the world could change its heart (dahlia)

the world could change its heart

She just wants to be beautiful, She goes unnoticed, she knows no limits, She craves attention, she praises an image, She prays to be sculpted by the sculptor Oh she don't see the light that's shining Deeper than the eyes can find it Maybe we have made her blind So she tries to cover up her pain, and cut her woes away 'Cause covergirls don't cry after their face is made But there's a hope that's waiting for you in the dark You should know you're beautiful just the way you are, And you don't have to change a thing The world could change its heart No scars to your beautiful, we're stars and we're beautiful, And you don't have to change a thing The world could change its heart, No scars to your beautiful, we're stars and we're beautiful. ~ scars to your beautiful, alessia cara.

(précédemment, cette nuit-là) // Là voilà qui s'enfuyait dans la nuit, s'enfonçant dans les ténèbres, abandonnant une nouvelle fois Sean derrière elle. Laissant ce qui aurait pu être une bonne nuit, au profit de larmes qui dévalaient ses joues en torrent. Elle avait claqué la porte d'entrée derrière elle, et elle espérait que l'bruit ait réveillé toute la maisonnée – ce qu'elle pouvait haïr Sean lorsque, d'entre ses lippes, passaient des remarques qu'elle n'était pas capable d'appréhender. Garder son calme en de telles circonstances ? C'était inconcevable, impossible. Elle bravait le couvre-feu sans le savoir, aveuglée par l'amertume et le chagrin, envoûtée par les sanglots qui s'échappaient d'entre ses lèvres entrouvertes. Elle s'élançait à travers le camp avec la détermination d'un condamné, focalisée sur l'appartement qu'elle retrouverait bientôt. L'endroit aux mille souvenirs qui l'appelait, qu'elle adorait et craignait en même temps. La présence de mille hommes n'aurait jamais pu remplir un tel endroit, là où son père n'avait laissé que du vide en partant. Emma était correctement entourée, qu'on se le dise, et son appartement résonnait régulièrement de conversations qu'elle écoutait en pressant son oreille contre le mur de sa chambre. Elle vivait par procuration, elle s'adonnait aux écoutes infructueuses et aux rêves mensongers. Elle avait vu les dents du rôdeur déchirer la peau de son père, et elle se prêtait parfois à imaginer qu'il reviendrait ; elle ne parvenait pas à voir où commençaient les étapes du deuil et où se terminait la folie. Peut-être que les deux étaient liés, peut-être qu'il lui fallait être folle pour se débarrasser de tout ce qu'elle se forçait à traîner derrière elle.

Emma ralentit sa course et s'immobilisa, nez-à-nez avec une rouquine qu'elle reconnut sans mal, l'épreuve l'ayant forgée et l'ayant poussée à apprendre le nom de ceux qui importaient au sein du camp – elle faisait partie de la milice, elle s'appelait Dahlia. Mentalement, la jeune fille fit l'tour de toutes les punitions dont elle n'allait pas tarder à écoper mais une seule retint son attention, car ses souvenirs étaient frais et prêts à l'emploi. Trois jours de prison. Elle se sentait sur le bord d'un ravin et cette sensation de vertige, qui lui était d'abord méconnue, la prit par surprise. Elle esquissa un pas en arrière, effrayée. Elle ne voulait pas aller en prison. Elle n'avait jamais été en prison, l'idée même qu'elle puisse être envoyée en prison lui paraissait folle. Elle suivait les règles avec l'application d'une élève studieuse, ne faisait jamais de vagues (sauf lorsqu'elle aboyait après Sean, mais c'était dans la sphère privée, c'était pas à prendre en compte ça, c'était pas juste, pas juste, pas juste). Les lèvres frémissantes, Emma était à deux doigts de se jeter aux pieds de sa vis-à-vis, suppliciée à la limite du désespoir. « Je-je suis dé-désolée, j'ai-j'ai pas f-fait exprès, je- » bafouilla-t-elle, prête à faire demi-tour et à courir en sens inverse. Elle se demandait si elle pouvait battre Dahlia à la course. Certainement qu'non. « Pardon, je..j'étais chez quelqu'un, j'ai pas vu l'heure passer et j'ai.. » elle s'arrêta net. Combien de fois Dahlia avait entendu des excuses de ce gabarit ? Ils disaient tous très certainement la même chose, courbaient l'échine de la même façon et attendait le lever de bâton pour se faire battre. Emma était un visage parmi tant d'autres, une de plus à avoir (malencontreusement, cette fois-ci) bafoué les règles du camp. Dahlia ne lui inspirait rien d'autre que de l'effroi, un long frisson se glissant le long de sa colonne vertébrale et une nausée qui ne la laissait pas en paix. « Je suis vraiment désolée. » déclara-t-elle de nouveau, sans bégayer, avant de baisser le nez vers ses chaussures, attendant une sentence qu'elle savait irrémédiable et capable de la briser.