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 (liam) ▬ be who you are, not who you were.

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Thalia Davenport
Thalia Davenport

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▴ sac : ▬ un stylo ▬ un carnet ▬ mon glock 19 ▬ mon couteau de combat ▬une bouteille d'eau ▬ une trousse de premiers secours ▬ un pot de beurre de cacahuètes entamé ▬ un talisman ayant appartenu à ma grand-mère ▬ une lampe de poche ▬ un couteau-suisse ▬ une polaire ▬ un foulard ▬
MessageSujet: (liam) ▬ be who you are, not who you were.    (liam) ▬ be who you are, not who you were.  EmptyVen 3 Mar - 0:16



be who you are, not who you were


❊ ❊ ❊



Le jour était encore jeune, le soleil encore froid. Le vent soulevait les feuilles qui tapissaient le sol, leur imposant une danse erratique mais gracieuse. Il s’insinuait, sournois, sous mes vêtements trop larges, m’incitant à fermer ma vieille veste en cuir brun. Statique, les bras croisés, le regard impassible, je me tenais debout devant le mur d’enceinte. Sous ses airs rassurants de seuil infranchissable, il s’érigeait fièrement vers le ciel bleu azur. Mon regard s’attardait comme par automatisme sur les soldats en armes qui guettaient l’horizon. Et un sourire étrange s’échoua sur mon visage, tout sonnait faux. J’avais l'impression perturbante d’être plongée dans univers onirique, d’évoluer au sein d’une dystopie imaginaire générée par mon esprit torturé. Je reconnaissais en Lafayette les atours d’une allégorie, celle d’un combat intérieur intime et viscéral qui m’avait toujours déchirée, ce combat qui oppose la routine confortable, sûre et silencieuse où l’on avale chaque jour de nouvelles couleuvres au quotidien tumultueux, dangereux et incertain où la lutte est le prix à payer pour vivre au plus près de ses convictions, la conscience en paix et l’orgueil gratifié. Je semblais deviner des symboles et des métaphores partout et de manière tellement répétée que j'en venais à douter de la réalité qui m'entourait. Peut-être étais-je plongée dans une sorte de coma, captive d’un fantasme irréel aux allures de purgatoire laissant à mes démons le loisir de s’ébattre. Peut-être n’avais-je jamais franchi les portes de Lafayette, peut-être que ces trois semaines ne s’étaient jamais écoulées. Peut-être allais-je brusquement ouvrir mes paupières sous ce ciel sans étoiles, sous cette pluie battante, baignant dans une flaque de mon propre sang et sentant la vie tout doucement m’échapper. Je lâcherais un soupir rauque avant de m’éteindre, enfin.

« Hey la nouvelle, tu l’attends avant d’aller plus loin ! » Je fus sortie de mes songes par une voix haute, criarde et autoritaire qui m’interpellait depuis un poste de surveillance. J’avais fait quelques pas en trop sans m’en rendre compte. Qui devais-je attendre ? Liam Bakh, un collègue récupérateur. Je l’avais bien croisé à quelques occasions mais nous n’avions jamais eu l’opportunité de faire équipe ensemble si bien que je n’avais pas franchement d’opinion à son sujet. Nous avions ce jour pour objectif d’arpenter Scott, une petite ville frontalière. J’appréhendais cette nouvelle mission. Ce n’était pas le fait de m’aventurer dans le monde extérieur et de retrouver le danger, la violence et la crasse qui me préoccupait, j’attendais au contraire avec impatience cette parenthèse hors de l’atmosphère suffocante du camp. Il s’agissait plutôt de la nécessité de faire à nouveau mes preuves sur le plan social, d’inspirer la confiance et la sympathie. Aux yeux des habitants de Lafayette, j’étais encore la nouvelle. Celle qui suscite interrogations, suspicion et méfiance, celle face à qui on n’ose pas baisser sa garde, celle dont il faut à tout prix percer le halo de mystère. Il fallait préciser que j’avais passé mes dix premiers jours dans le camp au fond d’un lit, terrassée par la douleur, les morphiniques et l’anémie. Dire qu’il ne s’agissait pas des conditions idéales pour s’intégrer était un euphémisme.

Je relevai la tête vers la silhouette qui braquait son imposante arme de guerre en direction du sol. « Oui, chef ! » Je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire sarcastique que je m’empressai de cacher en détournant le regard. J’éprouvais de substantielles difficultés à réagir face à ces manifestations d’autorité omniprésentes à Lafayette. Mes derniers mois de survie en solitaire n’avaient rien arrangé à mes tendances naturelles, j’étais devenue farouche. Ce que j’aurais probablement pu supporter seize mois auparavant, anesthésiée par la routine berçante de la société d’antan me paraissait tout à fait intolérable maintenant que mes instincts avaient été ravivés. Les pulsions d’insubordination qui sommeillaient en moi se faisaient chaque jour un peu plus pressantes à mesure que le temps passait et que je retrouvais mes forces. Il me fallait faire preuve d’une énergie significative pour les réprimer et afficher sur mon visage un sourire engageant, un regard doux et un air docile mais j’étais bonne actrice, je l’avais toujours été. Je m’étais entrainée toute ma vie à faire semblant, parfois sans même m'en apercevoir, si bien que je n’avais jamais réellement su qui j’étais. J’avais dans le passé, à quelques rares reprises, eu l’impression intime d’approcher mon essence mais le doute avait toujours subsisté. J’avais constamment le sentiment de passer d’un personnage à l’autre, d’une énergie à l’autre, d’un sentiment dominant à l’autre, sans m’approcher du vrai. J’avais l’intuition que ma quête serait éternelle, peut-être était-il vain de courir après une identité absolue qui n’existe pas, peut-être que le but est de se construire et non de se chercher.  

Un sourire se dessina à nouveau sur mes lèvres, se laisser happer par de telles réflexions métaphysiques était vraiment le privilège des ventres repus.  Je n’avais pas le loisir de me pencher sur ce genre de questions lorsque j’en étais réduite à découper les entrailles d’un rat rachitique avant de le faire cuire sur une boîte de conserve transformée en réchaud de fortune, l’estomac lacéré par la faim. A Lafayette, il y avait une boutique, des cuisiniers et, jusqu’à présent, pas de rongeur au menu. Le confort avait certes un prix mais la liberté également. Mes conditions de vie actuelles étaient reposantes et je me rendais compte que j’avais cruellement besoin de ce répit, dans mon corps, dans ma chair mais également dans mon esprit, dans ma conscience. La vie à l’état sauvage m’avait éloignée de mon humanité, j’avais eu des pensées, adopté des comportements et commis des actes qui me donnaient désormais froid dans le dos. Je n’avais guère envie d’y repenser. Je sortis mon arme à feu du holster qui se trouvait à ma ceinture puis vérifiais que mon chargeur était bien plein. J’avais hâte d'entamer cette mission.



❊ ❊ ❊





Dernière édition par Thalia Davenport le Mer 22 Mar - 18:04, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: (liam) ▬ be who you are, not who you were.    (liam) ▬ be who you are, not who you were.  EmptyDim 5 Mar - 23:15



be who you are, not who you were
What you want to do tonight ? I got wounds to lick in life, Oh you've said Standing like a stick This tie could invert to be a noose instead. Oh you lie next to me, Heart is beating heavily, There's blood in your ear though, Blood on your shirt. It's too late to say you're sorry, Say you're sorry still, I stepped out with heavy heart To bail you out again. Oh those things you do, Oh those things you do. Get out ! And get gone, This town is only gonna get worse. Get out ! And get gone, This town is only gonna eat you. Oh so many bills to pay, No this debt won't go away, Oh so sad. What you know you're drunk again Take it out on your best friend, Oh so sad. ~ bloody shirt, to kill a king.


Réajustant sa veste et tirant la fermeture vers le haut afin de la fermer, l'homme joyeusement confiné dans ce tissu protecteur passa le pas d'la porte et considéra les environs. Liam posa sa main sur la poche de son jean et ressentit l'absence de son arme sous ses doigts – une arme qui lui avait été confisquée à son entrée à Lafayette quelques semaines plus tôt pour des raisons de sécurité. Il n'avait pas protesté, il avait compris et obtempéré avec facilité. Il pénétrait dans un lieu protégé afin d'en suivre les règles, pas pour les bafouer à la première occasion (sauf en ce qui concernait cette brèche qui se trouvait quelque part dans les fortifications – il espérait cependant ne jamais se faire pincer, et de ce fait ne l'avait emprunté qu'à deux reprises). Les mâchoires serrées, bravant la fraîcheur hivernale qui lui glaçait la peau jusqu'aux os, Liam commença à réduire la courte distance qui le séparait de la porte d'entrée. Lafayette, c'était tout ce dont il avait pris l'habitude de rêver depuis son renvoi de l'autre camp fortifié, depuis ce moment où son besoin d'alcool avait pris le dessus sur ses besoins matériaux et moraux. Il se promettait que ça n'arriverait plus, qu'il ne toucherait plus jamais à la moindre goutte d'alcool, que c'était interdit dans ce camp de toute façon. Mais, même s'il ne savait pas encore où chercher, il savait ce que les interdits généraient généralement : les trafics. Il ressentait le besoin de s'abreuver de ces boissons interdites – et ce besoin envahissaient ses membres et occupaient son esprit continuellement. C'était interdit, il n'y avait pas accès, alors il ne faisait qu'y penser. Traînant des pieds, Liam se disait qu'il n'était certainement pas le meilleur coéquipier qu'on pourrait trouver aujourd'hui.

Arrivé à l'entrée du camp, un gars dont il avait oublié jusqu'au nom lui tendit une arme – no, not this one, it's not mine, aurait-il voulu dire, se souvenant encore de l'acier de son colt entre ses doigts fermes. Il n'en fit rien. Il ne prit pas la peine de rouspéter. « T'es avec Thalia. » Liam releva le nez, occupé à compter le nombre de balles qui lui avaient été accordées. « Mm ? » « Thalia, elle » le coréen pivota, et considéra la silhouette élancée qui l'attendait. Il la connaissait, il en était sûr – même si, étrangement, il n'avait pas retenu son prénom mais les courbes avantageuses de son corps. « Elle s'impatiente. » lui souffla son comparse d'infortune, lui suggérant implicitement d'se bouger. Liam s'exécuta et s'avança vers Thalia, un léger sourire soulignant ses lèvres fines, glissant son flingue entre sa peau et le tissu rigide de son jean. Postés l'un à côté de l'autre, attendant que les portes s'ouvrent. Liam se pencha sur le côté et souffla à l'oreille de sa compagne « J'espère que t'as pas trop attendu, j'ai pas fait gaffe à l'heure. » en se redressant, il remarqua un gars positionné sur un poste de surveillance qui la reluquait de haut en bas. Liam se demanda si l'apocalypse transformait les gens en animaux, seulement poussés par l'instinct et la consommation à outrance de sexe. Il se souvenait, lui, qu'autrefois c'était tout ce qu'il demandait ; les femmes, l'alcool, une petite seringue dans l'bras lorsque ça lui était proposé au détour d'une soirée où les mœurs n'étaient plus d'sortie. Aujourd'hui, il n'y avait plus que la boisson interdite d'accès qui lui faisait de l'oeil, et le besoin irrépressible d'en boire.

Les portes s'ouvrirent, laissant les deux récupérateurs s'élancer dans l'horizon, laissant derrière eux biens rudimentaires et confort matériel. Liam sentit son cœur se contracter dans sa poitrine, et il ne connaissait finalement cette sensation que trop bien puisque c'était la même qui le prenait à la gorge dès qu'il franchissait le pas d'cette foutue porte. A partir de là, il abandonnait l'idée d'être protégé. A partir de là, il acceptait les accidents et les problèmes qui viendraient lui mettre un coup derrière les jambes. Il acceptait une morsure possible, la fameuse marque qui déposerait un poison sous sa peau et dans sa chair. Il acceptait d'être un homme mortel, d'être une proie. Son fasciés ne laissait rien paraître, chez lui rien ne frémit. Il avait l'habitude de tout réprimer et la tempête n'était finalement qu'interne. Liam commença à marcher, et même si son inquiétude semblait éteinte, ses yeux criaient le contraire tant ils étaient aux aguets. Les rôdeurs n'étaient pas les seuls créatures à réveiller chez lui cet instinct de méfiance ; les humains pouvaient être aussi sacrément pourris lorsqu'ils le voulaient. Qui plus est, contrairement aux rôdeurs qui n'agissaient que selon leur besoin de se nourrir, les hommes se révélaient être plus..imprévisibles. Ainsi, la confiance se perdait alors que, Liam en était persuadé, ils devaient tous se serrer les coudes entre possesseurs de chair fraîche.

« On doit pousser jusqu'à Scott, c'est ça ? » demanda Liam sur le ton de la conversation. Pour un peu, on les aurait crus au salon d'thé. « Et sinon, tu viens du coin ? » chercher à combler le silence, combler les vides, découvrir les individus comme si tout était normal, comme si tout était putain de normal. Liam ne se leurrait guère, il savait à quel jeu il jouait. Que peut-être il en viendrait à bien l'aimer, cette gonzesse dont il ne reluquait même pas l'cul car l'apocalypse lui avait ramené le peu de politesse dont il avait manqué des années durant, que peut-être elle crèverait dans deux jours, deux mois, deux ans. Qu'elle était, comme lui, condamnée – et qu'ça lui briserait le cœur au fond de voir tous les gens qu'il appréciait tomber comme des mouches autour de lui. « J'habitais à Los Angeles avant, j'étais réalisateur. Honnêtement, j'faisais de la grosse merde » car tout le temps bourré, surtout vers la fin, aurait-il pu rajouter « mais c'était drôle comme boulot, surtout lorsqu'il s'agissait de réaliser les films de zombies. J'adorais ça. » amère constatation. Il n'était plus certain de savoir apprécier Return of the Living Dead à sa juste valeur. A vrai dire, la simple mention du mot zombie lui faisait froid dans l'dos ; à quel moment la fiction était-elle devenue réalité ?
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Thalia Davenport
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MessageSujet: Re: (liam) ▬ be who you are, not who you were.    (liam) ▬ be who you are, not who you were.  EmptyMar 7 Mar - 0:26



be who you are, not who you were


❊ ❊ ❊



Je regardais les nuages auréolés d’un halo solaire, laissant la brise soulever mes cheveux ondulés. Je brûlais de franchir ce satané portail, de retrouver l’asphalte, de laisser derrière moi pour quelques heures le poids du joug militaire qui m’asphyxiait chaque jour davantage. J’avais besoin de ces missions pour revivre, pour retrouver mes sensations primaires, pour nourrir mon instinct. J’espérais que mon collègue du jour serait de bonne composition, qu’il ne se ferait pas ambassadeur des excès autoritaires du camp. A ce propos, la silhouette du partenaire qui m’avait été attribué ce jour-là finit par se dessiner au loin.  Je le regardai du coin de l’oeil s’entretenir avec un des gardes puis ajustai les bretelles de mon sac à dos en le laissant approcher. Ils s’excusa pour son retard tandis que les hautes portes s’ouvraient devant nous. Je tournai à peine mon visage vers lui, laissant un sourire en coin se dessiner sur mon visage. « T’inquiète, ce n’est pas le temps qui manque de nos jours… » Mon rapport à cette variable avait fondamentalement changé depuis le début de l’apocalypse. Lorsque je survivais seule, j’étais parfois tellement concentrée sur mes besoins primaires que les jours et les semaines défilaient sans se faire sentir, comme s’ils glissaient sur moi.  Au contraire, lorsque je me retrouvais recluse dans un espace clos, tentant de me cacher des rôdeurs, fébrile sous la torpeur d’un sepsis ou percluse de douleurs suite à une blessure, la moindre minute semblait durer une éternité. Depuis mon arrivée à Lafayette, j’avais retrouvé l’ennui, cette angoissante compagne qui m’effrayant tant dans mon ancienne vie. Ne plus avoir à lutter à chaque instant pour ma survie était un luxe mais ce dernier privait en quelque sorte mon existence d’un but, d’un sens. Un vide s’était installé et mes activités au sein de cette micro-société étaient loin de parvenir à le combler.

Je m’apprêtais à m’élancer hors des frontières du camp lorsque je remarquai le regard insistant d’un préposé à la surveillance qui depuis son perchoir me déshabillait vulgairement de ses yeux dégoulinant de vice. Mon majeur se dressa par réflexe mais je gardai le secret de mon insolence pour ma propre personne, usant de toute ma volonté pour conserver mon bras le long de mon corps. Ce n’était pas la première fois que je me retrouvais confrontée à ce type de comportement, j’avais déjà repéré à Lafayette quelques individus aux abjectes manières que je n’osais comparer à des cochons par respect pour la race porcine. A vrai dire, je m’interrogeais chaque jour sur l’identité de l’heureux élu qui aurait le premier le droit de goûter à mon poing dans son charmant minois de mâle attardé. La roulette russe était en marche. Je jetai un bref regard à Liam, espérant ne pas avoir affaire à un goujat de cette répugnante espèce puis nous nous mîmes en marche, enfin.

J’opinai du chef lorsqu’il me questionna sur notre ordre de mission du jour. Ne laissant que peu de chances au silence de s’insinuer dans notre duo, il s’empressa de m’interroger sur mes origines avant d’évoquer son passé de réalisateur de films de zombies. Je réprimai un éclat de rire. C’était probablement l’anecdote la plus ironique et sordide qu’il m’avait été donné d’entendre depuis fort longtemps. J’étais en outre quelque peu décontenancée par l’allant du jeune homme. Je n’avais guère eu l’occasion de m’adonner aux conversations de convenance ces derniers temps. A l’extérieur, la méfiance était reine et les contacts avec d’autres êtres humains étaient la plupart du temps soit contraints soit intéressés. Il m’arrivait de ne pas échanger avec un individu pendant plusieurs semaines, mes capacités sociales étaient quelque peu rouillées. Je tentai maladroitement de rebondir. « Quand elle était jeune, ma grand-mère avait un amant qui bossait sur le tournage de La Nuit des morts-vivants. Il a été interné en psychiatrie parce qu’il était persuadé que sa femme était un zombie, il a essayé de la tuer avec un couteau à steak. » Je poussai un soupir en levant les yeux au ciel. « Les années 60 à San Francisco… » J’en avais entendu, des histoires d’hallucinations plus ou moins provoquées par des substances psychoactives diverses et variées. La plupart du temps de la bouche de ma grand-mère. J’esquissai un sourire ému en repensant à Iliána, j’étais heureuse qu’elle soit partie avant que le monde ne se délite. Elle s’était éteinte dans sa maison bleue sur les hauteurs de Pacific Height, la fenêtre de sa chambre ouverte, la vue sur l’océan. Je me souvenais de son visage enfin apaisé après trois ans d’enfer à courir après les hospitalisations, les examens, les chimiothérapies. Je me souvenais de ce médecin à la retraite qui, risquant sa carrière et sa liberté pour ses convictions, avait poussé une dose létale de barbituriques dans ses veines. Je me souvenais de ses paupières qui s’étaient enfin closes, de sa main qui avait lâché celle de mon grand-père. Je me souvenais de la brise qui soulevait les légers voilages, une brise semblable à celle qui caressait nos visages aujourd’hui.

Il me fallait briser le cycle de l’émotion, ce n’était pas le moment de plonger dans le passé. « Je ne sais pas toi mais je suis sûre que l’apocalypse est plus douce sous le soleil de Californie. » Je fis glisser entre mes doigts l’élastique qui se trouvait à mon poignet et m’attachai les cheveux en un chignon sauvage. Le contact de la route sous mes bottes me faisait un bien fou, j’avais l’impression de me retrouver en terrain connu, un terrain hostile mais dont je maîtrisais les règles. Je savais néanmoins que la violence, la mort, la peur étaient susceptibles de nous dévoiler leurs visages à tout instant. Peut-être était-il en effet préférable de se laisser aller aux mondanités, de prétendre que ce que nous faisions de nos journées était absolument normal. Je tournai mon visage vers celui de Liam. « Ca fait longtemps que tu vis à Lafayette ? » Quitte à s’enfoncer dans les banalités, autant ne pas se priver des classiques.



❊ ❊ ❊





Dernière édition par Thalia Davenport le Mer 22 Mar - 18:04, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (liam) ▬ be who you are, not who you were.    (liam) ▬ be who you are, not who you were.  EmptyLun 13 Mar - 14:29



be who you are, not who you were
What you want to do tonight ? I got wounds to lick in life, Oh you've said Standing like a stick This tie could invert to be a noose instead. Oh you lie next to me, Heart is beating heavily, There's blood in your ear though, Blood on your shirt. It's too late to say you're sorry, Say you're sorry still, I stepped out with heavy heart To bail you out again. Oh those things you do, Oh those things you do. Get out ! And get gone, This town is only gonna get worse. Get out ! And get gone, This town is only gonna eat you. Oh so many bills to pay, No this debt won't go away, Oh so sad. What you know you're drunk again Take it out on your best friend, Oh so sad. ~ bloody shirt, to kill a king.


A première vue, Thalia avait du répondant et son humour rendait à Liam un peu d'couleurs sur son visage pâle et profondément désœuvré. La conversation allait toute seule, fonctionnait continuellement sans forcer, sans pousser. L'ancien réalisateur avait l'impression de retrouver un peu de sa vie d'avant dans cet échange cordial, dans ces banalités dont ils pouvaient s'armer afin de combler le silence qui n'avait pas le temps d'apparaître. La simple et seule mention des films qu'il réalisait le renvoyait à une époque où ses seules préoccupations tournaient autour de l'alcool, et du sexe ; il n'avait jamais été vraiment fameux, à bien y réfléchir, que ce soit humainement pour son propre bien ou au contact d'autrui. Peut-être n'avait-il été qu'un odieux connard des années durant sans jamais vraiment s'en rendre compte. En réalité, sa présence à Lafayette soulevait bon nombre de questions, ainsi qu'un ennui dont il était surtout pas répugné. Que c'était bon de ne pas s'en faire, que c'était agréable de ne pas être flanqué d'une anxiété brutale à tout bout d'champ. Liam comprenait toutefois ceux qui subissaient un choc dès qu'ils passaient les fortifications du camp, et qui ne parvenaient pas à se faire à cette vie pratiquement idyllique. Le temps d'adaptation pouvait changer de l'un à l'autre des survivants, et le jeune homme se demandait si Thalia s'adaptait correctement à sa nouvelle vie ou si elle était, comme beaucoup d'entre eux à Lafayette, à la recherche d'un minimum d'action. Mais à la voir là, à ses côtés, elle semblait dans son élément et prête à en découdre à la moindre intervention hostile. S'il ne se fiait qu'à ce qu'elle voulait bien lui projeter, la jeune femme paraissait faite pour la vie en dehors des murs et ce, même si elle maniait l'art des banalités avec brio.

En ce qui le concernait, Liam n'avait pas le moindre problème avec les conversations creuses. Discuter du beau temps, du passé, des films à regarder ou à ignorer – c'était ce qu'il savait faire de mieux tout compte fait, son esprit n'étant pas assez fertile pour trouver des sujets qui correspondraient mieux à leur situation actuelle. Que pouvait-il ajouter de plus ? Et sinon, t'as été obligée de tuer quelqu'un depuis l'apparition des rôdeurs ? Tes parents sont morts ? T'as des frères ou des sœurs qui ont survécu ? Oh, ils se sont suicidés. Très bien, heureux de t'avoir parlé. Ils évitaient le sujet, bien normalement d'ailleurs. Il n'était pas question d'évoquer cette partie de leur vie qui les avait malgré tout placés sur le même chemin ; Liam n'était pas certain qu'il aurait pu rencontrer Thalia à un autre moment dans sa vie, si l'épidémie n'était pas apparue. A vrai dire, cette idée en était même devenue risible. Il avait rencontré et perdu bon nombre de personnes qu'il n'aurait jamais été en mesure de rencontrer sans l'apocalypse. Il s'en était toujours sorti cependant, mais pas eux. Ce genre de chose lui permettait de relativiser, car la mort faisait partie de la vie – elle avait toujours été là. Maintenant, elle arborait des allures ennemies et indescriptibles, fardées d'injustice et de questions rhétoriques. Il fallait bien continuer à vivre.

« Bon sang, je suis sûr et certain que ta grand-mère a profité confortablement de sa jeunesse, en espérant toutefois qu'elle n'ait jamais choisi un autre maniaque pour amant. » siffla-t-il, le rire au bord des lèvres, avant d'ajouter après un court moment de réflexion « Ou, pour lui sauver la mise, on peut juste dire que ce type était en avance sur son temps. » Son sourire ne s'évaporait guère et ce, même s'il remarqua le visage de Thalia, comme touché par une épaisse et remarquable nostalgie. Il la laissa alors reprendre la conversation à son rythme, décidant à quel moment réagir – il lui laissait du temps, car c'était certainement ce dont ils manquaient aujourd'hui. De temps pour vivre, pour réfléchir, pour prier. Lorsque les lippes de la belle s'ouvrirent de nouveau, et lorsqu'elle attacha ses cheveux en un chignon éparpillé, Liam se sentit étrangement rassuré ; il ne l'avait pas perdue en cours de route, elle lui était revenue. « Je ne suis pas certain que la chaleur de Californie soit la meilleure solution pour profiter d'une apocalypse.. tu imagines un peu l'état des corps après avoir marché quelques jours sous le soleil ? » il lâcha un petit son d’écœurement semblable à un pouah, car il imaginait sans peine cette scène de corps putrides, grisonnant et puant, se traînant sur le sol brûlant de Los Angeles. En réponse à sa question, Liam haussa les épaules « Je suis ici depuis quelques semaines à peine. J'ai été dans un autre camp avant celui-ci et, pour tout t'avouer, ça ne s'est pas très bien passé. » expliqua-t-il brièvement, omettant son alcoolisme même si avouer son addiction ne l'avait jamais dérangé. « J'ai commencé à me battre avec un grand mec bâti comme une montagne, une amie a essayé de m'en empêcher et on nous a foutus dehors à grands coups de pied au cul. » Liam pencha légèrement la tête sur le côté, alors que l'allure de sa marche s'accélérait. « J'ai pas envie de flinguer mes chances de survie ici aussi. » avoua-t-il presque timidement, l'intonation de sa voix s'amoindrissant au fur et à mesure de leur marche. « Et toi ? Depuis quand t'es à Lafayette ? »

Après quelques longues minutes de marche où la conversation ponctuait ici et là leur traversée du désert, Liam esquissa un petit sourire en coin à la vue du panneau qui annonçait (un peu trop joyeusement, semblait-il penser, mais c'était certainement le style du pays) leur entrée dans la ville de Scott. « Ah, on y est presque. En espérant que l'endroit ne soit pas bondé de rôdeurs, on devrait s'y plaire. » Il ne ferait pas l'affront à cette femme de lui proposer de passer devant ; Thalia savait visiblement y faire, et prétendre qu'elle en était incapable aurait été d'une hypocrisie rare.
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MessageSujet: Re: (liam) ▬ be who you are, not who you were.    (liam) ▬ be who you are, not who you were.  EmptyMer 15 Mar - 17:20



be who you are, not who you were


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Le paysage défilait lentement, à la mesure de nos pas. Mon regard glissait sans s’accrocher sur les carcasses de voitures retournées, les poubelles renversées, les déchets en voie de décomposition péniblement soulevés par le vent. Le désordre urbain n’attirait plus notre attention, le chaos était devenu ordinaire.  Au beau milieu de ce décor en décrépitude, le spectacle continuait et avec lui nos rires, nos traits d’esprit, nos répliques cinglantes. J’ignorais si ces interactions légères relevaient du simulacre hypocrite des us et coutumes d’une époque révolue ou si elle émanaient au contraire de l’essence pure de l’humanité, de notre fameuse animalité sociale. Ces futilités avaient peut-être un rôle bien plus crucial qu’il n’y paraissait, peut-être s’agissait-il de se raccrocher à l’un des derniers bastions caractérisant notre espèce. Il m’était arrivé lors de mes longs mois de survie en solitaire de ne pas avoir le moindre contact avec mes congénères pendant plusieurs semaines. Cet isolement était initialement source d’une souffrance aiguë puis le cerveau s’adaptait, la détresse voyait son cri strident étouffé mais quelque chose s’éteignait en échange, quelque chose d’aussi impalpable que fondamental et, avec, l’empathie, la sensibilité, les sentiments. J’avais éprouvé ce glissement qui, subrepticement, m’avait transformée en machine et avait modifié ma manière de réagir, de raisonner, de décider. J’avais senti la flamme s’étioler jusqu’à en être réduite à une imperceptible étincelle. J’avais frôlé l’extinction totale et définitive. Il semblait donc qu’être frivole, c’était rester humain. C’est ainsi que la grimace que j’adressai à Liam suite à sa remarque concernant le processus de putréfaction des rôdeurs sous le cagnard californien fut drapée d’une profondeur particulière. « Tu marques un point. »

Liam m’avait vraisemblablement précédée de peu dans le camp, cela expliquait peut-être la facilité qu’il avait à interagir avec moi.  J’avais la nette impression que certains membres de Lafayette, notamment les habitants de la première heure, me considéraient comme une extra-terrestre voire une pestiférée. Il n’y avait rien de bien étonnant, nous n’étions plus les mêmes. Un large fossé s’était creusé entre les nomades et ceux qui n’avait jamais véritablement été privés de la sécurité et du confort. J’avais en outre été frappée par le comportement de certains arrivants plus récents pour qui je représentais clairement une menace. Leur méfiance était à la hauteur de ce dont ils avaient pu être témoins pendant leurs mois d’errance. Ils savaient que l’homme était capable de tout. Persuadés que chaque nouveau visage risquait de mettre en péril leur mode de vie et terrorisés à l’idée de retrouver les angoissantes ténèbres du monde extérieur, ils épiaient, analysaient, décryptaient, constamment à l’affut du moindre faux pas. Quotidiennement, je sentais le poids de leurs regards suspicieux sur moi. Je n’avais pas l’impression que Liam me considérait de la sorte et notre conversation semblait, en apparence du moins, plutôt spontanée et dépourvue de ce genre de tensions.  Mon partenaire du jour poursuivit son histoire et les mots qu’il employa soulevèrent mon intérêt.  Pourquoi craignait-il de flinguer ses chances de survie dans le camp ? S’agissait-il d’une bouteille à la mer lancée dans le but de me faire comprendre que les intentions qui traversaient son esprit pourraient lui valoir des sanctions disciplinaires ? Je gardai cette hypothèse dans un coin de mon cerveau, bien décidée à lui tendre à l’avenir quelques subtiles perches afin de cerner sa sensibilité politique. Je me contentai néanmoins pour le moment d’une réplique idiote en réaction à son anecdote, agrémentée d’un léger sourire en coin.  « Mieux vaut éviter les armoires à glace… à moins de savoir où viser. » Les yeux et les couilles, toujours les yeux et les couilles.

Mon comparse récupérateur m’interrogea sur mon arrivée à Lafayette. Je replaçai une mèche rebelle derrière mon oreille. « Je suis arrivée il y a une vingtaine de jours. La fille trouvée au beau milieu des bois avec une balle dans le bras qui a repeint la salle de décontamination en rouge, c’était moi. » J’avais toutefois passé mes deux premières semaines dans le camp au fond d’un lit,  l’esprit embrumé par les morphiniques et terrassée par une profonde asthénie. Je n’avais effectué ma première sortie qu’en début de semaine. Comme convenu dans l’accord que j’avais passé avec le Conseil, j’avais alors escorté un groupe de miliciens jusqu’à l’un des trois entrepôts de vivres dont j’avais fait mention à mon arrivée dans le camp. Je m’étais évidemment bien gardée de dire au Conseil que je faisais partie du FBI et qu’il s’agissait de planques gouvernementales dont j’avais recopié les coordonnées avant de m’enfuir de Washington. Je leur avais servi une petite histoire que j’avais l’habitude de raconter, celle de ma rencontre avec Bart, ancien responsable logistique d’une ONG qui, dans un dernier soupir et entre deux crachats hémoptoïques, m’avait livré son plus grand secret. J’avais toujours bon espoir de trouver les stocks de ces planques intacts. En effet, à l’époque où notre task force avait choisi l’emplacement de ces dépôts, nous pensions encore que nous pourrions contrôler l’acheminement des vivres vers les populations de manière plus ou moins centralisée. Nous avions donc choisi leur localisation de manière à ce qu’ils n’attirent pas l’attention des pilleurs, les plaçant à distance des villes et des principaux axes routiers dans des bâtiments n’attisant guère la curiosité. J’avais visité ces entrepôts à quatre reprises depuis le début de l’épidémie, deux fois seule, une fois avec mon ancien groupe et une fois pour Lafayette. Je n’étais jusqu’alors jamais repartie bredouille.

La ville de Scott s’offrit enfin à nous. La route principale était bordée de quelques panneaux, l’un d’entre eux vantant les mérites du boudin local. « Charmant, je me sens déjà chez moi. » Nous nous lançâmes à l’assaut de l’agglomération. Mon regard scrutait les environs à la recherche d’un bâtiment digne d’être exploré. Les rues étaient dominées par un silence angoissant. Mon attention fut attirée par la devanture d’une école élémentaire. Les établissements scolaires disposaient en général d’une cantine et d’une infirmerie, peut-être pourrions nous mettre la main sur quelques boîtes de conserves et bouteilles de désinfectant. Certains gamins de Lafayette auraient également bien besoin d’un manuel de grammaire. Je pointai l’édifice du menton puis m’engageai vers la porte d’entrée. Je la poussai avec délicatesse puis pénétrai dans le hall désert, arme braquée devant moi et genoux fléchis afin d’étouffer le bruit de mes pas. Une fois cette première pièce sécurisée, je mis ma main sur la poignée d’une porte que j’ouvris d’un geste sec. Devant mes yeux stupéfaits apparut une chorale de rôdeurs miniatures qui se mit aussitôt à entonner une complainte de gémissements accompagnée par un orchestre de claquements de dents. J’eus à peine le temps de réagir, cognant violemment et de manière répétée la porte sur le petit crâne qui s’était glissé dans l’entrebâillement  jusqu’à ce qu’il se brise en morceaux. Une fois l’accès refermé, je m’adossai à la porte en maintenant la poignée afin qu’elle reste close. Je sentais les petits membres des minuscules rôdeurs tambouriner contre le bois. Une discrète grimace se dessina sur mon visage lorsque mon regard se posa sur un bout de scalp tombé à mes pieds où s’accrochaient quelques mèches blondes encore ornées d’un joli petit noeud rose pâle. Je relevai les yeux vers Liam.« Ils sont huit ou neuf mais ils ne doivent pas faire plus d’un mètre trente, ça ne devrait pas être trop compliqué. » De ma main libre, je rangeai mon Glock 19 et sortis mon couteau. Je détestais les enfants zombies.



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Dernière édition par Thalia Davenport le Mer 22 Mar - 18:04, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (liam) ▬ be who you are, not who you were.    (liam) ▬ be who you are, not who you were.  EmptyJeu 16 Mar - 23:20



be who you are, not who you were
What you want to do tonight ? I got wounds to lick in life, Oh you've said Standing like a stick This tie could invert to be a noose instead. Oh you lie next to me, Heart is beating heavily, There's blood in your ear though, Blood on your shirt. It's too late to say you're sorry, Say you're sorry still, I stepped out with heavy heart To bail you out again. Oh those things you do, Oh those things you do. Get out ! And get gone, This town is only gonna get worse. Get out ! And get gone, This town is only gonna eat you. Oh so many bills to pay, No this debt won't go away, Oh so sad. What you know you're drunk again Take it out on your best friend, Oh so sad. ~ bloody shirt, to kill a king.


Des enfants. L'enfer sur terre. En retrait, la main pourtant bien inutilement posée sur son flingue, Liam se sentit obligé de fermer les yeux, incapable de supporter la vision du petit crâne s'effriter sous les coups répétés de la porte. Après tout, à quoi s'était-il attendu en pénétrant au sein d'une école ? Mais le sol semblait tanguer sous ses pieds, et les murs paraissaient toujours un peu plus proches autour de lui. Si, évidemment, voir des cadavres de gamins déambuler n'était guère le souhait des individus sains d'esprit, il y avait une noirceur particulière qui tâchait l'tableau de cette vie idyllique que Liam essayait de dresser. Il était alcoolique. Il l'était devenu après la mort de sa fille. Une gamine, une gosse, une môme. Comme tous ces gamins aux bouches béantes et aux soupirs inexistants qui commençaient déjà à gratter les murs de leurs ongles noircis. Les gémissements allaient en s'accentuant, ou peut-être n'était-ce finalement qu'dans sa tête. Peut-être que tout n'était que mascarade et canular. Les prunelles de Liam se portèrent sur les mèches blondes, et le petit nœud rose qui les ornait. Il sentit son estomac se soulever mais, bravement, serra ses lippes malades. Sagement, il imita Thalia, rangea son revolver au profit d'un couteau. « Il doit certainement y en avoir d'autres ailleurs, remarqua l'ancien réalisateur avant de marquer une pause, tu me prendrais pour un gros connard si j'te demandais de passer devant ? » il souligna sa demande d'un sourire en coin, trop préoccupé pour rire franchement. La perspective d'enfoncer cette lame dans l'crâne de gamins ne l'enchantait guère – mais ils ne pouvaient décemment pas faire demi-tour, les ressources que l'on retrouvait habituellement dans une école pouvaient être bien plus utiles au camp que tout c'qu'ils pourraient retrouver ailleurs. D'un signe de menton, Liam fit signe à sa vis-à-vis de tourner la poignée. Un petit clic retentit, aussi faiblard qu'un battement d'aile d'un papillon, et le battant boisé pivota dans ses gonds.

Tout ne fut plus que massacre et désolation. Une tornade faite de chair, de sang et d'os. Ce que Liam supportait le moins, c'était le bruit qui passait les lèvres décharnées des rôdeurs – peu importait leur âge, ou s'ils étaient ou non en état de décomposition avancée. Il y avait quelque chose de guttural, d’obscène presque, dans ces sons qui se répercutaient contre les parois de ces murs délabrés. L'odeur était pestilentielle mais les récupérateurs n'en avaient cure ; leur objectif était de survivre, un but qui s'alliait à tant d'autres. On pensait que leur combat se passait ailleurs, dans les cuisines ou les pharmacies, et que les rôdeurs n'étaient pas toujours ceux dont ils devaient se méfier. Mais les récupérateurs, contrairement aux nettoyeurs, poussaient leurs limites toujours plus loin, parfois en dehors de la ville à laquelle leur camp appartenait. Il y avait comme une notion de suicide dans tout ce qu'ils accomplissaient. Et tout ce à quoi Liam pensait, c'était que malgré tout, malgré ses regrets et les battements frénétiques de son cœur, cela ne l'empêchait pas de se détourner rapidement des corps qu'il abandonnait derrière lui. La peur le prenait pourtant à la gorge, et le faisait se sentir à la fois coupable et impuissant – coupable, parce qu'il anéantissait la seconde vie de ces gosses. Impuissant parce qu'il s'agissait effectivement de leur seconde vie. Une existence fait de claquements de dents répétés et de gargouillis écoeurants.

Lorsque le dernier marmot tomba sur le sol, le crâne défoncé par les coups de couteau, Liam posa ses mains sur ses cuisses et se pencha légèrement en avant, peinant à reprendre son souffle. Il se tourna vers Thalia, la considéra de haut en bas « Tout va bien pour toi ? » une demande qui se voulait vraisemblablement de circonstance après l'éradication d'une dizaine de petits rôdeurs en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. Liam se redressa et essuya la lame de son couteau sur son pantalon noir déjà crasseux et recouvert de substances non-identifiables. « J'avais une fille. Elle est morte y a quelques années, elle était pas bien grande quand sa maladie a été déclarée et elle est partie peu d'temps après... » expliqua Liam, sans savoir pour quelles raisons ces mots passaient ses lèvres – lui ne parlait jamais de sa petite gosse, emportée par la leucémie à un moment où le monde tournait encore rond « je crois que je suis content qu'elle n'ait pas à connaître tout ça. » révéla-t-il, en comprenant maintenant pourquoi il était plus facile de se confier à des inconnus plus qu'à des proches. Il ne demandait pas de paroles charitables et il était assez bien placé, ou suffisamment observateur, pour voir que Thalia n'était pas de ce genre-là. Il voulait tout simplement qu'elle sache.

Passant d'une pièce à une autre, Liam prit les devants et poussa la porte afin d'en vérifier les quatre coins – victorieux face à cette absence de vie, il brandit son pouce dans les airs. Confiant – trop confiant peut-être – le jeune homme abaissa sa garde et la pointe de son couteau fut dirigée vers le sol alors qu'il s'infiltrait dans la pièce. Ce fut sans compter sur le rôdeur qui, étrangement silencieux quelques secondes plus tôt, sortit de l'ombre projetée par la bibliothèque chancelante. Tendant ses bras en avant en l'apercevant, Liam chercha à repousser le rôdeur lorsque ce dernier le toucha de ses doigts pourris et le fit chanceler. Liam tomba en arrière, son dos heurtant le sol en un bruit qui lui tambourina les oreilles. « Tha- » lia, commença-t-il seulement à gueuler alors qu'il cherchait à repousser les mâchoires qui inexorablement se rapprochaient de sa propre trombine.
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Thalia Davenport
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MessageSujet: Re: (liam) ▬ be who you are, not who you were.    (liam) ▬ be who you are, not who you were.  EmptySam 18 Mar - 19:44



be who you are, not who you were


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Mes doigts se crispaient autour de la poignée tandis que la porte ne cessait de trembler contre ma hanche.    Les images des petits corps décharnés qui avaient surgi devant mes yeux quelques instants plus tôt étaient comme imprimées en négatif dans mon esprit. Je pris une profonde inspiration, m’extrayant mentalement du monde extérieur. Je tenais en équilibre précaire sur un fil de soie, luttant pour ne pas me laisser happer par les travers mélancoliques de mon côté sensible, celui qui ne pouvait s’empêcher de voir les reliques d’une humanité pourtant révolue derrière les carcasses pourries de ces petits anges de l’apocalypse. Il y avait aussi la lassitude de poursuivre ce combat aussi cynique qu’absurde qui venait se mêler à la peur, au dégoût, au malaise qui me retournait l’estomac. Il fallait que je tranche, que je fasse taire tout affect, que je bascule vers le pragmatisme absolu. Il s’agissait de laisser mon instinct de survie prendre les commandes et utiliser, guider, canaliser la rage violente et obscure qui sommeillait en moi, celle que j’avais tant de difficultés à regarder en face sous sa forme la plue pure, nue, non enrobée par un prétexte ni incarnée par un vecteur.

La voix de Liam me fit sortir de mes songes, il me demandait d’ouvrir le bal la première. Je ne savais guère ce qui se cachait derrière cette requête, notamment derrière sa volonté de l’exprimer alors qu’il paraissait tout naturel que je lance les hostilités compte tenu de ma position. Cet homme n’était de toute évidence pas un lâche, si tel était le cas il serait probablement de l’autre coté des murs de Lafayette en train de siroter une verveine à l’heure qu’il était. Nous étions de ceux qui osaient braver ce monde hostile et fouler cette terre maudite. Nous étions des survivants, nous étions des guerriers. Nous avions su apprivoiser la peur, cette compagne de chaque instant qui s’était installée aux premières loges dans notre esprit pour ne plus nous quitter, Elle avait hanté nos songes, nos nuits. Elle avait joué avec notre santé psychique, elle nous avait propulsés au bord du précipice. Nous avions refusé de nous laisser entraver par ses tentacules, de nous laisser enliser dans ses sables mouvants. Nous avions fini par faire d'elle notre meilleure ennemie. Nous avions réussi à survivre malgré elle, à survivre grâce à elle. Néanmoins, aucun guerrier n'est infaillible. Nous avions tous nos talons d’Achille. Je préférais que Liam partage son malaise en amont plutôt qu’il ne se paralyse devant un rôdeur en plein combat.  Je lui rendis son sourire en coin en haussant les sourcils, optant pour la carte de l’humour noir. « Tu rigoles, je déteste être la dernière arrivée quand je suis invitée à un goûter d’anniversaire. »

L’heure avait sonné. Je fermai les yeux un instant et fis le vide dans mes pensées, laissant une vague de  colère, de rage et de violence monter en moi. J’ouvris la porte d’un geste sec et empalai le crâne du premier rôdeur qui avait littéralement fondu sur mon couteau. Je donnai ensuite un violent coup de pied dans les rangs grognants et resserrés de cette troupe d’enfants de l’apocalypse afin de nous laisser le temps et l’espace de nous positionner. Nous nous lançâmes ensuite dans cette chorégraphie morbide dont nous connaissions trop bien les pas, faisant glisser nos lames dans les tissus putréfiées et sentant les os craquer sous nos semelles. L’effervescence du massacre fit brusquement place au silence et au vide. Le souffle court et l’esprit sidéré, je m’adossai au mur et laissai ma tête basculer en arrière. Avec le calme revinrent les songes, les doutes, les émotions. Mon regard s’égara quelques instants sur la dizaine de cadavres qui jonchaient le sol maculé de sang, de bile et de viscères. Quelle vanité. Liam s’enquit alors de mon état, je me contentai de hocher la tête tout en me débarrassant du morceau de péritoine qui s’était accroché à ma veste. J’allai lui retourner la question lorsqu’il me parla de sa défunte fille, vraisemblablement emportée par une maladie. « Merde Liam… » J’avais pris cette confession inattendue comme une violente gifle en plein visage. Je comprenais mieux son attitude face aux enfants rôdeurs et regrettais amèrement ma blague sur les goûters d’anniversaires. Je ne savais absolument pas comment réagir, c’était une histoire abominable de plus qui me mettait en colère contre l’univers et sa cruauté aveugle. Liam vivait probablement dans les ténèbres bien avant qu’elles ne se répandent sur le monde. Je replaçai correctement mon sac à dos sur mes épaules. « Je suppose que le destin n’a pas attendu l’apocalypse pour se comporter comme un véritable connard. »

Nous poursuivîmes notre exploration. J’étais occupée à vider un placard lorsque j’entendis un bruit sourd derrière moi. Je me retournai immédiatement et vis mon comparse récupérateur en bien mauvaise posture. J’accourus à sa hauteur et tentai de faire basculer le rôdeur qui semblait bien décidé à faire de Liam son quatre heures en le saisissant par les épaules, en vain. Ce dernier devait peser deux fois mon poids et je parvenais à peine à empêcher sa mâchoire claquante d’atteindre le visage de mon compagnon d’infortune. Je me mis à califourchon sur le colosse affamé, attrapai violemment ses cheveux poisseux et tirai son crâne vers moi tandis que ma lame vint se planter dans sa tempe. Il nous fallut d’intenses efforts conjoints pour dégager Liam de la masse inerte et fétide qui était venue s’étaler sur lui. Une fois que ce fut le cas, je me mis debout et lui tendis la main afin de l’aider à se relever. « Tu vas bien ? » Je dissimulai une légère grimace. Une douleur lancinante s’était réveillée dans mon biceps encore convalescent. Quelques gouttes de sueur étaient venues perler sur mon front et je parvenais difficilement à reprendre mon souffle. J’avais perdu énormément de sang suite à la plaie par balle qui avait failli me coûter la vie et je goûtais depuis aux joies de l’anémie, notamment à la tachycardie et à la dyspnée d’effort. Il était difficile de remonter la pente lorsque les seuls morceaux de viande rouge qui croisaient mon chemin étaient ceux que je dévorais dans mes rêves. Je tentais de m’extraire de ma torpeur lorsqu’un bruit sec de claquement de porte me fit sursauter. Je me retournai brusquement et scrutai les alentours avant de me retourner vers Liam et de chuchoter. « T’as entendu ? » Je troquai mon couteau contre mon Glock 19 et reculai instinctivement vers le mur afin de me dissimuler à la vue d’un éventuel intrus. Je tendais l’oreille, les sens aux aguets. Rien ne semblait venir troubler le silence environnant. Peut-être étais-je désormais en proie aux hallucinations. Je balançai la tête et baissai mon arme. Je me doutais bien que ce foutu monde en vrac finirait par avoir raison de ma santé mentale.



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