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 swallow the silence, choke on the words (romane)

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MessageSujet: swallow the silence, choke on the words (romane)   swallow the silence, choke on the words (romane) EmptyVen 3 Mar - 16:53

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La nuit avait déposé son voile d’ébène sur le camp de Lafayette, drainant le ciel de ses teintes mordorées. Malgré l’extinction des feux, le brouhaha d’une vie cessant de grouiller l’espace d’une nuit, on pouvait toujours entendre le bruit des gardes réalisant leur ronde. On pouvait entendre les souffles courts de ceux n’ayant rien à se reprocher et qui pourtant redoutaient la remise des comptes. Le faciès camouflé par la capuche de son gilet et le bandana noir couvrant la moitié de son visage, le jeune Benoist s’avançait dans la nuit comme un voleur traversant la vie. Sans un bruit, longeant les murs avec soin, c’était le souffle court qu’il pressait ses os dans les interstices usées de cachettes trop étroites pour lui depuis des années. Le dos vouté, dans le fond des poches des craies qu’il avait échangé sur le marché, il regrettait le temps des bombes de peinture. Il regrettait ses ballades en skateboard et les heures paresseuses passées à éteindre les horizons chimériques de ses pensées à même le papier à sa portée. Pour seul acolyte un croissant de lune, Leo évoluait dans une nuit au noir d’encre à la frontière d’une illégalité qu’il redoutait autant qu’il vénérait. Gamin paumé dans une révolte sans front, il se contentait de grogner à tout vent.
A l’instar de ces éperdus lui ressemblant tant, le Benoist comptait réaliser sa lutte à coup de pinceaux. Avec un peu de couleur, rien de plus que les contours d’une idée, le rêveur espérait pouvoir faire bouger les choses. Utopiste au cœur trop tendre, lorsqu’il arriva au coin des échanges il étala ses outils. A peine quelques craies, l’ébauche d’un dessin esquissé sur un papier et le fond décrépi d’un pot de peinture. Il n’en fallait pas plus pour que le gamin ne se mette au travail sur ce qui restait de la devanture du supermarché. Conscient de l’urgence de la tâche, des risques qu’il encourait à trainer si tard à l’extérieur de la protection de son foyer, il redoutait l’arrivée de gardes et les problèmes que celle-ci engendrerait. De l’autre côté de la ville, installé dans un lit douillet, son père devait être en train de dormir sans songer aux emmerdes dans lesquelles sont fils était en train de s’embarquer. Personne ne semblait s’inquiéter du jeune Leo. Trop immature, trop impulsif, il n’était rien de plus qu’un gamin un peu trop sanguin qu’une bonne paire de claque suffisait à arrêter dans ses ardeurs. Il n’était qu’un idiot du village, courbant l’échine face à une Milice auquel il s’était frotté de trop près. Si près qu’il en gardait des cicatrices à l’envers de ses paupières, ancrées dans sa chair. Leo n’avait rien d’effrayant. Nettoyeur incompétent que tous semblaient devoir protéger de sa propre maladresse. Il était un Benoist, peut-être un danger, mais il n’était pas un meneur. A peine un suiveur. Il n’était rien de plus que l’éternel oublié, le descendant d’une seconde branche s’essoufflant depuis déjà trop longtemps.
Le cœur battant la chamade, achevant son œuvre d’une phrase qu’il avait lu dans un vieux bouquin il y a des années, le gamin observait l’oiseau qu’il avait dessiné. Dans la pénombre, rien de plus que les rayons opalins d’une lune presque absente, il peinait à juger de l’esquisse ayant éclaboussée le mur. Fourrant ses feuilles dans son sac, récupérant un vieux chiffon il s’essuya les mains pour effacer tout signe d’insubordination. Malgré le nettoyage méticuleux de ses poings, il ne pouvait arracher à sa chair une révolte ne demandant qu’à éclater en son buste. Il avait des envies de rébellions plein la bouche, une rage qu’il ne savait contenir débordant de son regard si souvent perdu. Il avait l’ersatz d’un cri coincé au plus profond de sa gorge. Un mugissement à lui en déchirer les cordes vocales s’il ne faisait pas attention à celui-ci. S’enfonçant à nouveau dans les ténèbres dont il était le petit prince oublié, il espérait arriver à rejoindre sa chambre avant que la moitié de la nuit ne se soit déjà évaporée. Par le passé, il s’était retrouvé bloqué derrière une porte pendant ce qui lui avait paru des heures, un garde paresseux refusant de reprendre son tour réglementaire. Le jeune homme avait peu dormi cette nuit-là, l’adrénaline et la peur l’ayant empêché de fermer l’œil une fois qu’il avait rejoint le confort et la sécurité de ses draps.
Un pot vide de peinture dans le fond de son sac, les craies usées qu’il venait d’utiliser au fin fond de ses poches, il s’apprêtait à quitter le vieux supermarché et réaliser le détour qu’il se forçait à prendre pour éviter toute activité humaine. Cependant, c’est sous l’effet de la surprise que Leo tituba en arrière, se cachant derrière un étal renversé, alors que le son cristallin d’un éclat de rire perçant l’éther le bouscula en dedans. Le son était bien trop familier au Benoist pour qu’il ne s’interroge pas sur sa provenance. Depuis longtemps dévoré par des questions sans réponses, c’était à la frontière de l’obscurité et de la lumière qu’il se pencha. Petit prince indolent, celui-ci n’arriva pas à capturer une seconde fois le bruit intemporel l’ayant pourtant troublé quelques instants plus tôt. Les yeux résolument posés vers la direction d’où venait ce rire, il attendait de la voir apparaître autant avec ses yeux qu’avec ses oreilles. Pourtant, la rue restait désespérément vide et personne n’était avec lui dans le supermarché. Tout était douloureusement silencieux. Il aurait dû se douter de l’idiotie de son geste. S’il n’avait été si impudent, défoncé à l’ivresse de soirées passées à s’en sortir sans une égratignure, peut-être aurait-il pensé à la présence d’une seconde personne. Certainement se serait-il interrogé sur l’individu accompagnant la rieuse et quel était son statut pour qu’ils puissent se balader ainsi à la nuit tombée. Au lieu de quoi, les mains s’agrippant à son gilet n’eurent aucun mal à le plaquer contre le mur le plus proche avant de lui arracher sa capuche. En son torse, Leo pouvait sentir la débandade et son chaos régner en maîtres alors qu’il tentait tant bien que mal de se débattre. Le jeune homme n’avait rien d’un combattant et dû douloureusement se résoudre à son sort alors que le milicien lui arrachait son bandana. La première question de routine figea immédiatement le sang du brun. Qu’est-ce qu’il faisait là ? Si le milicien avait le malheur de se tourner dans la mauvaise direction il le saurait parfaitement bien. « Je me rendais chez une fille. » Pourquoi donc ne pas le faire à la lueur du jour ? Pourquoi risquer une punition pour les cuisses d’une fille ? « Elle a un frère qui ne m’aime pas vraiment. » Mentant comme un arracheur de dents, lorsque la silhouette d’une seconde personne s’étira à même le sol, son cœur manqua un battement alors qu’en son crâne un seul nom résonnait. Romane, Romane, Romane, Romane. Mais qu’est-ce qu’elle foutait là ?
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MessageSujet: Re: swallow the silence, choke on the words (romane)   swallow the silence, choke on the words (romane) EmptySam 4 Mar - 9:08

La danse des corps sonne son épilogue. Les cœurs battent l'effort et les yeux se jaugent. Sur le ventre, Romane sourit à l'homme allongé près d'elle et passe une main lascive sur son torse. C'était dur, avant. Dur de faire semblant d'aimer. Maintenant, ça lui paraît presque naturel. Trop naturel. La résignation la gagne, morceau par morceau, soir après soir. Il y a en elle quelque chose qui grandit et prospère, cette boule qui suinte le mal-être et le dégoût. Elle se dégoûte. De faire ça, de se le faire lui. Mais c'est pour les bonnes raisons. Et ces raisons dépassent son simple bonheur. Ou même sa vie. Il n'y a plus de vie, de toutes façons. Les morts ont pillé, et les vivants ont terminé les restes. Ne subsiste que la survie.

« Harry ? »

Les pupilles closes, le susnommé laisse échappé un mh interrogatif. Il s'appelle Harrison. Il est milicien. Il n'est pas exactement gentil, mais c'est un gentil méchant. Il ne lui a jamais manqué de respect, et les conversations ont le mérite d'aller plus loin que tu aimes ça, hein. En d'autres circonstances, ils se seraient peut-être appréciés pour de vrai. Ou plutôt Romane. Lui l'apprécie, pour sûr.

« C'est l'heure. »

Sa voix est douce, quasi-mélodieuse. Elle l'embrasse au coin de la bouche et s'assoit sur le bord du lit pour se rhabiller. Il ne proteste pas.  Ce n'est pas faute de lui avoir proposé de rester, à de multiples reprises.  Romane décline à chaque fois, poliment, avec plus ou moins de tendresse pour compenser la frustration. Il y a derrière ce refus systématique un tas de raisons, dont la principale est l'attachement. Ces hommes, ces femmes, elle ne veut pas s'en faire des amis. Ça serait s'impliquer et se compromettre émotionnellement. Elle ne peut pas se le permettre. Elle pourrait. C'est ce qui se passerait si elle restait à chaque fois plus que le temps de l'acte passé. Romane s'attache si facilement, si naturellement aux gens. Mais ça ne ferait que rendre les choses plus compliquées qu'elles ne le sont déjà.

La voila donc, dans cette ruelle, au côté de son amant, à rire, à se pavaner à son bras dans la solitude de la nuit. Il n'y a aucun danger, le soir. Ou pas de danger visible. S'il la raccompagne, c'est avant tout pour l'immuniser contre le couvre-feu, pour lui servir d'alibi ou lui fabriquer une excuse. Sans doute pour profiter encore un peu de sa présence, aussi. Romane et son rire, Romane et sa joie, Romane qui fait oublier à quel point dehors, c'est pourri.

Une main stoppe son avancée. Elle observe Harrison lui signifier chut d'un doigt sur les lèvres. Et Romane se fige, elle qui n'a pourtant rien remarqué d'étrange dans son amie la pénombre.

« -Reste là, je vais voir ce que c'est.
-D'accord. » 

Il chuchote et elle acquiesce. La française reste plantée comme un piquet alors que la silhouette du milicien disparaît vivement dans les abysses de la nuit. Il y a un fracas, et des froissements de vêtements. Elle ne veut pas les entendre. Elle a assez donné pour aujourd'hui. Quoi qu'il se passe, Harrison la mettra au courant juste après.
Et pourtant, quand les voix s'élèvent dans les voûtes de l'obscurité, le cœur de Romane manque de s'arrêter. Non. Non, non, non, non, non. Ses jambes la conduisent prestement face aux deux hommes. La toile d'horreur qui se tissait peu à peu dans son esprit finit par se concrétiser. Leo, encastré dans un mur, Harrison, l'avant-bras sous sa gorge. Ça lui fait mal, là, à l'intérieur, contre les côtes, à Romane. Ses yeux tombent dans ceux de son cousin. Malgré la pénombre, elle lit le désarroi. Ou ce qu'elle croit en être. Son cœur se soulève en des vagues nauséeuses. Mais elle n'en laisse rien paraître. Elle doit réfléchir vite. Réagir vite.
Entre se griller auprès de Leo ou le laisser finir au trou ou tabassé, le choix est fait. Elle redoute sa réaction. Qu'est-ce qu'il pourra bien penser d'elle après ça ? Qu'est-ce qu'il fera avec cette information ? Si les parents de Romane l'apprennent, il risquerait fort d'y avoir plus qu'un passage à tabac. Dans le monde d'avant, elle aurait confié le petit Jésus à Leo les yeux fermés. Mais les circonstances sont différentes, aujourd'hui. Tout est différent. Tant pis. Elle ne supporterait pas de le laisser aux griffes de la milice. Pas après tout ce qu'il a déjà vécu. Ou tout ce qu'il continue à vivre. Lui, là-bas, dehors, forcé. La vision lui tord les intestins.

Un sourire artificiel se compose sur son faciès. Elle approche le milicien, passe un bras autour de sa taille alors que l'autre agrippe son avant-bras, l'air d'intimer lâche-le. Ses lèvres se rapprochent de l'oreille.

« -Laisse-le partir, Harry, il n'en vaut pas la peine. Sa voix est langoureuse.
-Je vais surtout le laisser au trou, oui ! Et puis d'abord c'est qui, celui-là ? » 

La jalousie pointe. Elle hésite à mentir, et puis finalement elle décide que c'est trop risqué. Harrison pourrait les croiser tous les deux n'importe où et n'importe quand. Se renseigner demain, même. C'en serait alors terminé de leur petit arrangement. Les lèvres de Romane se posent dans le cou mal rasé, remonte jusqu'à la mâchoire.

« -C'est mon cousin. Un crétin, mais mon cousin quand même. Il voulait seulement un peu de tendresse... Comme toi, comme moi... »

Harrison va céder. Harrison est un gentil méchant...
... Tant que Leo ne fait rien de stupide. 
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MessageSujet: Re: swallow the silence, choke on the words (romane)   swallow the silence, choke on the words (romane) EmptyLun 6 Mar - 0:08

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Les ténèbres n’avaient plus rien des ombres rassurantes dans lequel le français pouvait se baigner. L’obscurité n’était plus qu’une masse informe d’ébène ne demandant qu’à l’avaler alors que la lune au-dessus de sa tête ne pouvait l’arracher à cette lutte. Pris par la surprise sous le coup d’un mouvement trop brusque, il ne put pas même se préparer à l’impact que l’air quittait déjà ses poumons. Ses canines se plantèrent dans la chair tendre de sa langue alors qu’il s’étouffait sur un juron francophone caustique. Plaqué contre un mur, ses prunelles inquiètes dévisageant l’homme l’ayant violement immobilisé, le Benoist ne savait que faire. Après quelques secondes, il reprit contenance. Pourtant, Leo avait beau se débattre comme un beau diable, il n’était pas de taille face au milicien l’ayant plaqué contre un mur. Il ne faisait pas le poids contre la poigne assurée de l’homme lui écrasant la trachée en grognant comme un chien de garde.  Le brun devait se rendre à l’évidence, il n’avait pas l’étoffe de ces hommes aux phalanges usées et aux crocs bien trop acérés que pour s’étirer en l’ersatz d’un sourire. Il était bien trop tendre le gamin, l’intérieur de ses bronches emplies de nuages alors qu’il portait le ciel à l’envers de ses paupières. Il était trop tendre le gamin, bien trop tendre que pour rendre les coups et ne pas frémir sous les mots crachés par l’homme. Il avait des rêves plein les doigts, l’envers de sa chair tâché par l’onirisme de ses songes alors que l’air se faisait de plus en plus rare malgré ses inspirations urgentes. Le Benoist avait à peine placé quelques mots, juste de quoi défendre les apparences et pourtant il était déjà perdu d’avance. A défaut de pouvoir protéger sa personne, il espérait pouvoir protéger les siens. Protéger ce statut quo dans lequel les français avançaient au sein du camp. Leo n’avait jamais rien eu d’un fouteur de trouble, même si ses derniers agissements témoignaient du contraire.
Il l’imagina plus qu’il ne la vit au départ. La silhouette longiligne, le port altier. Il aurait pu deviner sa cousine rien qu’à l’ombre de son sourire, le passé du garçon entrelacé avec celui de sa famille élargie. Sa respiration sifflante, ses mains tentant de se défaire de la prise trop ferme de l’homme, le Benoist était déchiré entre le soulagement et la crainte. Il peinait à comprendre ce que Romane faisait là, pourquoi elle risquerait ainsi ses ailes à narguer les autorités au cœur de la nuit. Peut-être comme tant de fois, Leo ne comprenait que bien peu ce qui était en train de se produire sous ses yeux. Ses ongles plantés dans l’avant-bras de celui qu’il apprendra être Harry, le changement fut instantané. L’attitude de la jeune femme n’avait plus rien de celle de cette vieille amie s’amusant de ses premiers émois. Un instant il voyait Romane dans toute son ingénuité, riant aux éclats ses bras enroulés autour d’une femme à la tenue militaire. L’instant d’après il ne reconnaissait plus la vipère s’enroulant lascivement autour du milicien. Le brun imaginait plus la parenté de ces deux femmes qu’il ne pouvait la reconnaître.
Malgré lui, les mots le blessent. De ses prunelles aux embruns sur le point de déborder, il contemplait la jeune femme le visage défait. Plus rien n’était pareil depuis la chute du monde. Les morts s’étaient relevés, les hommes se déchiraient. Leo et Romane peinaient à s’entendre. Le monde s’était décroché de son axe, tournant à un rythme effréné sans que personne n’en comprenne le sens nouveau. Le Benoist ne comprenait pas. En tout cas, il n’admettait pas que le nouvel ordre du monde puisse l’avoir éloigné de sa cousine. Il n’admettait pas que celle-ci puisse susurrer ses mots d’un ton détaché comme si elle ne le voyait pas s’étouffer sur leur signification. Contrairement à l’ordre qu’elle venait d’intimer, Harry resserra l’étau que formait son avant-bras sur la gorge de Leo. Sentant certainement la tension dans l’air, Romane ouvrit à nouveau la bouche, troublant un peu plus son cousin. Le dégoût se mit à suinter des prunelles du gamin. Celui-ci forcé d’observer la promiscuité maladive des deux, lui faisant face.
Pantin peinant à se défaire de ses fils, le milicien hésita à un instant, se perdant dans la contemplation de la Benoist et du reflet tordu de cette dernière. Ne reste aux lèvres que le fantôme de ces mots qu’il aurait prononcé en d’autres circonstances. Ces mots au goût rance et à la violence incontrôlable. Leo avait à conscience que, à défaut de les dires, Romane imaginait sans mal tout ce qui lui passait par la tête alors qu’il l’observait de ses prunelles trop grandes pour son âge. Trop douces pour la réalité de ce monde. Il savait creuser le fossé les séparant, sans un mot, sans un bruit. Rien de plus qu’une inspiration douloureuse alors que le bras lui pressant la trachée se volatilisait et qu’il avalait une goulée d’air frais. « Je ne te ressemble en rien ! » Les mots le piquèrent, les mots le brûlèrent. Le mépris et le dégoût dégoulinant de ces mots le rongeant de l’intérieur. Il pouvait sentir la chair à vif abandonnée par le sillon que ses propos avaient creusés à mêmes sa trachée. Il sentait les cicatrices que leur tranchant avait abandonné à même l’étoffe de sa jeunesse. C’était Romane qu’il visait, pourtant il était celui peinant à assumer le coup. Le Benoist comprenant avec beaucoup de retard la douleur que chacun ressent à voir ses idoles se fracasser à la base de leur piédestal.
L’océan de ses prunelles, étonnamment céruléennes pour un membre de leur famille, débordait dans les iris de la jeune femme. Tant et si bien qu’il ne vit pas le coup venir, une fois encore. Fauché par la violence du geste, son crâne rencontrant le mur en son dos, la douleur l’étourdis un instant sans qu’il ne comprenne ce qu’Harry lui crachait pourtant au visage. Sans qu’il ne comprenne les plaintes de Romane ou même ce qu’il avait fait de mal. Passant une main hésitante à l’endroit de l’impact, là où la chair commençait déjà à se boursouffler, il n’essaya même pas de retenir l’éclat de rire méprisant quittant ses lèvres. « J’avais oublié, pas de français en public. » Ses lippes fendues par l’arrogance éclaboussant ses traits, il avait l’air si jeune dans sa manière d’être, dans cette révolte puérile et inconsidérée. Leo ressemblait terriblement à un enfant blessé refusant d’être le seul à souffrir. Il s’était brûlé les doigts et regardait les flammes embraser ses relations avec Romane.
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MessageSujet: Re: swallow the silence, choke on the words (romane)   swallow the silence, choke on the words (romane) EmptyMer 8 Mar - 9:21

Je ne te ressemble en rien. La phrase résonne contre les parois de son esprit blessé. Chaque mot est une épine, une lame de métal froid qui plonge dans son cœur meurtri. Son visage simule pourtant l'indifférence, cette éternelle lascivité impertinente. Si elle veut les sortir de cette impasse, elle a besoin de tout le sang-froid qu'elle peut puiser dans les racines de son être. Elle aura bien le temps de pleurer, de crier, de se dégoûter plus tard. Quand Leo sera en sécurité. Quand Leo sera toujours à la maison pour lui cracher au visage. Et pourtant, pourtant, elle ne peut s'empêcher de ressasser la haine et le mépris qui suintent du visage de son cousin. Si bien que le coude libre d'Harry a le temps de partir s'enfoncer dans le nez de Leo sans qu'elle n'y ait son mot à dire. Le fracas contre la brique la ramène à la réalité.

« -Qu'est-ce qui t'as pris ?! C'est qu'un gamin bon sang !
-Il a qu'à apprendre où est sa place ! Je sais pas ce qu'il a dit, mais ça avait l'air insultant. Hein ?! Qu'est-ce que t'as dit petit merdeux ? En anglais cette fois.
-Harry... S'il-te-plaît... Regarde-moi. Regarde-moi. Calme-toi, d'accord ?  »

Romane attrape la mâchoire du milicien pour la faire pivoter dans sa direction. Les yeux se rencontrent et se jaugent. Les muscles  commencent à se décrisper. La française lui signe son plus beau sourire. Elle sait qu'il va lâcher, qu'il va céder. Harry cède toujours. Mais c'était sans compter sur la nouvelle intervention de Leo, sur l'arrogance de son sourire et l'aigreur de ses mots. Avant qu'Harrison ne songe à retourner battre son cousin, Romane agrippe plus fermement sa mâchoire.

« Non. Ne le laisse pas t'affecter. C'est ce qu'il veut : te voir perdre le contrôle. Regarde-le, c'est une épave. Tout ce qu'il attend, c'est que tu le cognes pour se sentir vivant. Ne le laisse pas gâcher la fin de notre soirée... »

Ses lippes se posent sur les siennes. Du coin de l’œil, elle jette un regard froid à Leo. Un regard qui implore. Un regard intimant qu'il ferait mieux de se la fermer. Et son cœur bat. Vite, fort. Il frappe contre les voûtes de sa cage thoracique et cherche à s'en extirper. Romane a peur. Peur que Leo continue d'asperger le feu d'huile. Peur qu'Harry le frappe encore en représailles. Tout serait tellement plus simple si le petit animal acculé se laissait sauver.

« -Laisse-le partir, Harry... Laisse-le gâcher sa vie tout seul. Ne lui donne pas ce plaisir. Ne lui donne pas raison. Elle souffle contre les lèvres.
-Tsss. T'as de la chance qu'elle soit là, sale morveux. »

Harrison peste mais finit par lâcher sa prise d'un seul coup, sans jamais détourner son attention de Romane. L'étau qui emprisonnait le cœur de la française se desserre lui aussi. Un vif soulagement anime chaque parcelle de son corps. Son sourire s'élargit dans un nouveau baiser. La chaleur des chairs en contact a toujours su apaiser Harry. Ou le détourner de la violence, à défaut. Tant qu'on ne le provoque pas, tant que Leo ne choisit pas l'option suicide, tout ira bien. Parce que Romane le veut bien. Parce que Romane s'en donne les moyens. Leur en donne à tous les deux. Un moyen de s'en sortir. Une échappatoire à ce tunnel de malheurs. Il suffit d'être intelligent, de reporter les batailles qui ne peuvent être gagnées. Au lendemain. Au surlendemain. Quand n'est pas important. Il n'y a que le résultat final qui l'est.

« -Je vais vous reconduire, histoire qu'on vous tombe pas dessus.
-Merci... Tu es un ange. »  

Un ange qui vient de tabasser Leo. Un ange qui souille son corps un peu plus chaque nuit. Plus les mots lui échappent, plus Romane se sent sale.
Elle se détache d'Harry et se rapproche de son cousin, les bras croisés sur sa poitrine et le visage empli d'une dose considérable de mépris. Elle crache à ses pieds. Il faut que ça fasse assez vrai pour que ça n'éveille pas les soupçons du milicien.

« On ne peut pas en dire autant de toi... Leo, écoute-moi. Laisse-le nous ramener. Je sais que tu n'as pas envie de m'entendre... Je sais que tu es en colère. Mais ça n'en vaut pas la peine. Fais-moi confiance, je t'en supplie. »

Sa voix maintient un dédain et une insolence constants. On dirait qu'elle l'insulte, mais c'est uniquement pour qu'Harrison ne tique pas à l'usage du français. Tout ce qu'elle a envie, c'est que Leo s'en sorte. Qu'ils s'en sortent. Et elle prie pour que son cousin n'aggrave pas son cas, qu'il ne s'enfonce pas davantage dans les travers de la fureur. Elle n'est pas croyante, mais elle prie. Elle prie tous les panthéons qui existent sur cette foutue planète.  
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MessageSujet: Re: swallow the silence, choke on the words (romane)   swallow the silence, choke on the words (romane) EmptyLun 13 Mar - 23:46

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Il y avait quelque chose de profondément déchirant à mépriser quelqu’un qu’on ne pouvait qu’aimer. Leo pouvait sans mal imaginer les fragments de son enfance étroitement entremêlés avec la jeunesse de son ainée. Il pouvait sans mal se remémorer cette admiration maladive qu’il éprouvait à l’imaginer de l’autre côté du monde, chassant des rêves qu’il peinait à imaginer. Il se souvenait encore de la légèreté de Romane, ses sourires défaits par la beauté du monde et non plus les affres de celui-ci. Restaient gravées à sa mémoire les soirées passées à monter le ton, rire aux éclats sans jamais douter de leur évidence. Maintenant, il avait des éclats plein les doigts, des échardes de souvenir lacérant sa chair sans qu’il n’en comprenne l’amertume. Sa rage avait pris de l’âge, sa jeunesse s’était faite la malle. Le brun se consumait péniblement, trop vieux que pour s’immoler à d’autres vents, trop jeunes que pour se résigner. C’était pourquoi le gamin grognait sans arriver à mordre. C’était la raison pour laquelle il blessait à défaut de pouvoir panser ses blessures. Le francophone n’était rien d’autre qu’un animal blessé, la douleur l’empêchant d’accepter la main tendue en sa direction.
Leo n’avait rien d’un insoumis. Sa fureur manquait de courage, son fiel de la rancune nourrissant l’ire en ses veines. Il était une flamme découverte, ballotée par les vents mauvais d’une réalité qu’il ne pouvait fuir. Le gamin se retrouvait souffler par les bourrasques, son cœur emporté par d’autres sentiments alors qu’il peinait à faire sens de cette colère le prenant parfois. Le jeune homme n’avait rien d’un révolutionnaire. Le cœur trop tendre, les idéaux trop utopistes, il faisait partie des doux rêveurs incapables de rêver la réalité. Perdu entre rêve et cauchemar, il était spectateur d’une histoire qu’il ne pouvait modifier. Tant de personnes avaient cherchées à le protéger. Du monde, des autres. De lui. Surtout de lui-même. Avec ses idées ingénues, sa bonté affolante. Le gamin n’avait de cesse de se tuer à la tâche pour des choses le dépassant, sans même comprendre qu’il s’usait à se frotter de trop près aux gens. Le Benoist avait besoin d’être protégé de lui-même et, sans Romane pour lui servir de compas, il peinait à retrouver sa voie.
La douleur irradiait la base de son crâne alors que son nez laissait un flot léger de carmin lui échapper. Le brun perdit une seconde le fil de ses pensées, affalés à même le sol, ses yeux voilés peinant à discerner la scène se profilant devant ses yeux. Il avait mal. Il savait qu’il avait mal, le problème était de savoir où. Forcé de contempler les tourtereaux se chamailler, il porta une main à la base de son crâne, espérant trouver le trou d’obus par lequel semblait s’échapper ses songes. Quelque chose dégoulinait en lui. A croire qu’une fuite laissait s’évaporer sa jeunesse, cette dernière tâchant le mur en son dos de ses rêves mordorés. Serrant les dents, Leo n’avait pas le cœur de repartir à la lutte, retourner vers la chute. Il avait le cœur qui tressautait dans sa poitrine à écouter les deux, à voir sa cousine cajoler le milicien comme un pauvre gamin dont on aurait heurté les sentiments. Peut-être qu’il les aurait heurtés un peu plus s’il n’avait pas eu si mal, s’il n’était pas si fatigué.
Sur le point d’ouvrir la bouche, le dégoût soulignait ses traits harassés alors que Romane embrassait Harry avec un soin chirurgicale. Quelque chose dans l’acte rendait le garçon nauséeux. Au point qu’il s’apprêtait à ouvrir la bouche une fois encore lorsque le regard de sa cousine le cloua sur place. Le cœur pris dans l’étau glacé d’une horreur tacite, il ravala tant bien que mal ses propos, s’étouffant sur les échardes qu’il tentait tant bien que mal d’enfoncer au plus profond de sa trachée. Son cœur avait arrêté de battre une seconde, peut-être deux. Juste le temps que la brune le lâche du regard. Le temps que le froid en ses prunelles se soit répandu dans ses veines, rongeant ses os. C’était pourtant déjà de trop. Le brun en garderait des engelures au bord des lèvres, à l’envers de ses paupières. Il pouvait encore sentir la morsure de ce froid et cette incompréhension le tétanisant. Qui était la jeune femme lui faisant face ? Qui était-il dans tout cela ?
Les mots de Romane n’étaient rien comparés à son regard. En comparaison à sa droiture feinte et ce mépris dont elle le délavait d’un simple regard. Face aux prunelles dédaigneuses de son ainé, Leo fut obligé de se demander si elle aussi contemplait les landes désertiques de leur ancienne fraternité lorsqu’elle le contemplait ? Est-ce qu’elle aussi s’étranglait sur l’amertume reposant entre eux, souffrant de voir cet silhouette déformée dans le regard de l’autre ? Parce que lui souffrait, peu importait à quel point il cherchait à prétendre le contraire. Dans le fond, Leo n’avait jamais été qu’un gamin apeuré. Un gamin inquiet sans mère pour le bercer et sans personne pour le maintenir assez longtemps dans la réalité. Il dépérissait. Trop longuement éloigné de ses songes il allait finir par faner à force de se déchirer les ailes en rencontrant le bitume.
Ses yeux portant plus de mots qu’il n’aurait pu en prononcer, le gamin se redressa sans aide de la part de Romane ou du singe lui servant de compagnon. Du revers de sa manche, il tâcha d’essuyer le sang commençant à sécher sous son nez. Le gamin en avait marre d’avoir mal. Marre de se faire mal en essayant d’être quelqu’un qu’il n’était pas. Il n’avait rien d’un révolutionnaire plein d’idées trop belles que pour les ignorer. Lui, il vivait dans le présent. Il vivait dans l’absolu. Il savait pas à quoi ressemblait l’avenir, il avait jamais réussi à le rêver réellement. Romane c’était le contraire. Romane elle vivait trop loin, beaucoup trop loin dans le futur pour que son cousin ne sache comment l’atteindre. Elle vivait si loin qu’il avait fini par en oublier ce que ça faisait de véritablement l’avoir à portée de doigt. « T’aurais dû lui laisser l’opportunité de me casser la gueule, ça aurait pas été la première fois. » L’anglais lui lacéra les lèvres alors que le rire d’Harry grinçait douloureusement. Ce dernier se gorgeait d’être du mauvais côté de la ligne et Leo rêvait de lui faire bouffer son sourire suffisant. Il rêvait de lui faire bouffer sa complaisance, lui casser la gueule afin de crucifier toutes ses peurs. Il rêvait de se battre, mais il ne savait pas comment. On ne lui avait jamais appris.
Récupérant son sac tombé par terre, il le sera contre lui-même comme s’il s’agissait d’une bombe à retardement. A sa manière, c’était le cas, le brun cachant ses secrets sous les maigres millimètres de tissu de sa besace. Après un instant, son cœur menaçant de trouer sa cage thoracique s’il continuait à battre de la sorte, il emboita le pas au couple le devançant. « J’imagine que vous irez l’annoncer à mon père ? » La maison n’était plus très loin. La maison. Un endroit qui n’était pas sien et qu’il avait pourtant fini par considérer comme un foyer. Ce soir-là plus que tant d’autres, Leo ressentait pleinement la douloureuse vérité qu’il n’était et ne serait jamais véritablement sur un même pied d’égalité que ses cousins. Il avait son père, ils avaient leurs parents. Il n’avait personne pour le protéger. Jusque-là, Romane s’était chargée de le défendre face à son paternel, cachant les secrets qu’il ne voulait pas voir étalé sur la place publique. Il ne se rendait pas compte, qu’à sa manière, elle n’avait jamais arrêté de le protéger, à tout prix.

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