises de côté pour se concentrer sur une carrière ou sur la survie... Mais c'était en réalité même plus que ça et sans même s'en rendre compte, comme déconnectée et renvoyée à un autre monde, elle s'approcha lentement de la grande baie vitrée.

Là s'y trouvait un homme, mains jointes devant le visage en position de priére. Il avait la peau brune et portait un turban rouge qui contrastait étrangement avec le reste de sa tenue sombre et typiquement occidentale.  Elle ne voyait pas bien son visage mais pouvait deviner de par son profil une barbe courte et des cheveux mi-longs. Soudain, comme s'il l'avait senti s'approcher, il se retourna pour lui faire face. La scène lui paraissait irréelle, comme peinte à travers cet écran flou qui les séparait.

La jeune femme se tenait là, immobile devant ce qu'elle avait du mal à se représenter autrement que comme une apparition avant de s’incliner en silence et avec grâce, mains jointes au niveau du cœur. Après avoir relevé la tête, elle plongea ses yeux brillants dans ceux de l’inconnu. Une larme unique s’en échappa, roulant le long de sa joue mate et laissant derrière elle une trainée scintillante.


Dernière édition par Meera Sahni le Jeu 6 Avr - 19:00, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Prière rouge   Prière rouge EmptyLun 3 Avr - 23:33


With his neck, consecrated by the flow of water flowing from the thick forest-like locks of hair, and on the neck, where the lofty snake is hanging garland, and the Damaru drum making the sound of Damad Damad Damad Damad, Lord Siva did the auspicious dance of Tandava and may He shower prosperity on us all.  musique ici
Meera & Ram
Les derniers rayons du soleil avaient désormais bel et bien disparus, laissant le loisir à la pénombre la plus noire de s'enquérir de toute l'immensité du ciel. Ram avait été trop absorbé par ses prières pour remarquer qu'il ne distinguait plus l'intérieur de sa maison qu'à la lueur de ses bougies. Il était rarement dans de tels états de concentration, de dévotion. N'importe qui qui l'aurait trouvé là l'aurait sans doute pris pour un fou tant son état flirtait avec la transe. Il avait simplement profité de cette occasion pour se dévouer corps et âme à l'une de seules choses qui lui rappellent encore d'où il vient, et qui il est. Dans un sens, cette célébration est une échappatoire pour lui, ce soir. Plus rien autour n'a d'importance. Aucun danger ne le guetterait aujourd'hui, Shiva veille sur lui.

Si Ram n'avait pas forcément remarqué que le soleil avait fini sa course, il avait bel et bien entendu les quelques coups de tonnerre qui avait retenti dehors, et avait été surpris par les flashs lumineux des éclairs qui avaient fendu le ciel. La pluie se mettrait sans doute bientôt à tomber. Lui, continuerait ses chants. Sa voix, à la fois grave et douce, et pleine de sincérité, traduisait son engouement et sa passion pour l'acte solennel qu'il était en train d'effectuer. Il eut le temps d'entonner les premiers couplets avant qu'un courant d'air frais ne vienne lui caresser la nuque et faire danser avec un peu plus d'ardeur, les flammes de ses bougies.

Un coup d'oeil rapide vers la porte fut suffisant pour qu'il se rende compte qu'il l'avait mal fermée. Quel idiot. Qui laisse sa porte ouverte un soir d'orage ? Il posa alors le plateau en cuivre sur le sol, se leva, et entreprit de se diriger vers la porte. Mais il fut stoppé net par l'apparition d'une silhouette féminine devant sa fenêtre.

En temps normal, Ram se serait empressé de poser la main sur la crosse de son pistolet, rattaché à sa hanche par un holster. Mais pas ce soir, bien au contraire. En voyant la jeune femme derrière la vitre, c'est comme si chacun de ses muscles s'était détendu. Ses épaules s'étaient abaissées, ses doigts s'étaient relâchés, même les traits de son visage étaient moins tirés, mais il soutenait le regard de la jeune femme avec une insistance bienveillante.

Ils sont restés comme ça, immobiles, l'un en face de l'autre, séparés par ce seul mur de verre, pendant quelques secondes qui paraissaient durer une éternité. Puis une larme coula sur la joue de la belle brune. Aussitôt, Ram eut un soubresaut. Il ne saurait décrire précisément cette décharge d'émotion qui lui a retourné les tripes à ce moment là, peut-être parce qu'il n'avait jamais eu quoi que ce soit de tel depuis longtemps ? Il n'en fut pas moins que son expression changea. Il fronça légèrement les sourcils, avant de s'approcher de la porte et de l'ouvrir un peu plus grand et de s'aventurer dehors.

Dans le silence que seuls le bruit du vents dans les arbres et le tonnerre n'osaient briser, Ram s'approchait de sa mystérieuse observatrice et essuya du dos de la main le sillon d'eau salée qui coulait sur sa joue sans jamais la quitter des yeux. Jamais le jeune homme ne se serait permis d'agir de la sorte en d'autres circonstances. Il ne comprenait sans doute même pas lui même pourquoi il se comportait ainsi. Pour la première fois depuis longtemps, il se laissait aller à la poésie, sans se tracasser nullement des règles élémentaires de survie, et ça avait le don évident de lui réchauffer le cœur.

Il se recula ensuite d'un petit pas, et tendit respectueusement sa main à la jeune femme en se penchant légèrement. Il l'invitait à le suivre à l'intérieur.  Quelque chose l'empêchait totalement de se méfier d'elle. Sa peau bazanée, et la noirceur de ses cheveux indiquait clairement qu'elle n'était pas originaire de ce continent. Son émotion face à l'expression de la religion hindoue, qui pourrait paraître exotique et par la même occasion, effrayante aux yeux des occidentaux et des non-initiés, avait l'air de faire remonter en elle une grande mélancolie, une profonde nostalgie. Il ne fait aucun doute ; cette fille venait du même pays que lui. Une force dont il ignorait l'origine obligeait Ram à s'intéresser à cette fille, et il avait une irrésistible envie de lui venir en aide. Si elle acceptait son invitation, il partagerait avec elle sa maison, au moins pour ce soir. Et cette fois, il prendrait grand soin de bien fermer la porte.

 

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Dernière édition par Ram Tendulkar le Dim 9 Avr - 19:00, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Prière rouge   Prière rouge EmptyVen 7 Avr - 2:59

Tout lui paraissait se dérouler comme dans un songe et le puissant stotra résonnant encore dans ses oreilles ne l’aidait pas à se débarrasser de cette impression. Elle n’avait toujours pas bougé, se tenant comme figée sur place tandis que l’homme la rejoignait à l’extérieur. Son regard s’accrocha au sien dès l’instant où ils se croisèrent. Les yeux écarquillés et encore embués de la jeune femme le dévisagèrent tandis qu’il se rapprochait, comme pour s’assurer qu’il était bien réel et non une illusion.

La scène qui se déroula ensuite sembla tout droit sortie d’un film de Bollywood. Les éléments commençaient à se déchaîner. Des grondements sourds faisaient vibrer l’air autour d’eux. Le ciel était déchiré par des éclairs qui illuminaient les environs par intermittence. Le vent soufflait dans les cheveux ondulés de la jeune femme, faisant voler des mèches brunes qui dansèrent, tels de longs rubans sombres, devant son visage. Avec une étrange douceur, l’inconnu avait essuyé sa joue d’un geste. Ce simple contact la fit tressaillir de la tête aux pieds.

Plusieurs éclairs violents et rapprochés lui permirent de mieux distinguer l’homme qui lui faisait face. Il devait avoir un âge proche du sien soit une petite trentaine d'années, Il avait de grands yeux aux contours bien marqués et un nez busqué qui ne durcissait pourtant pas ses traits étrangement doux. Son visage ovale était cerné d’un collier de barbe noire agrémenté d’une moustache dont les pointes remontaient légèrement. Alors qu’il devait la toiser de près de dix centimètres, le turban de fortune qu’il portait le faisait paraître plus grand encore.

Meera se sentait étrange. Peut-être était-ce du à la faim ou à la fatigue ? Peut-être était-ce cet épuisement général mêlé à la surprise de cette rencontre ? Toujours est-il que l’indienne avait l'impression d'avoir soudain été transportée dans un tout autre univers, un univers dans lequel les morts ne menaçaient plus les vivants, un univers dans lequel la présence du divin était presque palpable et où seul Dieu pouvait expliquer l’incongruité d’une telle rencontre. Toute la tension qui semblait s’être accumulée dans son corps ses derniers mois semblait avoir disparu, comme un mauvais rêve.

Une goutte s’écrasa dans la paume tendue de l’inconnu dont elle n’arrivait plus à détacher le regard. Quelques grosses gouttes s’écrasèrent ensuite sur le sol, se faisant rapidement de plus en plus serrées, de plus en plus violentes. Au loin, une arche immense zébrée de déchirures blanches illumina le ciel. Pourtant la jeune femme paraissait indifférente au tableau fantastique et sinistre qu’offrait cette tempête imminente, indifférente aux roulements continus de l’orage, aux sanglots du vent qui pleurait dans les branches et à la pluie qui les trempait. Ses yeux ne quittaient toujours pas le regard intense de l’homme qui lui faisait face.

Après lui avoir adressé un petit sourire, l’indienne désormais ruisselante posa, sans la moindre crainte, sa main sur la sienne. Meera avait abaissé ses défenses naturelles, mis de côté sa méfiance et ses réflexes de survivante, comme charmée par le serpent Kaa, pour accepter cette invitation muette. Elle ne pensa pas un instant sur le moment qu'elle pourrait par la suite regretter, que le fameux Atithi Devo Bhava* pouvait ne pas être respecté dans un monde où beaucoup de règles semblaient avoir changé.

Lorsqu'ils eurent franchi la porte, l'indien referma la porte derrière eux. C'est alors que la jeune femme sembla soudainement revenir à la réalité. Frissonnante, elle prit conscience qu'elle était trempée. Ses cheveux pendaient misérablement de chaque côté de son visage, le t-shirt qu'elle portait et sa veste de cuir lui collaient à la peau. Rassemblant sa chevelure humide de manière à dégager son visage, les yeux perdus dans le vide, elle laissa s'échapper un petit rire nerveux.

« Vous êtes bien réel », lança-t-elle en Hindi, plus pour elle-même semblait-il que pour le beau brun vers qui elle avait de nouveau levé les yeux.



*« L'hôte est comme Dieu », principe faisant partie du code de conduite hindouiste selon lequel le visiteur (l'invité inattendu) que l'on accueille chez soi doit être traité avec révérence et respect, comme le divin.
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MessageSujet: Re: Prière rouge   Prière rouge EmptyDim 9 Avr - 23:18

         

With his neck, consecrated by the flow of water flowing from the thick forest-like locks of hair, and on the neck, where the lofty snake is hanging garland, and the Damaru drum making the sound of Damad Damad Damad Damad, Lord Siva did the auspicious dance of Tandava and may He shower prosperity on us all.  musique ici
Meera & Ram
« Vous êtes bien réel.»

Si Ram avait pu hésiter un instant quant aux origines indiennes de son interlocutrice, le moindre doute était désormais levé. Elle venait de parler en Hindi. Ce n'était certes pas sa langue maternelle, étant né dans l'état du Karnataka il parlait plutôt le kannada avec sa famille, mais il avait toujours été habitué à entendre cette idiome. Ou du moins jusqu'à ce qu'il déménage aux Etats-Unis. Là, il n'avait pas discuté en face à face dans une quelconque langue indienne depuis bien des années, seul Internet lui permettant de converser avec sa famille et de s'informer des actualités culturelles de son pays. Par conséquence, la surprise est plutôt agréable. Ce qui est en réalité le plus surprenant de sa part, c'est qu'il n'avait pas pu détacher son regard d'elle depuis qu'elle était entrée dans sa maison. Quand elle eut finit sa phrase, et sans la quitter des yeux, il esquissa son premier sourire depuis longtemps avant de répondre avec douceur et sincérité, dans la même langue que celle dans laquelle la jeune femme s'était exprimée..

C'est également ce que je suis en train de réaliser.

"Main deewana raha hoon".. pensa-t-il, "je deviens fou." Lui qui était d'habitude d'un machisme à la limite du supportable, devenait doux comme un agneau avec une inconnue qu'il a découverte cinq minutes plus tôt à sa fenêtre. Décidément, cette soirée se positionnait aux frontières du réel, que dire, du vraisemblable. Il ne se comprenait même pas lui-même. La parenthèse bucolique qui venait de se refermer en même temps que la porte de sa maison, lui avait totalement chamboulé l'esprit. Finalement, peut-être que Shiva avait entendu ses prières, et comme il devait être l'un des seuls à encore le louer, il se penchait sur son sort et lui accordait un peu d'attention en ce soir si particulier. Le divin serait-il en train d'apporter une once de sagesse au mortel enturbandé ? Faisait-il entrer dans le coeur de Ram le soupçon de bonté qu'il lui manquait depuis si longtemps ?

Je vous aurais proposé de quoi vous restaurer avec plaisir, mais comme on n'a pas le droit de manger ce soir..

Ram ne sut pas comment terminer sa phrase autrement que par un haussement d'épaule et une expiration suivie d'un sourire un peu gêné. Il avait jeûné toute la journée, et son estomac commençait sérieusement à réclamer quelque chose à grignoter, mais pas question pour lui d'enfreindre les règles de la tradition. Surtout que pour une fois, le Dieu qu'il vénérait semblait lui répondre, il ne prendrait pas le risque de pêcher devant ses yeux et de faire plonger son karma plus rapidement que les circonstances actuelles ne l'y forçaient déjà.

Asseyez-vous. Je vais vous chercher de quoi vous réchauffer. Ne prenez pas la poudre d'escampette surtout, je refuse de croire que tout ceci n'est qu'un mirage.

En accordant un dernier sourire à la jeune femme, il lui tourna le dos et s'absenta quelques instants. Le temps de récupérer dans la chambre juste à côté un autre de ses sweats et un tee-shirt qui était là avant son arrivée. Elle aurait ainsi un vêtement chaud et sec à se mettre sur le dos, et un linge dans lequel essorer ses longueurs brunes toutes mouillées.

Une poignée de minutes plus tard, le voilà arrivé dans l'encadrement de la porte. Son invitée se sera-t-elle enfuie ? Aura-t-elle disparue ? Ou lui fera-t-elle le cadeau d'être restée ? Sera-t-elle en train de chercher un couteau pour le planter dans le coeur de l'indien ? Ou un sac à la main, sera-t-elle en train de se servir dans les provisions pourtant maigres et sans prétention de son hôte ? Malgré la confiance que cette nuit sans lune inspirait à Ram, il avait du mal à croire que toute cette magie puisse lui tomber dessus sans qu'un problème ne survienne tôt ou tard. C'est alors avec une grande discrétion qu'il jette un coup d'oeil dans sa pièce principale..


 

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Dernière édition par Ram Tendulkar le Dim 14 Mai - 22:38, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Prière rouge   Prière rouge EmptyLun 10 Avr - 5:17

Le sourire que Meera reçut en réaction des quelques mots qu'elle avait laissé échapper la rassura quelque peu. Elle n'était pas la seule visiblement à trouver à cette rencontre une coïncidence plus qu'étrange et quelque chose de pratiquement mystique.

« C'est également ce que je suis en train de réaliser. », lui répondit-il dans un Hindi presque hésitant. « Je t'aurais proposé de quoi te restaurer avec plaisir », poursuivit-il, « mais comme on n'a pas le droit de manger ce soir. », termina-t-il avec un haussement d'épaules et un petit sourire gêné.

L'indien – dont elle ne connaissait toujours pas le nom – avait visiblement deviné qu'elle était hindoue mais sans doute avait-il l'habitude de suivre un Shivratri Vrat particulièrement sérieux, ce qui n'était pas vraiment le cas de la jeune femme. En effet, même en temps normal, Meera n'observait pas vraiment le Maha Shivaratri. Non pas qu'elle n'était pas croyante ou respectueuse de Shiva, plutôt que sa pratique était assez limitée, comme une majorité des hindous modernes et en particulier ceux qui s'étaient installés à l'étranger.

Les rares fois où elle avait voulu suivre ce festival en l'honneur de Shiva, elle avait donc fait comme la majorité des dévots en mangeant principalement des fruits et de l'eau et du lait plutôt que de se priver complètement d'hydratation et de nourriture toute une journée. Avec la vie très active qu'elle avait toujours menée, il lui avait toujours paru difficile d'être de ceux qui observaient un jeun extrême, même si elle ne prenait pas non plus de repas après le coucher du soleil lorsqu'elle décidait de suivre la tradition.

En vérité, comme beaucoup d'hindous de sa génération et d'après, Meera ne connaissait que très peu et superficiellement toutes les prières, mantras et autres traditions cérémonielles. De sa famille son père était sans doute le plus dévoué à ce genre de rituels et était celui qui se rendait le plus souvent au temple. Repenser à ses parents et à sa famille lui provoqua un petit pincement au cœur et elle se demanda encore une fois s'ils avaient survécu, s'ils étaient sains et saufs. Elle continuait à frissonnner à cette pensée.

« Assied-toi. Je vais te chercher de quoi te réchauffer. Ne prends pas la poudre d'escampette surtout, je refuse de croire que tout ceci n'est qu'un mirage. », lui demanda-t-il avec un dernier sourire avant de disparaître.

Désormais seule dans la pièce, la jeune femme regarda autour d'elle et ses yeux s'arrêtèrent rapidement sur l'autel de fortune. Il était étrange de ne voir aucune statuette ou éffigie mais celui-ci avait été bien évidemment fait avec les ingrédients du bord et pas forcément ceux qui se trouvaient traditionnellement. C'était déjà un miracle que soient rassemblées toutes ces offrances parmi lesquelles se trouvait même une peau de serpent constata-t-elle avec surprise.

Meera retira sa veste en cuir qu'elle déposa soigneusement sur une chaise puis s'approcha de la table de prières. Un petit récipient près des bougies contenait une pâte rouge. Visiblement cette même pâte avait du être utilisée pour le tilak qu'adornait l'indien et  elle se demanda un instant si son hôte avait réussi à trouver du kumkum ou s'il s'agissait d'une peinture quelconque. Puis ses yeux s'arrêtèrent sur d'autres marques rouge, celle qui étaient inscritent sur le mur, et à en douter la couleur sombre elle ne doutait pas de l'élément qui avait servi. Du sang.

Elle frissonna. Bien qu'étant hindoue elle était tout à fait étrangère à certaines pratiques. L'hindouisme était une religion plutôt libre et ouverte, chacun pouvait donc faire les choses plus ou moins à sa manière. Toute forme de sacrifice ou d'offrande de sang était pour elle sans doute un peu trop éloigné de ses propres croyances mais elle le respectait. Pour sa part, elle avait déjà vu suffisament de sang et de sacrifices au cours de cette dernière année.

Elle plaça ses deux mains dans le flot de fumée du petit pot dans laquelle brûlait quelque chose qui faisait visiblement office d'encens. Puis après s'être inclinée, joignit ses mains, les paumes et les doigts se touchant, les inclinant en position de prière vers le sol, puis à hauteur du cœur avant de les élever au-dessus de sa tête. Elle honorait ainsi dans l'ordre les créatures de la terre et son propre corps, les êtres humains et l'esprit puis enfin Dieu pour qu'il purifie son âme.

Ce simple rituel était bien loin de la complète et traditionnelle pûjâ mais Meera était de toute manière tout sauf en état de pratiquer, son corps étant loin d'être préparé et purifié comme il aurait du l'être malgré la pluie qui l'avait superficiellement rincé. Pourtant alors qu'elle se tenait là, immobile dans la lueur des chandelles, elle oublia un instant toute l'horreur qui l'entourait passée cette porte, les morts qui marchaient et les vivants qui tuaient pour se concentrer sur cette lueur d'espoir qui semblait s'être incarnée dans les flammes chaleureuses et tremblantes qui se reflétaient dans ses yeux.


Dernière édition par Meera Sahni le Jeu 13 Avr - 21:17, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Prière rouge   Prière rouge EmptyMer 12 Avr - 20:04

         

With his neck, consecrated by the flow of water flowing from the thick forest-like locks of hair, and on the neck, where the lofty snake is hanging garland, and the Damaru drum making the sound of Damad Damad Damad Damad, Lord Siva did the auspicious dance of Tandava and may He shower prosperity on us all.  musique ici
Meera & Ram
Le plus silencieusement du monde, il la regardait. Même si elle n'effectuait que les gestes les plus simples de la prière hindoue, elle allait à l'essentiel, et c'était visiblement amplement suffisant pour hypnotiser Ram. Malgré son état, elle opérait avec tellement de grâce, que sa féminité apparaissait aux yeux de l'indien comme un tourbillon de sensualité.

Il n'a pas bougé, les yeux rivés sur elle pendant quelques instants encore après qu'elle n'ait fini son rituel. Puis il s'avança doucement pour se poster dans le dos de la jeune femme. Tout doucement, il posa sa veste sur les épaules de son invitée de façon à ce que soit couverts son dos et ses bras. Puis toujours avec toute la délicatesse qui lui était donné, il tira la longue chevelure de la jeune femme à l'extérieur de la veste, et noua du bout des doigts son linge le plus fin dans les longueurs brunes de son invitée. Il ne faudrait pas que l'humidité ne finisse par l'empêcher de se réchauffer.

Ram fit un pas sur le côté, et saisit sans fermeté l'avant-bras fin et froid de la jeune femme comme pour attirer son regard. C'était totalement dingue pour lui de ressentir une telle connexion avec quelqu'un. Un tel besoin de contact visuel. Elle n'avait encore pas dit un mot, mais plus d'un message était passé entre eux. Des messages cryptés auxquels eux seuls pouvaient donner un sens. Pour le reste du monde, ils auraient simplement l'air mabouls.

Puis Ram se pencha pour s'emparer du pot de poudre rouge au pied de l'autel qu'il avait érigé sans prétention. Dans le même temps, il se saisit d'une bougie qu'il confia à son invitée. En plus de lui réchauffer les mains, sa flamme donnera encore plus de profondeur à la scène qui est sur le point de se dérouler.

Je m'appelle Ram. annonça-t-il tout bas, ses iris noirs plantés dans ceux de son interlocutrice silencieuse. Restez avec moi cette nuit.

Mera naam Ram hai. Aaj raat mere saath rahana. Le pot de poudre rouge dans une main, il plongea son pouce dans la mixture écarlate. Et avec une douceur qu'il n'aurait lui-même jamais estimée, il vint tracer un bindi sur le front encore humide de la belle brune. C'est comme si sa main dansait dans l'air. Bercée par un courant d'ondes pures, elle vint terminer sa course en effleurant d'une caresse presque imperceptible la chevelure, l'épaule puis le bras de la fille qu'il venait de marquer, à son insu, à l'encre de ses veines.


 

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Dernière édition par Ram Tendulkar le Lun 17 Avr - 10:30, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Prière rouge   Prière rouge EmptySam 15 Avr - 22:32

Elle le sentit s’approcher d’elle, d’un pas lent mais ses yeux ne quittèrent pas les flammes. Son débardeur sombre lui collait au corps et elle sentait encore les gouttes d’eau descendre de sa chevelure humide pour glisser le long son dos. Sans doute était-ce parce qu’elle était ainsi trempée qu’elle était soudainement si sensible aux infimes variations dans son environnement et que ses sens semblaient encore plus aiguisés que d’ordinaire. Les grondements de l’orage résonnaient en elle comme des tambours et les bourrasques qui faisaient s’écraser les gouttes de pluie contre les vitres telles les notes rythmées et sonores d’un bulbul tarang.

La présence de l’indien se fit de plus en plus nette. Il lui semblait qu’elle pouvait à présent ressentir chaque déplacement d’air ou la moindre source de chaleur autour de son corps. Elle ne se retourna pourtant pas lorsqu’il s’arrêta dans son dos. Alors que de nouveaux frissons parcouraient sa peau, il posa délicatement un vêtement sec sur ses épaules nues puis ressembla ses cheveux avant de les essorer dans un linge qu’il laissa ainsi noué et pendant sur la tête de la jeune femme. Chacun de ses gestes avait été fait avec une grande douceur et efficacité.

Elle portait une main à sa coiffure improvisée, les yeux baissés et un léger sourire flottant sur le visage lorsqu’elle sentit une main chaude se poser sur son avant-bras libre. Bien qu’à présent enveloppée dans la chaleur de sa veste, elle ne pu s’empêcher de tressaillir à ce simple contact auquel elle n’était plus habituée. Le tissu sur sa tête retomba avec sa main et elle pivota légèrement pour rencontrer son regard. Plongeant ses yeux dans les siens comme si elle cherchait à le sonder, à lire en lui des paroles qui ne franchiraient pas ses lèvres, elle poursuivit dans ce langage muet la conversation silencieuse qu’ils semblaient avoir entamé depuis leur rencontre.

Elle eut la sensation que ses yeux la traversaient, la sondaient en retour, qu’ils la mettaient à nu, qu’ils l’hypnotisaient et elle ne se privait pas de le dévisager en retour et ne détourna pas un instant le regard. C’était étrange, cette soirée était vraiment étrange… En l’espace de quelques secondes seulement, elle lut dans ses yeux qui brillaient étrangement comme ceux d’un chat dans la nuit noire, de la curiosité, de la douceur, du désir, du défi, sentiments qui irradiaient l’un après l’autre vers son visage, comme autant de volutes magnétiques.

Il se pencha alors pour récupérer la poudre rouge près de l’autel et lâcha son bras pour se saisir d’une bougie qu’il lui tendit. La jeune femme l’accepta de ses deux mains comme il était coutume de faire, ses yeux ne quittant plus son mystérieux hôte. « Je m'appelle Ram », se présenta-t-il simplement, presque dans un murmure. Un nom puissant. Rām. Le roi véritable. Le prince charmant. L’homme parfait. La septième incarnation du dieu Vishnu qui ne s’apparaissait que lorsque l'ordre cosmique était menacé et que le chaos prédominait sur la terre.

« Reste avec moi cette nuit » , lança enfin l’indien tout en continuant à la fixer avec cette intensité pénétrante qui semblait commander  tout autant qu’implorer. Le brasier qui semblait danser dans ses prunelles avec quelque chose de dangereusement hypnotique mais la jeune femme ne se laissa pas prendre. Elle le laissa tracer le tilak écarlate sur son front humide avec un geste à la fois gracieux et sensuel, laissa sa main l’effleurer avant de reculer d’un pas, marquant une légère distance sans pour autant tout à fait rompre la magie de ce moment.

« Thank you », dit-elle avant de s’incliner légèrement. Un remerciement ou une acceptation de son invitation ? Sans doute les deux. Elle s’était volontairement montrée évasive à ce sujet, une manière pour elle de reprendre le contrôle de cette situation qui lui échappait complètement. Car si elle apparaissait calme et impassible, les battements frénétiques de son cœur, eux, semblaient dire tout autre chose.

« Meera », lâcha-t-elle finalement de sa voix chaude et suave. « Meera mera naam », se présenta-t-elle à son tour avec un petit sourire. « Ram... » Elle laissa le nom rouler sur sa langue  et apparut comme pensive quelques instants. « Vous n'êtes pas une réincarnation de Rāma, right ? », lança-t-elle volontairement sur le ton de l'humour, un sourire en coin et une lueur taquine dans le regard.
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MessageSujet: Re: Prière rouge   Prière rouge EmptyLun 17 Avr - 0:23

         

With his neck, consecrated by the flow of water flowing from the thick forest-like locks of hair, and on the neck, where the lofty snake is hanging garland, and the Damaru drum making the sound of Damad Damad Damad Damad, Lord Siva did the auspicious dance of Tandava and may He shower prosperity on us all.  musique ici
Meera & Ram
Elle avait eu un mouvement de recul. A ce moment précis, à la seconde où le bout des doigts de Ram ne frôlaient plus que l'air, ses sourcils se froncèrent légèrement sous le coup de l'incompréhension. Cette soirée n'avait définitivement rien d'ordinaire, ni d'habituel, mais il était pourtant certain que les événements, aussi hypnotiques et magiques soient-ils, lui plaisaient énormément. C'était tellement reposant, mais captivant en même temps. Il planait, tout simplement. Et il n'avait strictement aucune envie que tout cela ne s'arrête. Mais elle venait de se déporter un peu plus loin de lui, et Ram n'a alors craint qu'une seule chose. Son coeur avait oublié de battre un instant avant de reprendre avec un rythme accéléré. Il a eu si peur qu'elle ne s'échappe, à ses derniers mots.

Même s'il mourrait d'envie de se rapprocher à nouveau, il n'en ferait rien.  Il fit simplement retomber sa main sur le pot de poudre de vermillon artisanale, tout doucement, en même temps que les traits de son visage ne se détendaient. A son grand soulagement, il réalisait que non, son invitée ne s'enfuirait pas. Elle s'inclina même en le remerciant. Thank you. C'était la première fois qu'elle lui adressait un mot. Meme si Ram m'avait pas bougé, son palpitant, lui, s'était sérieusement emballé. Et son regard s'était simplement rempli d'un mélange d'émotions étranges, entre apaisement, excitation et curiosité, avant qu'il ne s'incline doucement en retour.

Meera. Meera mera naam.

Elle s'appelle Meera. Même s'il ne faisait que découvrir son nom, il sonnait à ses oreilles comme une évidence. Elle n'aurait pas pu se prénommer autrement. Meera. La princesse poétesse qui a dédié à sa vie et son oeuvre à Krishna. Meera. Meera. Meera. Ces deux syllabes résonnaient dans la tête de Ram alors qu'il dévisageait toujours la jeune femme. Meera. "Prospère". Quoi de plus adapté ? Elle apportait tellement de calme et de sérénité à cette nuit, dans cette petite maison de Louisiane. Sans doute plus que Ram n'en avait éprouvé depuis fort longtemps.

Vous n'êtes pas une réincarnation de Rama, right ?

Son rictus presque discret et l'espièglerie dans ses yeux n'avaient pas échappé au regard de l'indien. Même si cette question n'était évidemment pas posée sérieusement, la comparaison avec ce héros de l'hindouisme était plutôt flatteuse. Il sera forcé d'avouer que c'est sa mère qui avait insisté pour le baptiser ainsi. Elle qui tenait à donner à son enfant un prénom dont il pourrait être fier, et qui soit doté d'une forte signification, elle avait fait un excellent choix. Le rapprochement que venait de faire Meera, aussi anecdotique soit-il, soutira à Ram un rire timide qui se prolongea sur un large sourire alors qu'il baissa les yeux.

Je ne pense pas être celui de nous deux qui se rapproche le plus du divin ce soir, Meera.

Puis il posa le petit pot qu'il tenait entre ses mains, près de l'autel érigé plus tôt dans la soirée avant de se redresser.

Mera ghar apne ghar hai. Ma maison est votre maison. dit-il en pointant respectivement son coeur et celui de Meera à la prononciation des pronoms possessifs, et en terminant par écarter sensiblement les mains pour décrire l'espace qu'il évoquait. Demandez tout ce dont vous avez besoin, vous l'obtiendrez. finit-il avant de tourner le dos à la jolie brune et en faisant quelques pas vers la grande table. Là, il tira une chaise avancée sous cette dernière et se tenant droit comme un i, tourna élégamment le regard vers la jeune femme.

Madam ? lâcha-t-il avec un accent indien à couper au couteau, et d'une voix rassurante, élégante et suave. Il l'invita à prendre place en s'inclinant légèrement, parodiant avec une subtilité mesurée les serveurs les plus occidentalisés, et prenant intérieurement en grippe tous les stéréotypes du gendre idéal que lui insufflaient malgré lui, son propre prénom.

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MessageSujet: Re: Prière rouge   Prière rouge EmptyVen 21 Avr - 12:10

« Ma maison est ta maison. Demande tout ce dont tu as besoin, tu l'obtiendras. » Cette généreuse offre ne surprenait plus la jeune femme dans les circonstances mais cela ne lui empêcha pas de ressentir une réelle gratitude ainsi qu’un certain soulagement. Cela lui semblait faire une éternité qu’elle était seule sur les routes et cette solitude lui avait réellement pesé aussi un peu de compagnie était plus que la bienvenue.

Alors qu’il passait derrière elle, elle se retourna pour le suivre du regard, un sourire en coin. Il avait tiré une chaise près de la table. « Madam ? », fit-il de façon théâtrale, adoptant l’attitude du parfait gentleman, comportement qui aurait paru tellement incongru dans le monde actuel mais qui ne l’était étrangement pas dans celui qu’ils s’étaient créés pour cette soirée, une petite bulle qui semblait offrir un répit bienvenu au milieu de tout ce chaos.

Meera ne se fit donc pas prier. Un éclat amusé dans les yeux, elle s’avança avec la grâce d’une dame, déposa la serviette qui était restée sur son avant-bras sur le dossier avant de s’asseoir à la place désignée. D'un geste souple, elle rassembla sa longue chevelure noire entre ses mains, au-dessus de son épaule, sur sa poitrine. La jeune femme laissa ensuite courir ses doigts fins, les nattant avec la rapidité et la dextérité de l'habitude, un léger sourire toujours flottant ses lèvres tandis que son regard se perdait dans le vague.

Lorsqu'il se plaça enfin face à elle elle releva les yeux. Et maintenant ?, semblait-elle lui dire d'un regard. Allait-il à nouveau la surprendre ? Que leur réservait donc encore cette nuit étrange ?
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MessageSujet: Re: Prière rouge   Prière rouge EmptySam 22 Avr - 21:39

       

With his neck, consecrated by the flow of water flowing from the thick forest-like locks of hair, and on the neck, where the lofty snake is hanging garland, and the Damaru drum making the sound of Damad Damad Damad Damad, Lord Siva did the auspicious dance of Tandava and may He shower prosperity on us all.
musique ici Meera & Ram

Elle était rentrée dans son jeu avec espièglerie. Elle avait cette lueur dans le regard, quelque chose de magnifique qui traduisait son amusement, mais aussi certainement une forme de joie. Harsh Une émotion que Ram n’avait pas connu depuis des années, sans doute. Une étincelle de ce que l’on pourrait apparenter sans prétention à un soupçon de bonheur, qui fit briller les yeux de l’indien en retour alors que la jeune femme s’asseyait avec élégance dans la chaise miteuse sur laquelle elle avait été invitée.

Alors qu’il faisait le tour de la table pour s’asseoir face à elle, il la regardait du coin de l’œil. Elle avait rassemblé ses longueurs noires devant elle, et les tressait désormais. Le jeu de ses doigts dans ses mèches de jais hypnotisait totalement Ram. Il en faut peu, vous me direz, mais c’est vraiment ce qui était en train d’arriver. Il n’avait pas été en compagnie d’une femme aussi charmante depuis de longues années. Toute la délicatesse dont elle faisait preuve, sa féminité, sa grâce, et ce je-ne-sait quoi qui lui donnait cet air mystique et irréel en ce soir sacré, assommait l’indien d’une façon qu’il n’aurait su rêver plus plaisante.

Il finit par poser ses fesses sur la chaise, encore plus abîmée, et pas le moins du monde accordée avec celle de Meera, face à lui alors qu’elle terminait sa coiffure. On aurait pu croire qu’il louchait sur la poitrine de la belle brune, mais il n’en était rien. Il admirait simplement l’adresse digitale de son invitée. Elle gardait ce sourire discret qu’elle avait offert à Ram, un peu plus tôt. Ce rictus, aussi fin soit-il, réchauffait le cœur de l’indien plus qu’un millier de bougies n’y seraient parvenu. Il se plaisait de le regarder, encore et encore.

Aussitôt qu’elle eut achevé sa coiffe pour de bon, elle releva les yeux vers lui, et il fit de même. Les commissures des lèvres brunes de l’indien s’étirèrent une fois de plus avant qu’il ne lance, d’une voix douce mais rauque, remplie de bienveillance..

Très réussie, votre natte. Puis il avança sa chaise et posa ses avant-bras sur la table. Loin de lui l’envie de paraître agressif ou intrusif, il avait effectué ses gestes avec une délicatesse mesurée. Il plissa légèrement les yeux avant de poser à Meera la question qui lui brûlait la langue depuis un petit moment déjà.  Comment se fait-il qu'une dame comme vous soit seule sous les caprices du ciel d'une nuit sans lune ?

Il était affreusement impatient d’avoir sa réponse. Après tout, il était temps pour lui de se rendre à l’évidence. Même si cette soirée relevait du merveilleux, la dame assise en face de lui était bel et bien humaine. Comme lui, elle avait un passé, une histoire, un vécu, et Ram prendrait avec plaisir le risque de briser le mythe presque divin qu’elle représentait pour la découvrir un peu plus.

Mais avant qu’elle ne puisse vraiment répondre, un bruit venant de l’extérieur fit tressaillir Ram. Un bris de verre. Suffisamment fort pour se faire entendre, il s’agissait à n’en pas douter de la fenêtre d’une maison voisine.

Apne yah suna ? Vous avez entendu ? lança-t-il, une note d’inquiétude à peine camouflée dans un ton de voix qu’il voulait toujours serein.

Puis un cri. Celui d’une femme sans doute. Et un coup de feu. Puis plus rien. Plus rien du tout. Ram posa alors sa main sur le holster où reposait sagement son glock, prêt à bondir.

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Dernière édition par Ram Tendulkar le Dim 14 Mai - 10:45, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Prière rouge   Prière rouge EmptyVen 12 Mai - 4:09

« Très réussie, votre natte. » Elle sourit simplement en réponse à ce compliment, mille et une questions se bousculant dans sa tête sans qu'elle ne sache par où commencer. Ram en revanche ne semblait pas avoir ce problème. « Comment se fait-il qu'une dame comme vous soit seule sous les caprices du ciel d'une nuit sans lune ? », lui demanda-t-il sur un ton teinté d’humour et d’une curiosité sincère.

Meera lâcha un petit rire. La tournure de cette question aurait d’ailleurs pu paraître absurde et d'une poésie ridicule dans d’autres circonstances mais elle paraissait ici bien choisie. « Aur… », commença-t-elle avant d’être interrompue par un bruit retentissant provenant de l’extérieur, celui d’un bris de glace.

« Vous avez entendu ? », demanda Ram avec inquiétude. La question était rhétorique bien entendu puisqu’elle venait littéralement de s’interrompre dans sa réponse. Ses sens de nouveau aux aguets, elle ne put s’empêcher de frémir lorsqu’elle entendit un cri de femme, bientôt suivi d’un coup de feu.

En réaction, l’indien avait posé la main sur son arme mais Meera en revanche n’avait pas attendu pour sortir la sienne et se lever de sa chaise. Elle ne se précipita pas pour autant et c’est le visage fermé, son glock en main, qu’elle s’avança lentement vers la fenêtre pour jeter un œil à l’extérieur.

La tempête sévissait toujours, le vent et la pluie fendaient les vitres ruisselantes. En l’absence de lumière naturelle à l’extérieur, si ce n’étaient ces éclairs qui venaient sporadiquement illuminer le ciel, impossible de voir quoi que ce soit.

Même si elle aurait aimé savoir ce qui se passait, si quelqu’un avait besoin d’aide et s’il y avait un danger imminent, il aurait été complètement inconscient et suicidaire de sortir au beau milieu d’une telle tourmente.

« Les bougies ! », lança Meera à mi-voix. Si elle avait pu être attirée par la lumière un peu plus tôt, celle-ci risquait d’alerter de leur présence quiconque se trouvait dehors, simples survivants ou dangereux bandits.

La jeune femme se précipitait pour éteindre les chandelles sur l'autel lorsque la porte s'ouvrit à la volée. Elle se retourna vivement en direction de celle-ci, le canon de son arme pointé vers la personne qui venait de faire irruption.

L'intrus ou plutôt l'intruse était une femme dans la quarantaine. Elle était complètement trempée, des mèches de cheveux châtains couvrant une partie de son visage dont les traits exprimaient à la fois une détresse, une terreur profonde mais également une souffrante évidente.

« Help! », lança-t-elle, d’une voix déraillée et à la limite de l’hystérie. « Aidez-la, je vous en prie ! », implora-t-elle en s'avançant vers Meera qui leva son arme en direction de sa tête.

Il n'avait pas fallut longtemps à Meerapour remarquer qu'elle n'était pas que trempée par la pluie mais également couverte de sang. La manche de son bras droit était déchirée, révélant une plaie de toute évidence récente à en juger le sang qui suintait. Elle n'avait pas trop de doute sur la nature de cette blessure ; la chair arrachée et boursoufflée indiquait indéniablement qu'il s'agissait d'une morsure.

Ses yeux aux iris clairs étaient suppliants et rougis par des larmes à peine visibles. « Je vous en prie, aidez-la, ce n'est qu'une enfant ! », insista-t-elle, désespérée. Le masque froid qui rendait toute expression sur le visage de l'indienne jusqu'à présent se fendit presque instantanément à la mention d'un enfant. « Oh mon Dieu, c’est ma faute, je n’aurais pas du la laisser seule ! »

Meera baissa lentement son arme après avoir à nouveau vérifié qu'aucune arme n'était visible sur la survivante, indiquant qu’elle était prête à l’entendre. Si elle était mordue de toute façon elle devait savoir que c'était la fin et qu'elle n'avait plus rien à perdre. Pour quelle autre raison aurait-elle débarqué aussi soudainement ici au risque de se faire descendre par d'autres survivants ?

« Calmez-vous », commença la jeune femme d’une voix posée qui se voulait rassurante devant le flot de paroles décousues qu’avait continué à débiter la blessée. « Je vous en prie, calmez-vous. », répéta-t-elle, cette fois-ci avec plus de douceur et de chaleur, faisant ainsi comprendre à celle qui lui faisait face qu’elle comprenait sa détresse.

Il aurait été stupide de simplement la suivre et de foncer tête baissée vers elle ne savait quel danger, même s'il y avait urgence et qu'il s'agissait de la vie d'un enfant. Il allait donc falloir rapidement que celle qui leur faisait face soit à même de fournir des explications cohérentes qui leur permettraient de mieux attester de la situation.
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